"On ne veut pas être une ville-dortoir" : dans sa commune très convoitée, ce maire veut limiter le nombre d'habitants

Située sur l'axe immobilier le plus convoité de la région, la petite commune de Mios, en Gironde, a connu une explosion démographique ces dix dernières années. Le maire a pris des mesures pour limiter cette expansion, et éviter de devenir "une ville-dortoir".

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Samantha Jean et sa famille sont arrivées de Dordogne, il y a quatre ans, pour venir s'installer à Mios. Cette commune de Gironde, située au sud-ouest de Bordeaux, aux portes du bassin d'Arcachon, a été un vrai "coup de cœur" pour cette responsable administrative.

"Mios correspondait vraiment à tout ce qu'on souhaitait, développe cette mère de famille originaire de Paris. On a tout à côté, le bassin, Bordeaux à trente minutes, les enfants ont l’école à côté. Là où on habite, il y a tout un tas d’enfant, de familles, on a vraiment une culture du vivre ensemble, même si on est un peu tous originaires d’ailleurs."

Explosion démographique

Car Samantha Jean n'est pas la seule à avoir eu un coup de cœur pour la commune girondine. En dix ans, la ville de Mios est passée de 8 500 à 12 000 habitants. Une explosion démographique, que le maire de la commune souhaite maintenant endiguer.

On ne veut pas être une ville-dortoir. L'enjeu, c'est d'être une ville à vivre, où on se sent bien.

Cédric Pain

Maire (PS) de Mios

Pour contrer la forte expansion territoriale de sa ville, le maire a d'abord décidé de réduire de 300 les logements prévus dans les nouveaux quartiers. Il a également modifié le Plan local d'urbanisme (PLU), afin de rendre non constructibles des terrains qui l'étaient initialement.

"On a sorti 80 hectares de l’urbanisation, c'est énorme, c'était un vrai combat, avance Cédric Pain. On les a reclassés en milieux naturels ou agricoles, afin de les préserver. Ça n'a pas toujours été bien compris, mais c'était un enjeu important."

La courbe démographique enfin en baisse

Les propriétaires fonciers lésés par ce changement ont en effet intenté des recours auprès de la commune, sans succès. "Ça a été, et c'est encore des combats juridiques, avoue l'édile de Mios depuis 2021. Mais on le voit, des années après, on commence à voir la courbe démographique baisser. On a moins d'enfants dans les écoles, et ça, c'est bon signe."

La dynamique me semble très positive. La commune de Mios va continuer de grandir, mais de façon beaucoup plus raisonnée et équilibrée, pour que tout le monde trouve sa place.

Cédric Pain

Maire (PS) de Mios

Et cette volonté de réduire l'accroissement de la commune parle aux commerçants du centre-ville, pour qui plus d'habitants ne veut pas forcément dire plus de consommation. "Bien sûr, on pourrait toujours faire plus, mais on n'est pas à Bordeaux ! souligne Audrey Journet, fleuriste. Il faut garder ce côté humain, petit village. Je trouve ça déjà très bien actuellement, il n'y a pas de raisons d'avoir plus d'habitants pour surdévelopper la ville."

"On est déjà 12 000 habitants, mais je suis loin de voir les 12 000 !", plaisante de son côté Astrid Labia. Pour cette fromagère, la priorité doit être donnée à l'aménagement du centre-ville, afin d'accueillir dans de bonnes conditions les Miossaises et Miossais déjà présents.

"Le but n'est pas de faire du chiffre"

Un avis partagé par le maire de la commune : "Pour que notre ville soit agréable, il faut travailler sur la nature, la culture, le sport... Le but n'est pas de faire du chiffre." La mairie a bénéficié de subventions du département de la Gironde, et de l'Etat, pour rénover par exemple les écoles et le collège, "pour avoir des enfants qui font un parcours scolaire dans de bonnes conditions".

Et la dynamique insufflée par le maire dans sa commune a l'air de fonctionner : à l'horizon 2030, les estimations de population à Mios sont passées de 20 000 à 16 000 habitants.

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