ORPEA : pour le président du département de la Gironde, "c’est vraiment une philosophie du profit alors que nous parlons d’humains et de santé."

Le Président du département de la Gironde Jean-Luc Gleyze avait prévenu par courrier la ministre de la Santé des dérives potentielles organisées par la loi de 2015. Il veut oragniser des contrôles indépendants dans les maisons de retraite.

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"Ce livre est un choc". Jean-Luc Gleyze, le président du département, commence par dire son émotion après la parution du livre enquête. "Les fossoyeurs" dénoncent des mauvais traitements réservés aux personnes âgées dans les EHPAD du groupe privé ORPEA. "Ce livre est un choc" insiste-t-il "qui a fait ce que nous ne pouvons pas faire : une enquête au long cours avec des sources plurielles et des témoignages croisés". 

"Comment en est on arrivé là?" Des courriers du département envoyés à Emmanuel Macron et Agnès Buzin dès 2017

Jean-Luc Gleyze insiste sur le fait que le département de la Gironde avait conscience des dérives potentielles organisées par la loi de 2015 et en avait fait part au Président Macron dès 2017 au moyen d’un courrier. Il évoque ainsi la réforme de la tarification qui a mis à mal les EHPAD en généralisant les flux tendus. L’idée du  président Macron de mettre en place une « loi grand âge et autonomie », énoncée dès sa prise de fonction, motive ce courrier. 

Le constat de ce mal être des soignants, mais également des résidents et de leur famille, aurait alors été réalisé par les agents de la collectivité sur une grande majorité des 181 EHPAD que compte le département, dont la moitié sont gérés par des structures privées. 

Dès 2018, assure Jean-Luc Gleyze, le département s’adresse alors directement à la Ministre de la Santé en exercice, Agnès Buzin pour demander une révision de la loi et ainsi mettre fin aux rotations trop rapides des personnels soignants induis par celle-ci.

Cette lettre est à l’heure actuelle sans réponse. 

Jean-Luc Gleyze, pdt du conseil départemental de la Gironde

France 3 Aquitaine

Suite à ce coup d’épée dans l’eau, le département organise des groupes de travail précise son Président. Ceux-ci ont pour vocation d'améliorer la prise en charge des personnes âgées, tout en réfléchissant à des axes de travail.
En 2020, ils seront suspendus pour raison sanitaire, mais ils auraient déjà permis de définir un plan d’action. Par ailleurs, les contrôles auraient été multipliés, mais souvent organisés « par des personnes trop en lien avec les EHPAD », l’idée de les réformer avait émergé afin d’éviter le conflit d’intérêt.

Des propositions pour sortir de ce marasme 

Cela concernerait déjà le renforcement des contrôles. Une commission indépendante composée de six contrôleurs devrait voir le jour, son budget voté à la dernière assemblée plénière lui garantissant son existence. Elle serait en lien avec le Département chargé de l’hébergement et des activités développées en EHPAD, mais également avec l’Agence Régionale de Santé garante de l’aspect sanitaire. Cette direction du contrôle effectuerait des audits rapides des établissements et serait également missionnée pour tout ce qui a trait au handicap et à l’enfance. 

De plus, une plateforme d’appels téléphoniques serait créée, sur le modèle de celle existant pour la protection de l’enfance. Elle permettrait ainsi de recueillir des informations sur des situations préoccupantes concernant des personnes âgées ou en situation de handicap. Cette plateforme serait commune à l’ARS et au département, afin de faire circuler aux mieux les informations. 

Enfin serait créée une commission des plaintes. Le président insiste alors pour que soit mieux pris en charge les « signaux faibles ». 

Une demande d’aide à l’Etat

Dans un premier temps Jean-Luc Gleyze demande à ce que les contrôles renforcés dans les établissements puissent être plus poussés. A l’heure actuelle, la règlementation ne donnant accès qu’à certains documents budgétaires (budget prévu et compte provisionnel de clôture), elle ne permet pas, selon lui, de pouvoir contrôler au mieux les établissements à but lucratif, « aux marges financières dignes des grands groupes du CAC 40 ».

C’est pourquoi le Président du département demande un réel partenariat avec la Cour des comptes, afin d’avoir accès à une documentation plus poussée. Selon le livre les Fossoyeurs « l’utilisation des fonds publics viendrait alimenter les dividendes » et cela n’est pas tolérable assène-t-il. 

C’est vraiment une philosophie du profit alors que nous parlons d’humains et de santé.

Jean-Luc Gleyze

France 3 Aquitaine

Le département demande également des financements d’état pour garantir ses compétences: « La solidarité a un coup nécessaire que nous devons aux plus fragiles d’entre nous. La solidarité nationale doit s’exercer. Il faut que nos financements soient à la mesure de nos besoins. » 

Retour sur la Loi grand âge et autonomie annoncé par E. Macron

"Cette loi NOUS l’attendons. C'est une loi qui permettrait de bien préciser les compétences et garantir les financements pour une prise en charge du vieillissement.

Rappelant les évolutions démographiques à venir, le Président de département rappelle: « nous avons 20 000 habitants de plus par an et cela est lié à un vieillissement de la population. Il y a de nombreuses mesures à prendre ». 

Revenant sur les ratios de personnels dédiés par nombre de résidents, il insiste sur le fait que dans certains pays, il est de 1 pour 1. Tandis que le département dénombre 14911 résidents en Ehpad, dont 13481 permanents, il prône le développement des filières de soins aux personnes, pour sortir du ratio 1 soignant pour cinq à huit résidents. 

Se disant attentifs aux suites données par le gouvernement aux allégations portées contre ORPEA, Jean-Luc Gleyze se dit prêt à saisir la justice. 

« Il y a deux mondes celui des dividendes et celui soucieux des personnes âgées, le second est le nôtre », conclue-t-il. 

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