Sécurité. Accusé de laxisme, Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux se défend : "je suis pragmatique, mais pas shérif"

En visite dans les locaux de la police municipale lundi 8 avril, Pierre Hurmic a tenu une conférence de presse sur la sécurité. Le maire de Bordeaux a tenu à "contrecarrer certaines contrevérités et propos délibérément mensongers qui circulent à propos de la sécurité à Bordeaux".

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Tergiversation, inaction, mensonge, le maire de Bordeaux est la cible de son opposition sur la question de la sécurité à Bordeaux. Pierre Hurmic l'a souligné ce 8 avril, il  "entend dire des choses parfaitement inexactes".
"
La collaboration entre la ville, la police municipale et la police nationale se passe bien, c’est pour ça qu’on arrive à des résultats que je crois encourageants, a assuré l'élu, qui s'exprimait sur la délinquance ce lundi 8 février. Mais c'est un combat quotidien, jamais arrêté. On s'investit beaucoup sur le terrain de la tranquillité publique."

Moins de cambriolages, plus de délits

Le maire de Bordeaux a annoncé des chiffres qui "traduisent une baisse de la délinquance à Bordeaux ces dernières années". Notamment moins 5,38 % de cambriolages par exemple. Mais Pierre Hurmic indique par ailleurs que "les chiffres sont en légère hausse". "C'est dû principalement aux vols à l’intérieur des véhicules (+ 45 %), qui représentent près de 15 % des crimes et délits enregistrés", note-t-il. Ce qui explique une augmentation de l'insécurité globalement. Les violences aux personnes ont, elles, augmenté de 0,1 % en 2023.

Le nombre d'agents actifs a augmenté depuis 2020, passant de 138 à 218 en 2024, dont 170 policiers municipaux et 48 ASVP soit une hausse de 23 %. À la fin de l'année, leur nombre passera à 228 avec un objectif de 280 agents en 2026.

"L'écologie, c'est le pragmatisme"

Le maire de Bordeaux annonce une hausse de 11,5% de budget pour la police municipale en quatre ans. Interrogé sur sa position sur les caméras, dont le nombre va augmenter de 58 %,  à son arrivée à la mairie de Bordeaux, Pierre Hurmic justifie son revirement :"J'étais très hostile aux caméras de vidéosurveillance parce qu'à l’époque, elles étaient présentées comme destinées à pallier le retrait des policiers de terrain. Je me suis toujours insurgé contre ça en disant qu'on a besoin de policiers dans les rues, les caméras ne remplaceront jamais la présence physique."

On va arriver au seuil de 215 caméras de vidéosurveillance cette année.

Pierre Hurmic

Maire de Bordeaux (EELV)

"L’écologie, c'est le pragmatisme. Quand vous êtes maire, vous êtes amenés à prendre des décisions pragmatiques, adaptées aux attentes de vos concitoyens. Je crois être très attaché à ce pragmatisme du quotidien, insiste Pierre Hurmic. Donc, on embauche des policiers municipaux,"

Je suis pour une police de proximité. À une époque où on l’a démantelée, je veux prouver que la proximité ça paye, je donne l’exemple.

Pierre Hurmic

Maire EELV de Bordeaux

L'opposition enfonce le clou

L'élu LR d'opposition Nicolas Florian a réagi aux propos et aux chiffres donnés par Pierre Hurmic. "Je crois qu'on ne vit sur la même planète. C'est toujours facile de se comparer à d'autres. Quand on écoute les Bordelaises et les Bordelais, on voit qu'il y a une vraie question autour de la sécurité. Le maire se rassure en disant que l'augmentation est moins importante qu'ailleurs, mais le sujet, c'est qu'il faut la réduire", a-t-il commenté.

Depuis 2021, il y a eu une trentaine de recrutements de policiers supplémentaires. "Il faut adapter le recrutement de nouveaux policiers aux besoins du moment, il faut en recruter 80 ou 100 ", affirme Nicolas Florian. "Nous sommes en totale contradiction sur le sujet".

Aujourd'hui, il n'y a pas assez de policiers sur le terrain.

Nicolas Florian

Elu municipal d'opposition ( LR) à Bordeaux

 

Nicolas Florian dénonce un volontarisme éloigné du terrain. "Les investissements ne sont pas suffisants ! C'est une question de choix politique. Troisième argumentation : le contrat de sécurité intégrée avec l’État, " Il faut le faire ! Que le maire de Bordeaux provoque la signature avec l'Etat qui est prêt", assure-t-il.

