À sept semaines des élections régionales, Alain Rousset, président socialiste sortant de la région Nouvelle-Aquitaine, est donné gagnant dans un sondage France3/France Bleu. Au premier tour, l’écart serait très serré avec la candidate du Rassemblement national. Les écologistes loin derrière.
C’est une première photographie qui pourrait bien signifier le début de la mobilisation pour les candidats.
À 70 ans, celui qui brigue un cinquième mandat et qui doit se battre contre ce que ses adversaires appellent l’usure du pouvoir, apparaît donc comme le favori dans un sondage Ipsos / SopraSteria réalisé pour France 3 et France Bleu fin avril, début mai.
Alain Rousset est crédité de 25 % des intentions de vote au premier tour, 37 % au second tour des élections régionales qui se tiendront les 20 et 27 juin prochains.
De quoi lui donner de l'espoir. Pourtant, le doyen des présidents de région affiche une mine plutôt grave, car il sait que son adversaire principal, qui a pour nom l’abstention, pourrait lui causer beaucoup de tort.
Je dois être au même niveau qu’il y a cinq ou six ans au début de la campagne. Le contexte a complètement changé, le problème numéro 1 est de lutter contre l’abstention, j’attends les campagnes de communication du gouvernement.
Ce qui est frappant analyse le politologue Jean Petaux, c’est qu’Alain Rousset est connu de plus des deux tiers de l’électorat et qu’il a 48 % de bonnes opinions. En clair, à la lecture de ce premier sondage, la prime au sortant joue.
" Il a fait le job, s’est démené depuis 2016 dans les deux régions qui étaient pour lui des terres de découvertes le Poitou-Charentes et le Limousin où il a multiplié les déplacements, les politiques publiques et les actions à fort impact, pourtant cela ne signifie pas que c’est gagné d’avance. Les jeux sont au contraire très ouverts. "
"L'enthousiasme" du Rassemblement National
Au premier tour du scrutin, le président socialiste sortant serait talonné par la candidate du parti de Marine Le Pen. Edwige Diaz, qui recueillerait 24 % des intentions de vote, accueille cette enquête avec "beaucoup d’enthousiasme". À 33 ans, celle qui est conseillère municipale à Saint-Savin, en Haute Gironde, conseillère régionale et secrétaire départementale girondine du RN est formelle.
Ce sondage n’est que le reflet de ce que je ressens sur le terrain.
"Je constate que nous sommes les seuls en progression et au coude à coude avec Alain Rousset, président de la région depuis 23 ans."
Une importance relative pour Jean Petaux : " On voit que le RN ne baisse pas, se maintient, et en même temps, ses scores sont bien plus bas en Nouvelle-Aquitaine que les scores de Marion Maréchal aux régionales en 2015 en région Paca où elle frôlait les 40 % au premier tour. La Nouvelle-Aquitaine reste une terre de mission pour le Rassemblement national même s’il s’avère qu'Edwige Diaz a bien repris le flambeau de Jacques Colombier "(tête de liste FN en 2015).
Pas de vague verte
A en croire ce sondage, les ambitions de Nicolas Thierry, d'être en tête au soir du premier tour, s'éloignent.
Nous avons pris connaissance du dernier sondage. On ne va pas se mentir, nous aurions préféré qu’il soit meilleur.
Les écologistes, qui ont pourtant progressé depuis 2015, affichent tout juste 10 %. L'actuel vice-président EELV de la Région, qui ne s’attendait sûrement pas à ce score, veut rester prudent. "Je sais garder la tête froide. La campagne ne fait que commencer. D’ores et déjà, nous doublons notre score des dernières élections. L’écologie progresse. Mais nous devons aller plus loin. Il nous reste huit semaines pour faire de l’urgence écologique une priorité absolue. Huit semaines pour démontrer qu’il faut changer d’approche économique. Huit semaines pour convaincre".
