Les professionnels de la filière forêt bois papier ont lancé mardi 9 mars un appel aux pouvoirs publics. L’interprofession des Landes de Gascogne s’alarme de la recrudescence des défrichements liés à l’installation de centrales photovoltaïques.
"Détruire les forêts de pin maritime, principale pompe à carbone de la région Nouvelle-Aquitaine, pour installer des centrales photovoltaïques est un non-sens écologique et économique" écrit l’interprofession des Landes de Gascogne dans un communiqué mardi 9 mars.
Jusqu'où va aller ce défrichage de la forêt ?
Du pépinièriste à l'industriel, c'est l'inquiétude face à la multiplication des projets de fermes photovoltaïques en Gironde et dans les Landes. "Ce défrichage gagne la forêt et si cela continue ainsi, nous allons vers de la déforestation du massif aquitain", a déclaré Bruno Lafon, président de Fibois Landes de Gascogne qui ne mâche pas ses mots pour exprimer la colère de toute la filière.
Ce phénomène dépasse déjà plus d’un millier d’hectares sur le Massif Landais, sans que ce chiffre soit réellement communiqué par les pouvoirs publics, et plusieurs projets en cours dépassent, chacun, mille hectares ! (en Sud-Gironde et Lot et Garonne).
"Une superficie de 1000 ha c'est énorme, cela représente 1500 terrains de foot. Le projet de parc photovoltaïque atteint les 1600 ha en Lot-et-Garonne et concerne à la fois de la forêt et des parcelles agricoles", selon le président de Fibois. La filière demande aux pouvoirs publics de limiter les projets très nombreux dans la région car il y a de l'espace et de l'ensoleillement idéal pour les capteurs solaires et la production d'énergie.
"Un non sens écologique et économique"
Selon les professionnels de la filière forêt bois papier qui emploie 58000 personnes en Nouvelle-Aquitaine ( massif landais et du Limousin réunis) et génère 10 milliards d'euros par an, défricher des parcelles de pins maritimes pour y mettre des panneaux solaires est un non-sens écologique et économique. Il s'agit d'un forêt de production où l'on cultive des pins ( 1,5 millions d'arbres dans le massif landais). "On plante, on éclaircit et on coupe. Puis on replante. Le cycle se fait sur 40 ans", explique Bruno Lafon. "Quand on coupe des pins pour installer des panneaux, la parcelle est perdue pour la filière qui compte des coopératives, des entreprises de travaux forestiers, des scieries, des communes, etc. Il y a aussi des conséquences sur la biodiversité (400 espèces faune et flore dans le massif).
Il faut savoir que 1000 ha de forêt capturent jusqu'à 12000 tonnes de Co2, ça aussi c'est perdu!"
"Sans oublier les risques d'incendie qui sont accrus" car il peut y avoir des arcs électriques qui mettent le feu sous les panneaux solaires. "Les sapeurs-pompiers ont dû mal à éteindre ce type d'incendie car c'est impossible de couper la source électrique", s'agace Bruno Lafon qui prend exemple d'un feu survenu en 2019 sur la commune de Sainte-Hélène en Gironde.
Autre argument de la filière, c'est le paradoxe des friches industrielles qui ne sont pas retenues pour accueillir des projets photovoltaïques. Bruno Lafon explique que "dans la communauté de communes de Biganos et Andernos en Gironde des projets sur d'anciennes décharges" ont été retoqués en vertu de la loi littoral. "Ce serait pourtant mieux que de couper de la forêt".
Un mitage de la forêt qui nuit à la filière
Ces coupes effectuées dans le massif nuisent à la filière qui est obligée d'importer du bois. "La ressource diminue. On a reboisé à l'arbre prés après les tempêtes, et maintenant on défriche pour remplacer pour de l'artificialisation, et ça prend de la place sur la ressource." François Guiraud qui s'occupe de la ressource forectière dans une papeterie de Tartas convertie en bio raffinerie, contaste lui aussi que de plus en plus de communes défrichent pour installer des panneaux solaires. "Notre profession veut alerter sur les subventions accordées au photovoltaïque, c'est bien mais pas en supprimant la forêt. Au final, ces aides de l'état favorisent la destruction du massif."