En août 2022, Jade Ponchet, 21 ans, est percutée par un jet-ski. Elle est depuis partiellement paralysée, ne peut plus parler ni entendre. Son père se mobilise désormais pour que la justice lui soit rendue et témoigne de son éreintant combat.
Jade qui sourit, qui chante un joyeux anniversaire à son père, ou encore qui s'entraîne à candidater pour un stage. Entre éclats de rires et taquineries, la jeune fille de 21 ans, diplômée d'une école de commerce, apparaît rayonnante entourée de ses proches. Ces vidéos ne datent que d'il y a quelques mois à peine.
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Projetée dans les airs
Depuis, la vie de Jade, et de sa famille, a bien changé, rythmée par les soins à l'hôpital. La jeune femme, tout juste diplômée, s'apprêtait à partir étudier à Hong Kong et profitait de vacances en famille en Guadeloupe, quand elle a été victime d'un tragique accident de scooter de mer, en août 2022. .
Le 5 août, elle participe à une sortie, encadrée, en scooter des mers. Alors qu'elle est juchée sur un jet-ski, à l'arrêt, un autre scooter lui fonce dessus. La scène se déroule sous les yeux de son père, monté sur une autre embarcation, à ses côtés. "Nous étions à l'arrêt, seuls au milieu de l'océan, sans aucune vague. Le jet-ski est arrivé à fond, sur elle. Elle était de profil. Les deux occupants disent qu'ils n'ont pas pu freiner", raconte Jean-Marc Ponchet, le père de Jade.
"On nous a demandé par trois fois de la débrancher"
Jade est projetée dans les airs. Son père plonge pour la récupérer et la hisse sur le jet-ski. S'ensuivront huit semaines de coma, et un traumatisme crânien. "On nous a demandé par trois fois de la débrancher, se souvient son père. Et on m'a expliqué que dans le meilleur des scénarios, elle serait en fauteuil à ouvrir les yeux cinq minutes par jour". Un souvenir encore douloureux.
On nous a dit que, si on ne la débranchait pas maintenant, et que plus tard, on devait abréger sa vie, le seul moyen serait de la faire mourir de faim. Et ça, ça prend huit jours.
Jean-Marc Ponchet, le père de Jadeà France 3 Aquitaine
"Je vous laisse imaginer la pression quand vous devez prendre cette décision-là, et que votre fille est dans le coma", se souvient Jean-Marc, non sans émotion.
La mère et la sœur de Jade restent optimistes, à raison : Jade a finalement retrouvé ses capacités cognitives. Depuis le 23 janvier, la jeune femme séjourne dans un centre de rééducation à Cenac, en Gironde. Paralysée du côté droit, elle ne peut plus bouger sa main, ni sa jambe. Elle n'entend pas, ne parle pas et souffre d'une apraxie de la main gauche, dont elle ne contrôle pas les mouvements.
"Elle ne peut pas se déplacer debout, elle est tout le temps en fauteuil roulant ou allongée. Elle a également un problème de vision, qui fait que lorsqu'elle lit, elle ne lit que d'un œil", détaille Jean-Marc Ponchet, son père.
"C'est très difficile de la laisser"
Jean-Marc Ponchet, qui rend visite à sa fille tous les deux jours, reconnaît que l'exercice le remue à chaque fois. "J'y vais quasiment en courant pour pouvoir la prendre dans mes bras. Je suis hyper heureux de la voir, et on voit qu'elle aussi est heureuse. Mais le soir, c'est très difficile de la laisser ainsi, emprisonnée dans son corps et de fermer la porte", raconte Jean-Marc, lui-même sous traitement antidépresseur et sous somnifères.
Le quotidien de l'étudiante est désormais rythmé par les exercices de kiné, de neuropsychologie et d'ergothérapie, et ce, de 9 heures à 17 heures. Celui de son père est consacré à la recherche de témoignages sur l'accident, aux échanges avec les assurances et à la recherche de contacts sur le plan médical.
Une pétition et un procès
Le père de Jade a également lancé une pétition pour interpeller "un maximum de gens sur ce qui s'est passé lors de l'accident". "J'estime qu'il ne s'agit pas réellement d'un accident comme si deux voitures se croisaient sans le faire exprès. Il y a une intention derrière, il y a même une violence basée sur le genre", avance-t-il au sujet de deux occupants du jet-ski mis en cause.
Il y avait l'intention derrière de l'impressionner, de vouloir faire les "cake". Et ça leur a complètement échappé. Il ne faut pas nier cette partie-là de l'histoire.
Jean-Marc Ponchet, le père de Jade, victime d'un accident de jet-skià France 3 Aquitaine
Un procès doit avoir lieu à Pointe-à-Pitre, en juin. Le père de Jade pointe du doigt les manquements à la sécurité et demande à ce que le moniteur, la société de location et les deux hommes impliqués dans l'accident soient poursuivis. "Les condamnations, ce n'est pas ce que je recherche. Je veux que la vérité soit dite", résume Jean-Marc Ponchet.