Un contrat de sécurité intégré toujours en attente

Le contrat de sécurité intégrée (CSI) n'est pas encore signé entre la ville de Bordeaux et l'État. Pierre Hurmic a écrit au ministre. Deux points de blocage demeurent : les effectifs et le financement des caméras de vidéoprotection. Pierre Hurmic se défend de tout attentisme de son côté.

"C'est incompréhensible qu’il ne soit pas signé. J’ai donné notre version définitive, le résultat de discussions qu'on a eues ici avec la préfecture, en juin 2023. Depuis, le projet de contrat est sur le bureau du ministre de l’Intérieur. J'ai encore vu Monsieur Darmanin en février, il m'a indiqué que j'aurai des nouvelles prochainement. Cela fait déjà neuf mois que je n'en ai pas eu."

Le maire de Bordeaux parle d'une "indiscrétion d'un conseiller municipal de Bordeaux, qui est en même temps ministre délégué aux comptes publics [il ne nomme pas Thomas Cazenave, ndlr], qui le regarde pour donner son opinion. J’ai trouvé ça extravagant et déplacé."

"Le maire tergiverse"

Des propos qui ne passent pas auprès de Pierre Hurmic. "On me dit "le maire ne veut pas signer", je veux rétablir la vérité : j’ai fait des propositions très précises et constructives, je suis prêt à le signer, mais je ne veux pas que ceux qui traînent actuellement essayent de m’imputer ces retards politiques et ces exploitations politiciennes, qui ne sont pas à la hauteur du débat."  

Sollicité par France 3 Aquitaine, Thomas Cazenave affirme que "cette accusation est mensongère". 

Comme à son habitude, Pierre Hurmic cherche à me faire porter le chapeau pour masquer sa propre inaction".

Thomas Cazenave

Ministre délégué aux comptes publics , élu d'opposition à Bordeaux

"Je ne suis pas signataire du CSI. Pierre Hurmic ferait mieux de prendre ses responsabilités pour ce contrat qui n'est de toute façon pas l'alpha et l'oméga de la sécurité à Bordeaux. Alors que les Bordelais attendent des réponses fortes face à l'insécurité, le maire tergiverse et négocie depuis trois ans pour le prix de caméras de vidéosurveillance", accuse le conseiller municipal.


"Ce ne sont pas des calculs d'apothicaire qui permettront de régler la question. Tant que Pierre Hurmic ne fera pas de la sécurité une priorité", Bordeaux est condamné à ce que rien ne change,
s'agace le ministre délégué aux comptes publics.

 Armer les policiers municipaux ?

La question de l'armement des policiers municipaux est également en première ligne. "Depuis combien de temps, on n'a pas rouvert le dossier de l'armement des policiers municipaux ?", s'interroge Nicoas Florian. Le maire de Bordeaux est contre. "Je considère que réclamer leur armement, c'est vouloir en faire des policiers nationaux. Les missions de la police municipale ne requièrent pas d'être armé, être en charge de la tranquillité publique ne requiert pas d'être armé. La sécurité publique relève de police nationale, c'est l’État qui est en charge de ça.", rétorque-t-il. 

Être chargé de la tranquillité publique, ce n'est pas démanteler les réseaux de trafic de drogue, je ne veux pas qu’on se trompe de zone de compétence.

Pierre Hurmic

Maire EELV de Bordeaux

 

La sécurité, un thème de la campagne électorale ?

La sécurité est devenue un sujet majeur et brûlant à Bordeaux ces dernières années, avant même l'arrivée de Pierre Hurmic à la mairie, et elle enflamme régulièrement les débats.

Le thème sera-t-il au cœur de la prochaine campagne des élections municipales dans deux ans ? "Je n'en sais rien. C'est très facile de faire de la démagogie sur la sécurité, c'est plus dur de tenir un discours de fond, de dire qu'il faut de la prévention, de la répression, de la proximité", répond le maire.

"En tant que premier magistrat de la ville, je suis très préoccupé par la délinquance de rue à Bordeaux, comme dans d’autres villes. Mais il ne faut pas me faire porter un chapeau plus grand que la superficie de mon crâne, lance-t-il avant de livrer son constat : moi, j'ai l’impression que dès qu’il y a un fait divers, le coupable, c'est le maire."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information