Dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche, 36 maires dont Nicolas Florian, actuel maire de Bordeaux et candidat à sa succesison, estiment qu’il faut organiser avant la fin du mois de Juin le second tour du scrutin sinon l’année 2020 serait totalement perdue. Réactions des opposants.
« Ne transformons pas le confinement sanitaire en un confinement démocratique qui serait néfaste à l’avenir de la France… »Les maires signataires constatent :
« Alors que notre pays vient d’entamer l’étape cruciale du déconfinement, des millions de Français attendent d’avoir un maire, une équipe municipale et communautaire en place, capable de prendre des décisions capitales pour nos écoles, transports, nos emplois.»
Cette tribune a déclenché une polémique à Bordeaux
Pierre Hurmic, le candidat EELV qui talonne Nicolas Florian en conduisant la liste de l’union de la gauche, ne mâche pas ses mots :
"Cette tribune est très mal venue. C’est du lobbying politique au moment où l’on attend tous un avis du conseil scientifique sur l’état sanitaire du pays, ces signataires ne tiennent en aucune manière compte de ce que seront les conditions futures. Laissons le calendrier aller normalement et attendons un feu vert."
Et le conseiller municipal d’opposition ajoute :
« Comme j’ai fait un excellent score, moins de 100 voix nous séparent, égoïstement bien sûr j’aimerais que l’on en termine avec ce scrutin mais en tant qu’élu responsable je pense qu’il convient d’attendre, ne refaisons pas les erreurs du 15 mars. Les signataires LR de cette tribune sont du reste les mêmes qui avaient demandé le maintien du premier tour en mars dernier.»
Philippe Poutou le candidat de la liste en luttes (NPA et LFI) et ses 11,77%, considère cette tribune comme un calcul politique qui n’a rien de surprenant :
« Florian et son équipe juppéiste sont pressés d’en finir. En manœuvriers expérimentés, ils pensent profiter d’une situation compliquée, en allant vite au mois de Juin. Ils ont actuellement tout ce qu’il faut pour communiquer et faire campagne. Une campagne qu’ils n’ont jamais interrompue pendant le confinement : ils ont le pouvoir, l’argent, la direction du journal Sud Ouest. Ils pensent pouvoir profiter maintenant de leur position de gestionnaire, avant que les bilans puissent être faits. De toute façon, on se prépare à la bataille, en juin ou après pour changer la donne et faire respecter l’intérêt de la population.»
Le candidat de la République en Marche Thomas Cazenave qui totalisait 12,69% des voix en mars dernier, est moins critique mais évoque un aspect incontournable celui des conditions sanitaires :
«Le second tour ne peut pas être une initiative politique, seul compte le critère sanitaire : les conditions seront-elles réunies pour que ceux qui organisent le scrutin puissent le faire sans prendre aucun risque et que les électeurs puissent voter, même les plus fragiles sans qu’aucun citoyen ne soit exposé ?»
Quant aux conséquences sur la vie économique, le candidat La république En Marche s’étonne :
« Je n’ai pas l’impression que tout s’est arrêté ni le sentiment que cette période a pu entraver les maires dans leurs prises de décisions. Les institutions ont continué de fonctionner, du reste nous avons continué de travailler, j’ai fait des propositions au maire de Bordeaux, il en a retenues certaines comme l’aide aux familles les plus précaires.»
30 000 maires de France seront installés d’ici la fin du mois de Mai. Pour les autres, un projet de loi prévoit une nouvelle élection les 27 septembre et 4 octobre. Le gouvernement doit trancher cette semaine après avis du conseil scientifique. Nicolas Florian dit qu’il s’exprimera à cette date.
Les signataires observent :
«Le gouvernement envisage d’annuler le vote du 15 Mars pour 4816 communes restantes et de refaire deux tours à l’automne. Ce processus inédit est une profonde rupture d’égalité car le premier tour est un tout. Si c’était la solution retenue, il y aurait deux sortes de citoyens."
Par ailleurs ils font valoir une urgence économique :
«70% de la commande publique sont réalisé par les intercommunalités. Elles sont le bras armé essentiel à notre économie et nos emplois et faute de second tour, il ne serait pas possible d’installer les exécutifs de ces communes et intercommunalités avant la fin de l’été.»
En Aquitaine, 203 mairies sont concernées par cette élection : Gironde : 57, Dordogne : 49, Pyrénées Atlantiques : 47, Landes : 26, Lot et Garonne : 24
A Paris, le gouvernement doit prendre sa décision d’ici à la fin de la semaine prochaine.