Pour 12 millions de personnes en France, chauffer correctement son logement, considérés comme des passoires thermiques, est devenu impossible. C'est le cas d'une retraitée installée à Saint-André-de-Cubzac en Gironde. Elle vit seule dans un logement très mal isolé, mais bénéficie depuis peu d'une aide du Département.
Yvonne Zadi Yoro est une retraitée de 69 ans. Elle vit seule dans un logement très mal isolé. Le vent, l'humidité s'infiltrent de partout. "Tout n'est pas bien raccordé... L'air passe", montre-t-elle, en passant sa main près des carreaux. Elle habite cette maison délabrée depuis cinq ans. Avec sa petite retraite, Yvonne ne peut pas payer de réparation.
Je n'ai pas d'argent pour aller autre part. Avec 1000 euros, qu'est-ce que je peux faire ?
Yvonne Zadi YoroRetraitée
Trou au plafond et grosses factures
Des fenêtres qui jointent mal, des carreaux cassés et puis surtout ce gros trou au plafond qui prend l'eau à chaque averse : l'air chaud ne reste jamais. Sur les murs jusqu'au toit, on peut voir les traces de moisissures qui ne vont pas sécher tout de suite.
La sexagénaire s'inquiète d'ailleurs, car l'eau s'écoule en direction du compteur électrique. Pourtant, il "compte" toujours ce que consomme le convecteur d'appoint qu'elle ajoute pour se chauffer "seulement la nuit". En 2023, sa facture d'électricité annuelle est montée à 3 000 euros.
Impossible pour la retraitée de payer cette somme astronomique. Yvonne contacte alors une assistante sociale du Département, qui lui parle du SLIME, un Service Local d’Intervention pour la Maîtrise de l’Énergie, créé pour aider les ménages dans sa situation. Il leur permet notamment d'effectuer un diagnostic énergétique avec pour but de réduire leur consommation. Des préconisations pour les propriétaires ou pour les usages du locataire pour limiter la note.
Elsa Soukarieh, son assistante sociale, reçoit d'ailleurs de plus en plus de gens comme Yvonne, dans des situations de précarité énergétique ou dont la consommation réelle dépasse celle estimée. Désormais, elle en croise chaque semaine. "Ces dernières années, on a pu voir des factures de régularisation à 6 000 euros", témoigne l'assistante sociale.
Des aides, des réparations
Grâce à ce dispositif, l'association partenaire nommée Les compagnons bâtisseurs, va réparer les dégâts principaux et installer du matériel neuf, économe en énergie. "Là, on déballe le chauffe-eau qu'on va installer en remplacement de celui-là. Il faut agir rapidement parce que, c'est sûr que passer un hiver de plus comme ça, ce n'est pas possible !", explique Nikita Möhlmann, salarié de l'association.
Pour autant, s'ils tentent d'aider ces personnes en grande précarité, il relativise son action. "Nous, on est juste un patch. On ne peut pas régler tous les problèmes". Mais pour Yvonne, qui n'aura rien à régler, leur aide est précieuse. "Je suis contente parce que, vraiment, ça a été une surprise pour moi", assure-t-elle dans un sourire.
Comme elle, 5 400 ménages ont été aidés depuis la création du Slime. Un an après les travaux, presque la moitié d'entre eux ont vu leur facture nettement diminuer.