Déjà problématique avant la crise de la Covid-19, le manque de saisonniers s'est encore aggravé ce printemps dans le milieu de la restauration et de l'hôtellerie. La reprise annoncée mi-mai sera tendue selon les professionnels.
Et si la main d'oeuvre venait à manquer. L'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie veut rester "optimiste" mais s'inquiète de plusieurs difficultés liées à la reprise envisagée mi-mai pour une partie des cafetiers-restaurateurs.
Un quart du personnel a changé de métier
100 000 offres d'emplois de saisonniers non pourvues en France : "C'est un chiffre à la louche mais qui est loin du compte", selon laurent Tournier de l'UMIH de Gironde.
Avant la crise sanitaire, "il manquait déjà 70 000 à 80 000 personnes à la saison estivale. Les chiffres ont encore augmenté en 2021. A cause de la crise, les jeunes en CAP n'ont pas pu finir normalement leur cursus de formation et ont été freinés. Les formations en alternance ont été très compliquées car les entreprises étaient fermées donc beaucoup de jeunes sont restés chez eux, et aujourd'hui, ils manquent".
Par ailleurs, des collaborateurs habituels ont choisi de changer carrément de métier pour percevoir un salaire complet plutôt que du chomage partiel et c'est compréhensible affirme l'UMIH 33, elle estime "qu'entre 20 et 25 % des collaborateurs sont partis ailleurs soit un quart du personnel, c'est énorme".
Les saisonniers éligibles au chômage partiel jusqu'à fin juin
Dans les secteurs de la restauration, de l’hébergement et des loisirs, la saison d’été se prépare dès maintenant avec le recrutement des travailleurs saisonniers. Mais le manque de visibilité sur l’évolution des contraintes sanitaires plonge de nombreux chefs d’entreprise dans l’incertitude. Pour les inciter à recruter dès à présent, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a annoncé, dès le mardi 13 avril, que les entreprises employant des « travailleurs saisonniers récurrents » pourront les placer en chômage partiel jusqu’à la fin du mois de juin.
Les saisonniers placés en chômage partiel percevront une indemnité égale à 84 % du salaire net qu’ils auraient touché en travaillant (100 % pour un Smic). De leur côté, les employeurs, dont les structures sont encore fermées, bénéficieront d’une prise en charge à 100 % par l’État et l’UNEDIC. Le ministère a prévu un budget de plus de 200 millions d’euros pour financer l’activité partielle des saisonniers.
C'est une mesure qui existait déjà pour les saisonniers des stations de ski. Elle vient donner une bouffée d'oxygène aux professionnels mais ne résoudra pas tout.
Beaucoup d'offres d'emplois
La profession travaille avec Pôle emploi, et des agences de recrutements comme HRC Bordeaux qui incite les saisonniers à prendre contact avec eux sur les réseaux sociaux qui sont "une manne très importante de contacts. On travaille aussi avec le bouche à oreille et une application pour recruter", explique Laurent Tournier.
"On va devoir mettre les bouchées doubles pour reprendre le travail mi-mai avec du personnel qui devra reprendre ses marques et les nouveaux qui devront apprendre vite. Il faudra faire face aussi à l'engouement de la clientèle qui a hâte de retrouver une vie sociale et les terrasses. Et tout cela dans le respect des protocoles sanitaires. Il va falloir apprendre à vivre avec la pandémie qui risque de durer à cause des variants", selon Laurent Tournier.
La région reste attractive pour les saisonniers
La Nouvelle-Aquitaine est moins mal lotie que d'autres régions de France. C'est une région attractive pour les saisonniers qui aiment venir y travailler. Reste un autre grand problème pour ces employés, c'est la question du logement. Sur le Bassin d'Arcachon, c'est devenu très compliqué car les logements saisonniers sont rares et chers.
"A Bordeaux, c'est aussi devenu très compliqué. En plus, la capitale girondine vit beaucoup du tourisme international et du tourisme d'affaires et évènementiel. On ne sait toujours pas encore quand ce secteur pourra reprendre donc pour de nombreux professionnels le bout du tunnel est encore loin", explique Laurent Barthelémy président de l'UMIH Nouvelle-Aquitaine qui confirme que de nombreux salariés saisonniers notamment ceux qualifiés dans l'accueil, ont préféré rejoindre le secteur des banques et des assurances dans l'incertitude. "Des gens qui sont durablement perdus pour la restauration et l'hôtellerie".
Grâce au dispositif de chômage partiel octroyé aux saisonniers récurrents jusqu'à fin juin, il espère que l'embauche de main d'oeuvre pourra se faire, c'est encore trop tôt pour connaître les chiffres dans la région.