Pour Jean Petaux, ces quinze points de retard sur le président sortant "confirment l’idée qu'à l’échelle d’une région comme la Nouvelle-Aquitaine, qui est une région très agricole et très rurale, la plus grande de France et d’Europe, l’écologie n’est pas motrice. Nous ne sommes pas dans une situation urbaine où les Verts ont tendance à trouver leur socle électoral".
Reste que Nicolas Thierry veut y croire et précise que "seul un électeur sur 5 est certain de son vote. Rien n'est joué. Nous pouvons déjouer les pronostics. L'écologie est une force tranquille. Nous pouvons aller chercher la victoire."
Les Républicains partent de loin
Les Républicains et Nicolas Florian essaient, eux aussi, de faire bonne figure. Depuis Sarran en Corrèze ce jeudi, l’ancien maire de Bordeaux rappelle que la campagne commence à peine.
"Je la lance aujourd’hui avec mes douze têtes de liste depuis la terre électorale historique de Jacques Chirac, j’ai un socle, il est là, il est existant l’objectif, c’est de progresser !"
Sa liste, qui n’obtiendrait que 14 % des intentions de vote, serait en forte baisse par rapport au précédent scrutin de 2015. À l'époque, Virginie Calmels défendait les couleurs de la droite et avait terminé en deuxième position au premier tour avec 27 %.
Un recul que Nicolas Florian tente de nuancer.
À l’époque il n'y avait qu une liste. Aujourd’hui il y a une liste de la majorité présidentielle avec le Modem, l’Udi, qui à ce moment-là était avec les Républicains. Il faudrait donc additionner les deux scores : celui de madame Darrieussecq et le mien pour retrouver cet équilibre !
Quelles alliances ?
L’élu écologiste Nicolas Thierry ne veut pas donner ses intentions pour le second tour. Pour son entourage, il est encore bien trop pour évoquer un quelconque accord avec les socialistes.
A droite, Nicolas Florian balaie pour le moment d’un revers de main une alliance avec Geneviève Darrieussecq, la ministre et ancienne maire de Mont-de-Marsan, candidate LREM-MoDem.
" Il faut de la clarté et la cohérence" martèle celui qui en a fait les frais aux dernières élections municipales. Elles s’étaient soldées par une victoire historique des écologistes, soutenus par la gauche.
"Je n’imagine pas que d’autre listes puissent fusionner aussi ! Quand je vois la compétition qu’il y a entre les Verts, le Parti socialiste et les communistes, je pense qu’au second tour, on aura de nouveau un premier tour et c’est vers cela que je me projette. Mon ambition, c’est d’être premier au premier tour et premier au second tour".
Et si Alain Rousset, qui gouverne depuis six ans avec les écologistes, décidait lui aussi de faire cavalier seul ?
Pour le moment, le président sortant, se garde bien d’évoquer l’entre-deux tours. Mais il semble loin le temps où une alliance avec LaREM avait été envisagée par la majorité présidentielle à l'automne dernier. La ministre Geneviève Darrieussecq, désignée tête de liste par le mouvement d’Emmanuel Macron, ne cesse de dénoncer "l'usure du pouvoir" d’un président qui de son côté se moque d’une élue "qui a disparu du territoire depuis cinq ans".
* Sondage Ipsos / Sopra Steria pour France Bleu et France 3, réalisé du 30 avril au 4 mai 2021 auprès de 1.000 personnes inscrites sur les listes électorales de Nouvelle-Aquitaine, âgées de 18 ans et plus, constituant un échantillon représentatif dans la région.
Les candidats aux élections régionales en Nouvelle-Aquitaine
Geneviève Darrieussecq (La République en Marche, MoDem et UDI)
Edwige Diaz (Rassemblement National)
Clémence Guetté (La France Insoumise, NPA)
Nicolas Florian (Les Républicains)
Guillaume Perchet (Lutte Ouvrière)
Eddie Puyjalon (Le Mouvement de la Ruralité - Résistons !)
Alain Rousset (Parti Socialiste, PCF et PRG)
Nicolas Thierry (Europe Écologie Les Verts, Génération.s)