Parrainer un enfant près de chez soi, c’est possible. En Gironde, l’association Parrainage 33 s’active pour trouver parrains et marraines à des enfants placés ou issus de familles mono-parentales. Un lien unique et fort, mis à l’épreuve du confinement actuel.
Cinq ans, déjà, que Patricia a franchi le cap et décidé de parrainer une jeune fille. Non pas à l’autre bout du monde, mais chez elle, dans sa ville, à Mérignac.
A l’époque, cette cadre d’un prestataire de service du milieu du vin tombe sur un article de la revue XXI qui la touche au coeur. Son thème : le parrainage de proximité.
Patricia, Marraine de Magalie*Je me suis retrouvée dans ces témoignages. A partir de ce moment, j’ai su que je voulais le faire, mais ma situation personnelle ne le permettait pas tout de suite.
*Le prénom a été modifié.
Qu’importe, un an plus tard, le moment est venu ; elle entre en contact avec Parrainage 33.
Le concept de l’association, créée voici 35 ans, est simple : un adulte (homme ou femme) ou un couple accompagne bénévolement un enfant âgé de 2 à 18 ans, issu d’une famille fragilisée ou placé dans une institution.
PatriciaMon idée, c’était d’accompagner un enfant : n’en ayant pas moi-même, je pensais que je pouvais lui apprendre et lui donner quelque chose. C’est une démarche altruiste de bénévolat.
Et de fait, moins soumis aux enjeux affectifs et à l’autorité inhérente aux parents, le parrain bénéficie d’un statut à part : celui de référent sur lequel l’enfant peut s’appuyer en dehors de son cadre familial.
Quelques mois plus tard, Patricia devient alors la marraine de coeur de Magalie. La jeune fille, 13 ans à l’époque, vit encore avec sa mère, mais elle est très vite placée dans une famille d’accueil.
Une nouvelle relation est à construire, faite de sorties, de gâteaux préparés ensemble, de promenades ou tout simplement de moments calmes à la maison. Des activités simples pour apprendre à se connaitre.
PatriciaLe secret, c’est de s’adapter aux besoins de l’enfant tout en se faisant plaisir. L’idée était de lui faire partager mon style de vie, pas de créer de toutes pièces des activités.
Peu à peu, Patricia et Magalie trouvent un équilibre dans leur relation. Elles prennent plaisir à se revoir. Le temps passant, les liens se renforcent.
Magalie a eu une vie chahutée. Le fait d’avoir une marraine a surement été un repère pour elle. Savoir que je suis là et qu’elle peut compter sur moi quoi qu’il arrive, c’est rassurant. À tout moment, elle peut prendre son téléphone et m’appeler ;
je suis comme un point d’ancrage.
Aujourd’hui, cinq ans après, la jeune fille est devenue majeure, mais les rendez-vous continuent, tous les 15 jours à trois semaines.
Si le lien perdure, l’investissement affectif d’un parrain ou d’une marraine reste modéré en terme de temps.
Sandrine Piaux, présidente de Parrainage 33 et marraine de deux filleulesNous ne sommes pas là pour remplacer un parent, nous ne sommes pas une famille d’accueil, mais un fil rouge pour apporter quelque chose de plus à l’enfant.
A Parrainage 33, la ligne est claire ;
Le but, c’est de partager du temps régulièrement lors des week-end où des vacances pour aider un enfant à grandir. Lui faire découvrir un nouveau cadre familial, des activités, mais aussi soutenir la parentalité en donnant la possibilité à leurs parents de souffler et de prendre du temps pour eux.
SandrineOn a parfois eu la chance d’avoir un oncle, une tante ou un professeur qui nous a beaucoup apporté. C’est ce que nous proposons dans notre association. Le but, c’est de trouver un bon parrain pour l’enfant et non pas l’inverse.
A partir de là, le processus de recrutement des parrains et des marraines commence… extrêmement encadré.
Trois mois sont souvent nécessaires pour faire connaissance avec le candidat au parrainage, approfondir ses motivations et trouver la bonne combinaison parrain / filleul.
Casier judiciaire vierge exigé.
C’est là qu’entrent en scène psychologues et travailleurs sociaux bénévoles. Ce sont eux qui se rendent au domicile du futur parrain pour échanger avec lui et observer les conditions d’accueil de l’enfant.
Ensuite, un rendez-vous avec un psychologue extérieur à l’association est organisé afin d’écarter certains dossiers.
Tout au long du processus, des commissions de parrainage se réunissent en parallèle pour échanger leur ressenti sur les candidats et proposer des binômes parrain / filleul.
Car parrainer un enfant, c’est un projet de long terme.
En Gironde, le besoin est énorme : une quinzaine d’enfants est en permanence en attente d’un parrain ou d’une marraine. Plus haut, en Charente-Maritime, ils sont 65 à espérer un parrainage.
La présidente de l’association elle-même s’implique elle-aussi en parrainant deux jeunes filles de 9 et 18 ans. Des expériences aussi riches qu’intenses.
SandrineLa plus grande, qui a toujours vécu en foyers, était heureuse qu’un adulte s’occupe enfin d’elle exclusivement. Je crois être le fil rouge entre tous ses placements successifs.
Toutes deux prennent le temps de cuisiner, d’échanger sur des questions personnelles, liées à l’adolescence.
Des vacances s’organisent, à la montagne ou dans la famille de Sandrine, à Paris. Un contact familial précieux pour la jeune fille.
Avec la plus petite, éduquée par son père, un cuisinier aux horaires décalés qui voulait « souffler un peu », la magie opère tout de suite.
A l’époque, la petite fille n’a que 5 ans 1/2. Sandrine et son compagnon vivent avec elle des moments uniques ; lui apprendre le vélo, jardiner, aller à la piscine et bien sûr… jouer aux poupées Barbie !
SandrineÇa m’a apporté beaucoup de choses. On transmet ses goûts et ses activités. On apprend à s’adapter et à partager beaucoup de choses. C’est très gratifiant ; on a des moments de rire de partage. Je crois que ça nous a rendus moins autocentrés.
A l’heure du confinement lié à l’épidémie de coronavirus, les rencontres sont interdites. Hors de question pour l’association de mettre en danger la santé des parents, parrains et enfants.Mais le lien est là. Et derrière les écrans de téléphone et les caméras d’ordinateur, on pense déjà à la prochaine sortie ensemble.
Contact : 06.95.01.68.21
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