C’était une promesse faite par Emmanuel Macron. Selon le syndicat SNES-FSU, elle ne sera pas tenue. De nombreux directeurs d’établissement lancent des appels pour combler les trous dans la raquette. En cause : un concours trop contraignant, un métier peu attractif, et la précarisation des contractuels.
Le nouveau ministre de l’Education nationale a réaffirmé en cette rentrée 2023 qu’il y aurait "un enseignant devant chaque classe", notamment grâce au recours aux enseignants contractuels. Dès ce lundi 4 septembre, jour de rentrée, il semblerait que le compte n’y soit pas.
Sur les réseaux sociaux, des petites annonces fleurissent. On y lit par exemple : "Il manque un.e professeur.euse d’Histoire-Géographie pour 13 h au collège Langevin Wallon de Tarnos". Dans les Landes toujours, "Urgent : le lycée Pierre de Castelnau de Geaune cherche activement pour la rentrée un professeur de mathématiques pour 10h et un professeur d’espagnol pour 4,5 heures ". De là est né le hashtag #LaRentréeEnVrai, repris par les enseignants, parents et syndicats.
Sur l’Académie de Bordeaux, 21 postes d’enseignant ont été fermés alors que les effectifs sont à la hausse pour cette rentrée 2023 (plus 336 élèves), selon le SNES-FSU. Et pour le syndicat, impossible de savoir combien de contractuels ont été recrutés pour faire face à la situation. "Comme il n’y a plus de commission, nous n’avons plus de visibilité", explique Delphine Discamps."Tout ce qu’on sait c’est que tous les collègues contractuels en CDI ne se sont pas vus attribuer de poste". Pourquoi des élèves sont-ils sans professeurs alors que certains contractuels n'ont pas d'affectation ?
Un concours trop contraignant
Selon le journal Le Monde, "plus de 3 100 postes ont été non pourvus aux concours enseignants cette année". Un chiffre qui s’explique par plusieurs problématiques. Selon Hugo Lassalle, secrétaire départemental de la Gironde du SNES-FSU, "il faut sécuriser le parcours". En clair, passer le Capes, par exemple, relèverait du parcours du combattant. "L’année du concours, l’élève cumule tout : le passage du concours, mais aussi la rédaction de son mémoire pour valider son master, ainsi que des stages dans les classes avec des cours à préparer".
Une profonde crise de recrutement
Pour Hugo Lassalle, "il faut arrêter de fermer des postes alors qu’il y a de plus en plus d’élèves dans le secondaire". Selon lui, le recours aux contractuels (qu’ils soient en CDI ou CDD) n’est pas une solution en soit. "Il faut plus d’enseignants titulaires, plus d’attractivité", déclare-t-il.
"Chaque année la crise de recrutement s’accentue. Les salaires sont peu attractifs. Dès les concours, on sait déjà que tous les postes ne seront pas pourvus". Il reconnaît que l’Académie de Bordeaux a fait un effort pour former des contractuels cet été (une quarantaine sur l’Académie, selon le syndicat). "Mais on ne s’improvise pas enseignant en une semaine", déplore-t-il. Des sessions de formation d’une semaine en distanciel ont en effet été organisées. Jusque-là, elles duraient deux jours.
Le quotidien précaire des contractuels
Delphine Discamps a 48 ans. Elle a toujours été contractuelle. Elle n’a pas eu le concours du Capes. "J’enseigne les lettres, mais aussi l'histoire-géographie ainsi que l'enseignement moral et civique. Vu ma situation familiale, il m’aurait été impossible d’exercer là où je vis", explique-t-elle. En ce jour de rentrée, elle n’a toujours pas d’affectation. Du fait de ses attributions syndicales au SNEP-FSU, elle ne travaille pas à temps plein. Ce qui ne devrait à priori pas être un problème pour trouver un poste.
Il suffit de voir les annonces de recrutement qui paraissent sur les réseaux sociaux. Il s'agit souvent de temps partiels. Delphine Discamps est commissaire paritaire pour les non titulaires au SNES-FSU. Elle est donc au cœur du réacteur. "On voit de plus en plus passer de postes avec peu d’heures", dit-elle. Elle dénonce une précarisation des enseignants contractuels. "Ils n’arrivent pas à en vivre, qui plus est quand les règles se sont durcies pour toucher le chômage". Et de relater le cas d’un contractuel ayant refusé une affectation avec peu d’heures d’enseignement, préférant garder son poste de surveillant (Assistant d’Education, AED) pour réussir à boucler les fins de mois.