Pour limiter et diminuer les effets néfastes des transports routiers sur l’environnement, le covoiturage semble être un moyen simple, accessible à tous et ingénieux. Mais qu’en est-il réellement ? Le covoiturage : écolo ou pas écolo ?. Des éléments de réponse en moins de 3 mn avec Delphine Roux.
En France, le transport représente la première cause d’émission de gaz à effet de serre avec près de 30% des émissions totales.
Et la voiture individuelle y participe généreusement avec une contribution importante en termes de pollution.
La nécessité de trouver des alternatives plus respectueuses de l’environnement s'impose alors, avec notamment le développement du covoiturage.
Cependant, la question se pose : est-ce réellement une solution pertinente ?
En 2023, le Plan national covoiturage exposé par le gouvernement français avait pour objectif de constituer un levier essentiel de la transition écologique.
Selon le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires : "Partager plus de trajets en voiture, donc développer le covoiturage, constitue un facteur indispensable à la réussite de la transition écologique en matière de mobilité".
L’objectif de 3 millions de trajets quotidiens à l’horizon 2027 - contre 900 000 aujourd’hui permettrait d’atteindre jusqu’à 4,5 millions de tonnes de CO2 annuels évitées, soit 1% des émissions de GES annuelles de la France
Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires
Cependant, un paramètre essentiel est à considérer : la nature du trajet.
S'agit-il d'un trajet court ou d'un trajet long ?
En effet, les impacts sur l'environnement varient notamment en fonction de la distance parcourue.
Il faut savoir que l'on parle de covoiturage « courte distance » pour les déplacements inférieurs à 80 km et de covoiturage « longue distance » pour ceux supérieurs à 80 km.
Le covoiturage "courte distance" : une solution écologique pertinente
Partager un véhicule sur de courtes distances, pour des trajets « domicile-travail » ou en milieu rural, semble très intéressant, surtout dans les zones où les transports en commun ne circulent pas ou circulent mal.
On note alors un vrai potentiel de réduction d’émission de CO2 : partager un véhicule permet de diviser par deux les émissions de CO2 et surtout de faire de belles économies aussi.
A titre d’exemple :
Un salarié automobiliste qui habite à 30km de son lieu de travail et qui covoiture quotidiennement en alternance avec un voisin ou un collègue économise près de 2 000 € chaque année.
Ministère de la Transition écologique et de la cohésion du territoire
Cependant, il faut savoir que 70% des déplacements domicile-travail sont réalisés avec des véhicules individuels et la part du covoiturage quotidien est estimée à seulement 3 %.
Il y a donc encore beaucoup de chemins à parcourir.
Le covoiturage longue distance : pas si écolo que ça
On peut imaginer que le covoiturage sur de longues distances représente également une véritable alternative écologique, mais en pratique : ce n'est pas le cas.
La raison est simple : ce serait se substituer au train qui reste encore le mode de transport vert n°1.
Cependant, si l'on compare le coût d'un billet de train (associé à des obligations d'horaires) aux tarifs d'un trajet partagé en voiture, on en déduit très vite que le covoiturage offre bien plus d'avantages pratiques et financiers.
Alors évidemment, cette pratique séduit de plus en plus et incite donc à privilégier les trajets en voiture plutôt qu'en train.
Malheureusement, cet engouement annule tous les bénéfices de la pratique au niveau des émissions de CO2 : le train pollue toujours moins que la voiture.
Nous pouvons toutefois modérer le propos en étant logique : il est toujours plus écolo de faire un Paris-Bordeaux ou un Limoges-Marseille entassé à 5 dans une voiture que tout seul.
Mais dans la réalité, ce n'est pas évident pour tout le monde.
Une nouvelle notion à prendre en compte : l'autosolisme.
En effet, sur de courtes ou de longues distances, la tendance demeure l’autosolisme : joli néologisme pour définir un conducteur solitaire dans sa voiture.
Il faut savoir qu’en moyenne, sur autoroute, 8,5 conducteurs sur 10 se déplacent seuls en voiture, le matin à l’heure de pointe.
Selon une étude du gestionnaire d’autoroutes Vinci : le taux d' «autosolisme » culmine à 87% entre 7H00 et 8H30 puis commence à décroître pour atteindre 79% à 10H00.
Cependant, les comportements évoluent, les trajets partagés se multiplient essentiellement sur les courtes distances.
La raison : l’inflation et la hausse du prix du carburant.
Début 2023, l'observatoire national du covoiturage a même annoncé que le covoiturage au quotidien avait battu un record en France au mois de janvier avec 783.721 trajets, soit +17,6% sur un mois et attention : +250% en un an !
En 2024, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion du territoire, ainsi que le Ministère de la Transition énergétique, gardent le cap et covoiturent ensemble dans la recherche d'alternatives efficaces à la diminution des gaz à effet de serre, avec un objectif essentiel : faire prendre le virage du covoiturage à un maximum de concitoyens.
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