En nous obligeant à rester confinés, le Covid-19 a modifié le rythme du centre-ville. La gestion des déchets a du être repensée et l'effacement de l'Homme a profité à certains nuisibles.
Des rats qui se balladent tranquillement dans les rues, des pigeons qui deviennent les rois du quartier, des conteneurs à poubelle qui débordent... Ces scènes dignes de films apocalyptiques ont traversé l'esprit de certains d'entre nous quand on nous a annoncé le confinement général. Alors, qu'en est-il réellement?
Poubelles vertes et noires oui,
verre et déchèterie non
Rester chez soi, pour la plupart d'entre nous, a modifié nos habitudes mais aussi celles de nos poubelles. Celles de nos bureaux se vident quand celles de nos maisons se remplissent. Plus de cantine, de restaurant d'entreprise ou de fast-food, nos déchets alimentaires se retrouvent tous chez nous.
Et c'est un fait, une hausse de près de 10% des déchets ramassés a été remarquée ces dernières semaines. Moins de produits en gros et davantage d'emballages à utilisation unique pour respecter les normes sanitaires peuvent entre autres expliquer cette augmentation. Mais pas de quoi rêver à une ville-poubelle pour autant.
Le ramassage des déchets a été assuré sans interruption depuis le début de la pandémie: "Les jours de collecte ne sont pas modifiés, les usagers sont invités à sortir leurs bacs noirs et verts comme d’habitude. Si un passage de collecte n’est pas effectué, il sera fait le jour de collecte habituel suivant", assure la Métropole.
Une collecte que certains ont néanmoins remis en question sur les réseaux sociaux.
c’est incroyable venez nettoyez les poubelles c’est quoi sa depuis deux semaine c’est comme sa ??♀️ @Bordeaux pic.twitter.com/tkYnOgtyKK
— nmine0 (@nil_bicer) April 1, 2020
Comme partout, la pandémie a obligatoirement demandé un aménagement des habitudes de gestion des déchets. Ainsi, la priorité étant donnée aux ordures ménagères, les conteneurs de verre ne sont plus systématiquement vidés et la Métropole appelle les citoyens à garder autant que faire ce peut les contenants en verre vide chez eux.Il aura fallu 15 jours de confinement pour qu'enfin les poubelles de quais de tram soient vidées. Moins de mouches et de rats ! Dans une grande ville comme Bordeaux ça fait tâche quand même, surtout en situation de pandémie.
— Romain (@Medelguer) March 30, 2020
D'autre part, les centres de recyclage sont fermés depuis le 17 mars. Seules les déchèteries professionnelles restent à la disposition des entreprises. Rappelons d'ailleurs que les dépôts sauvages restent toujours interdits.
Quant aux déchets verts, certaines communes ont organisé des points de collectes.
La voie est libre pour les rongeurs!
Quand le chat n'est pas là les souris dansent dit-on. Et depuis quelques semaines, on ne peut pas dire que ce soit faux. Stéphane Picard de la société Aquitaine Stop Nuisible le sait, le nombre d'opérations de dératisation de son entreprise a augmenté de 60%:Contrebalancer les pertes dues à l'arrêt des contrats professionnels dans les restaurants et les entreprises par des interventions chez les particuliers semble être la solution.Les poubelles des restaurants sont vides depuis plus d'un mois. Les souris et les rats cherchent la nourriture ailleurs et vont donc essayer d'entrer dans les cuisines des particuliers qui font alors appel à nous.
Stéphane Picard
Des campagnes de prévention ont également été menées pour éviter la prolifération: "avec le confinement, beaucoup de restaurants ont fermé en catastrophe délaissant peut-être le nettoyage et le rangement, alors nous avons anticipé en contactant nos clients dès le début du confinement pour leur proposer un protocole d'application préventif", explique Younes Sebbar de la société CH3D.
Mais pour les professionnels, c'est clair, le confinement a modifié les habitudes de ces rongeurs, car s'ils conservent leur comportement sédentaire, une décentralisation relative de leur lieu de vie est tout de même notable: "d'habitude, ils sortent le soir dans les rues proches des restaurants. Mais depuis le confinement, la ville est devenue beaucoup plus calme. Les rats ressentent moins le danger et ont moins peur de s'aventurer un peu plus loin", explique Stéphane Picard.
Bonne nouvelle pour certains: il n'y a pas forcément plus de rats, ils sont simplement plus visibles dans les rues bordelaises.
Ce n'est pas le cas pour les punaises de lit qui, elles, suscitent moins d'interventions de la part des professionnels puisque la baisse drastique des déplacements humains a permis la réduction du nombre de contaminations.
Quant aux pigeons et autres insectes, rien de plus à signaler si ce n'est l'arrivée prochaine mais habituelle des guêpes et autres frelons après cet hiver particulièrement doux.