Rodéo à Bordeaux : après le buzz, les interpellations

Une opération de police, ce jeudi matin dans deux quartiers de Bordeaux, a permis l'interpellation de trois jeunes hommes impliqués dans le rodéo moto du 27 avril. Une trentaine de motards avait investi la place de la comédie, devant le Grand Théâtre. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux.

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Le coup de filet a permis d'interpeller un mineur et deux jeunes majeurs lors de l'opération conjointe menée par les policiers du commissariat de Bordeaux dans les quartiers voisins des Aubiers et de Ginko. Si quelques auteurs présumés du rodéo sont passés à travers les mailles du filet, les trois interpellés ont été placés en garde à vue pour "rodéo en réunion".

Les faits qui leur sont reprochés remontent au dimanche 26 avril. En plein confinement, une dizaine de motos accompagnée de quads et d'un buggy s'étaient livrés à un rodéo, place de la comédie, devant le très chic Grand Hôtel de la ville, dans le coeur de Bordeaux.

Une première opération de police, déjà dans le quartier des Aubiers, deux jours plus tard, le mardi 28 avril avait permis la saisie de 11 motos et d'un quad. De premières interpellations avaient eu lieu.

Les auteurs présumés de ces infractions routières ont pu être identifiés grâce à la vidéo-surveillance et aux vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, parfois mises en ligne par les protagonistes eux-mêmes.

Certains pourraient aussi avoir participé à un autre défilé dans la principale rue commerçante de Bordeaux, la rue Sainte-Catherine, qui avait fait grand bruit le soir d'Halloween, le 31 octobre 2019.

Il faut dire que le rodéo est devenu une mode, dangereuse, mais très appréciée des jeunes des cités. Le rodéo, pratique en vogue dans les quartiers populaires de Bordeaux.

Dans les quartiers populaires de la Benauge, du Grand Parc, des Aubiers ou encore de Bacalan, les habitants ne supportent plus ces rodéos quotidiens ou presque. Ils s'en font l'écho à la mairie.

C'est un sujet de préoccupation majeure, les gens en ont marre. Mais la réponse n'est pas que sécuritaire. La logique de saisie des engins par la police a ses limites. Il va peut-être falloir réfléchir à aménager des espaces qui permettent à ces jeunes d'avoir des aires de pratique.

Pierre De Gaétan Njikam

Maire-adjoint du quartier Bordeaux Maritime

Car la discipline a ses adeptes partout en France, essentiellement dans les quartiers populaires. Et plutôt que d'interdire cette pratique, il conviendrait peut-être de l'encadrer comme cela a été fait pour le skateboard.

Il y a 3 ou 4 ans, les doléances à l'encontre des skateurs pour les mêmes griefs étaient nombreux dans le centre-ville de Bordeaux. Les planches à roulettes sont bruyantes et les figures réalisées avec plus ou moins de bonheur suivant le niveau des pratiquants comportent aussi un risque pour les passants à proximité immédiate.

La ville avec les représentants locaux du skate ont écrit un guide de bonnes pratiques, aménagé des lieux et des horaires pour la discipline. Ce qui permet de sanctionner d'autant plus fortement les contrevenants.

Mais dans le cas des rodéos motos, il sera difficile de parvenir au même résultat. Les apprentis pilotes sont très jeunes pour la plupart, souvent mineurs et issus des quartiers populaires. Un groupe, les Bordeaux Bike Life, compile ses exploits sur une chaîne Youtube.

Mais la pratique, si elle a aussi son jeu vidéo et est popularisé par quelques casse-cou sponsorisés, n'existe pas en tant que tel. La mairie de Bordeaux, si toutefois elle en avait la volonté un jour, manquerait d'interlocuteurs.

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé lundi avoir confié à deux députées une mission de réflexion afin d'élaborer un nouveau plan de lutte contre les rodéos urbains, qui ont perduré en dépit du confinement.

En déplacement dans un commissariat parisien, après un rodéo urbain le 15 mai sur le périphérique de la capitale au cours duquel un policier a été blessé, le ministre a fait valoir que "l'heure était arrivée de mettre en place un nouveau plan d'actions, plus ambitieux encore, plus global contre les rodéos urbains".
"Nous devons", a-t-il dit, "relever, plus encore, le défi des saisies des véhicules, en nous appuyant davantage sur le renseignement et l'enquête judiciaire. Car en confisquant les motos, les quads et les scooters des délinquants, nous les privons de leur capacité à nuire, à se mettre eux-mêmes en danger".
Le ministre a aussi évoqué un travail de prévention à mettre en oeuvre en lien "avec les collectivités et les associations" et la nécessité d'impliquer "plus et mieux les polices municipales" et "d'œuvrer plus étroitement encore avec la justice".
Il a confié à deux députées LREM, Natalia Pouzyreff - ancienne rapporteure de la proposition de loi sur les rodéos urbains - et Catherine Osson, la mission d'élaborer ce nouveau plan anti-rodéos.
Depuis une loi de 2018, le rodéo urbain est un délit passible de deux ans de prison ferme et 30.000 euros d'amende, ce qui a donné une base légale aux forces de l'ordre pour intervenir dans ce domaine.
Durant le confinement, les rodéos ne se sont pas arrêtés. Au total, a relevé M. Castaner, "les interventions pour des faits de rodéos urbains ont augmenté de 15 %". Il a tenu à préciser qu'il ne s'agissait "pas nécessairement d'une hausse du nombre de rodéos, mais d'un changement des pratiques : les rodéos en groupes plus importants, comme une bravade supplémentaire à la loi, se sont multipliés". "337 infractions ont été relevées" au cours de cette période, a-t-il ajouté.
Interrogé sur ce nouveau plan par la presse, il a répondu qu'il s'agissait "de renforcer l'ensemble du dispositif, d'évaluer (la loi de 2018), de voir les forces et les faiblesses, voir si l'on doit réorienter nos services".
Avec ce texte ont été créées dans les grandes agglomérations des cellules dédiées, dont l'action passe par le renseignement, la saisine des motos et leur destruction, notamment. Depuis son adoption, a précisé le ministre, 39.051 interventions des forces de l'ordre ont été réalisées et 3.596 infractions relevées.

(Avec A.F.P.)

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