En octobre 2023, la société Railcoop qui voulait relier Bordeaux à Lyon est placée en redressement judiciaire. Avant le jugement du tribunal de commerce de Cahors, une cinquantaine de sympathisants se sont lancé le défi de parcourir le tracé, à vélo et à pied.
“Toujours pas de train entre Bordeaux et Lyon ? Qu’à cela ne tienne, nous ferons le voyage à pied, à vélo, en trottinette… ”. Les Amis de Railcoop sont déterminés. Ce dimanche 18 février, un groupe de soutien à la société Railcoop a pris la route pour Lyon, pour un parcours de 715 km qu’ils souhaitent achever le 2 mars dernier. 130 personnes sont déjà inscrites sur les différentes étapes. Une dizaine devrait parcourir l’intégralité du périple. "J'ai les mollets affutés, les sacs remplis du nécessaire. Je triche un peu parce que j'ai un vélo électrique", sourit une sexagénaire militante.
"Il faut se motiver"
Au départ de Bordeaux, ils étaient déjà une cinquantaine, de tout âge, mais convaincus de la nécessité de cette ligne de train qui relierait Bordeaux à Lyon. "C'est toujours un calvaire de rentrer dans ma famille, et ça me semblait important de donner de ma personne pour ce projet", indique Romane, une cycliste militante.
Aujourd'hui, pour se rendre à Lyon depuis Bordeaux, il faut obligatoirement passer par Paris. "C'est impensable. Il faut se motiver et tout faire pour que cette ligne voie le jour", ajoute Thomas.
Pour sensibiliser le grand public et apporter de nouveaux soutiens financiers, des animations sont prévues dans une douzaine de villes, tout au long du parcours. "On se rend compte que les gens ne connaissent pas le projet", indique une militante qui tractait hier devant la gare Saint-Jean. Après une journée de présentation du projet à Bordeaux samedi 17 février, les aventuriers se rendaient ce dimanche à Libourne. Ils se rendront ensuite à Périgueux, Thiviers ou encore Limoges.
Redressement judiciaire
L’initiative a été lancée après l’annonce, en octobre 2023, du placement en redressement judiciaire de Railcoop, une société qui voulait relier l’Aquitaine aux Alpes en train. Au bord de la cessation de paiement, Railcoop avait lancé en juin un appel urgent à ses 14 500 sociétaires pour lever 500 000 euros avant le 30 septembre, afin de régler les salaires et payer les fournisseurs. Elle n'avait finalement réuni que 383 500 euros.
Son sort devrait être scellé courant mars par le tribunal de commerce de Cahors. "On avait six mois pour apporter un plan de continuation, il nous en reste deux pour trouver des solutions qui permettront de continuer le projet", explique Nicolas Debaisieux, le président de Railcoop.
Le train de demain doit irriguer les territoires et il y a une vraie attente pour ça pour se déplacer avec cette démarche écologique.
Nicolas Debaisieux,Président de Railcoop
Lancé il y a quatre ans, le projet de coopérative ferroviaire est passé d'une trentaine de sociétaires à plus de 15 000, "avec des entreprises, des collectivités territoriales". "On garde espoirs de renforcer cette communauté qui est engagée pour voir le train différemment", explique Nicolas Debaisieux.
Si le projet perdure, une dizaine de lignes sont identifiées "de province à province" pour relier les territoires sans passer par la capitale. "Si Railcoop ne survit pas, on trouvera quand même des solutions pour faire voir le jour à ce projet de lignes", assure le président de Railcoop.