Les rugbywomen du Stade Bordelais ont dominé leur poule dans ce championnat de France Elite. En finale, ce samedi 8 juin à Bourgouin-Jallieu, elles retrouvent l’équipe de Romagnat. Les Lionnes et leur effectif d’internationales partent à la conquête d’un deuxième titre consécutif. Nous les avons rencontrées lors de leur entraînement à Bordeaux.
On s’était dit rendez-vous dans un an...Les Lionnes du Stade Bordelais ont fait partie des premiers clubs à accueillir et faire confiance à l’équipe de Rugby Magazine. À l’époque, nous avions été choqués par la vétusté des vestiaires, la salle de musculation était en rénovation et que dire du Club House, presque insalubre.
Depuis, les filles sont devenues championnes de France, preuve que le travail et la rigueur paient malgré la rudesse des infrastructures. Alors ce titre a-t-il tout changé ? Les choses avancent mais en cette période pré-olympique, nous parlerons plutôt d’une allure marathon que de celle d’un 100 mètres.
Profiter des infrastructures de l’UBB
Le Stade Bordelais fait partie des équipes qui comptent le plus de joueuses internationales dans le championnat. Toutes ont un contrat fédéral, elles sont rémunérées par la Fédération Française de Rugby, un salaire qui oscillerait entre 3000 et 4500 euros par mois.
“Ici à Bordeaux, on est sept professionnelles, mais toutes les autres sont soit étudiantes soit elles travaillent. Les internationales, on s’entraîne en plus à la mi-journée, sinon c’est le soir. On est souvent parties avec l’équipe de France, après, il faut prendre le temps de créer un collectif ” nous explique Agathe Sochat, capitaine bordelaise et talonneuse internationale.
Parmi les évolutions positives, un début de reconnaissance. Tous les mardis le CEVA, le centre d’entraînement des garçons de l’UBB, s’ouvre aux Lionnes. “On est très bien accueillis, on profite des infrastructures, nos deux clubs s’entendent bien, les deux présidents s’apprécient. Quelle sera la suite ? Je n’en sais rien, ce n’est pas moi qui décide” nous confie François Ratier, le nouveau manager de l’équipe.
Championnes du système D
Le titre de championnes de France n’a pas gommé le manque de moyens du côté du stade de Sainte Germaine au Bouscat. L’une des dernières séances vidéos est organisée au Club House, celui que nous avions trouvé presque insalubre, il y a un an. Les filles nous assurent que des travaux de rénovation ont été effectués, nous les croyons sur parole mais les locaux sont toujours indignes d’une équipe de ce niveau. Agathe Sochat et Fabiola Forteza entament une analyse du jeu de Romagnat, leurs adversaires pour la finale.
Au bout de quelques minutes seulement, plus d’écran télé. Il en faut plus pour perturber le groupe, les filles se rapprochent et terminent l’exercice, resserrées autour de l’écran de l’ordinateur. Quand on manque de moyens, on devient championnes du système D.
Un plan "anti Trémoulière"
Les joueuses du Stade Bordelais feront leur dernier entraînement sur la route, à Tulle en Corrèze. Pour couper, un peu, le long voyage en bus jusqu’à Bourgoin-Jallieu. Techniquement et tactiquement, les Lionnes sont prêtes à conquérir un nouveau titre. Pour cela, il faudra faire douter une certaine Jessy Trémoulière, 78 sélections en Equipe de France.
L’arrière et buteuse auvergnate a réalisé une demi-finale quasi parfaite face à Toulouse. À 31 ans, elle rassure et tire ses coéquipières vers le plus haut niveau. “ Pour moi, Romagnat en finale ce n’est pas une surprise, on les a rencontrées deux fois cette saison, à chaque fois on a gagné mais c’était très serré. Il y a une vraie identité dans ce club. Jessy est en grande forme en ce moment, il ne faut pas lui laisser l’espace, sinon on va souffrir ” déclare Agathe Sochat avec le sourire.
Ces filles-là sont sympathiques et abordables, en plus de faire partie des meilleures joueuses de rugby du pays. Pour faire avancer les mentalités, elles acceptent parfois de se dévoiler. Nina, la petite fille d’Agathe, a conquis l’ensemble du public français, dans les bras de sa maman lors des hymnes à l’occasion du match France-Angleterre. Le rugby féminin évolue, peut-être plus vite finalement qu’il n’y paraît. Dans son sillage, il entraîne l’ensemble de la société française.
Pour suivre le match Stade Bordelais-Romagnat, c'est en direct à 19H15 sur France 4.