L'homme arrêté et suspecté d'être l'auteur de crevaisons de pneus sur 6 000 voitures de l'agglomération bordelaise sera jugé le 18 mai. Selon le psychiatre qui l'a examiné en garde-à-vue, cet homme méthodique, qui consignait les faits dans un carnet, aurait un profil de "serial killer".
"Il a fait ça mais il aurait pu faire autre chose. Son profil présente quand même une certaine dangerosité ". Lors d'une conférence de presse, la procureure de la République de Bordeaux Marie-Madeleine Alliot et les équipes de polices qui ont procédé à l'enquête puis à l'interpellation de l'homme soupçonné d'avoir crevé des milliers de pneus sur l'agglomération bordelaise, ont dressé le portrait d'un homme "peu commun".
Personnalité solitaire
La procureure et les policiers ont décrit un homme à la "personnalité obsessionnelle et solitaire", sans emploi et relativement bien intégré à la société.L'homme de 45 ans, très méthodique crevait les pneus des voitures la nuit, suivant toujours le même rituel : armé d'un poinçon, il procédait coté trottoir, dans des rues de l'agglomération bordelaise, suivant un parcours calculé bien longtemps à l'avance. Chacun de ses méfaits était noté, en messages codés, dans des petits carnets qu'il conservait sur lui.
"Il voulait attirer l'attention et se venger de la société, et de mauvais traitement dont il a été victime en étant enfant", a souligné la procureure. Il appréciait également la lecture du récit de des dégradations dans la presse quotidienne, et s'était senti valorisé en constatant que des policiers étaient mobilisés pour l'identifier.
Piégé par une caméra
Le serial creveur, qui sévissait depuis six ans, repérait longtemps à l'avance les zones équipées de caméras de surveillance et est parvenu à les éviter pendant tout ce temps.C'est pourtant un faux pas de sa part qui a amené les policiers, qui travaillaient depuis plusieurs années sur ce dossier, à l'interpeller.
Le délinquant s'est laissé surprendre par une caméra dont il ignorait l'existence. Les policiers l'ont ensuite surpris à proximité de son domicile, à deux heures du matin, alors qu'il se rendait dans le quartier de Caudéran pour renouveler ses actes.
Un préjudice estimé à 400 000 euros
Placé en garde-à-vue, il a reconnu les faits et a déclaré avoir eu le "déclic" en février 2011, alors qu'il a trouvé un poinçon dans la rue. Entre temps, 6 000 véhicules ont été détériorés, et le montant total du préjudice est estimé à 400 000 euros.Le parquet a requis un dispositif de bracelet électronique en attendant son jugement. Le prévenu, poursuivi pour dégradation et détérioration, encourt deux ans de prison et jusqu'à 300 000 euros d'amende.