Plus de 150 des 260 membres de la rédaction du journal Sud Ouest ont adressé mardi à leur direction une "motion de défiance" pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, s'inquiétant de la "crédibilité" de leur titre en pleine mutation vers le numérique.
"Pour la rédaction de Sud Ouest, le projet d'entreprise présenté en 2015 par la direction ne se traduit pour le moment que par des tâches supplémentaires, des pertes de postes, de revenus, de jours de repos et de repères sur le plan rédactionnel", affirme la motion de défiance."Les journalistes de Sud Ouest ne sont ni entendus, ni compris. Ils ne font plus confiance à l'actuelle direction pour mener l'indispensable transformation de la rédaction sans en dégrader encore plus les conditions de travail", poursuivent les 154 signataires, se disant prêts "à mener une grève avant la fin du mois de juin".
Le directeur général délégué de la société éditrice de Sud Ouest, Patrick Venries, voit dans cette motion "peut-être un peu d'impatience ou de surchauffe, sans doute une inquiétude". "Je prends cela comme un avertissement sur la nécessité de mieux s'organiser".
Il recevra jeudi après-midi la rédaction pour la "rassurer", elle "doit rester une rédaction de qualité", a ajouté M. Venries.
Les signataires de la motion, eux, demandent "les moyens" pour atteindre les "objectifs quantitatifs élevés" qui leur sont fixés.
Les suppressions de postes à la rédaction doivent cesser
"Les suppressions de postes à la rédaction doivent cesser", insistent-ils, demandant une "mise à plat des horaires réels et de la charge de travail des journalistes", qui travaillent "bien plus" que 39 heures par semaine.
La motion exige en outre une "étanchéité totale" entre la "partie événementielle du groupe" de presse et la rédaction de Sud Ouest. "Le modèle payant, auquel nous croyons, ne fonctionne qu'avec une réelle plus-value journalistique et une crédibilité intacte du titre".
Enfin, la rédaction pose comme préalable à toute négociation "le retour du paiement des photos et vidéos à l'acte", que la direction veut remplacer par une prime forfaitaire de 80 euros par mois.
Un "nouveau signal d'alarme"
Pour la Société civile des journalistes de Sud Ouest, qui siège au conseil d'administration et ne s'associe donc pas explicitement à la motion, "il s'agit ici d'un nouveau signal d'alarme lancé par la rédaction" qui doit être pris "en considération, sérieusement, par la direction de Sud Ouest", écrit-elle.
En décembre dernier, un questionnaire diffusé par la Société civile avait déjà "mis en lumière ce ras-le-bol masssif, et le fait que tous ces gens qui râlent sont véritablement inquets pour l'entreprise, pour leur métier et les conditions dans lesquelles ils vont l'exercer", a déclaré Antoine Tinel, son gérant.
Le groupe Sud Ouest est lancé dans un projet d'entreprise 2016-2020, et a rééquilibré ses finances, tout en mettant l'accent sur le numérique où il revendique près de 20.000 abonnés.