Depuis jeudi, un groupe de manifestants a rejoint la coordination des intermittents précaires qui avait obtenu l'autorisation officielle d'occuper le Grand Théâtre. Problème, ce groupe a décidé d'enfreindre les règles établies en envahissant l'ensemble des lieux, dont la salle principale.
Il est absolument hors de question qu'on nous confonde avec des autonomistes qui ne respectent pas le processus démocratique.
Cette représentante des professionnels du spectacle et du monde de la culture ne décolère pas contre les quelques dizaines d'individus qui ont rejoint le mouvement lancé par la CIP, la coordination des intermittents et précaires de Gironde.
Ils bousculent le personnel de l'Opéra, ils insultent les gens, ils ne veulent pas parler, pas discuter. On a essayé d'échanger avec eux, ils nous répondent "on fait ce qu'on veut !
La CIP avait passé un accord avec la mairie et la direction de l'Opéra pour investir le hall et seulement le hall. L'objectif étant de réclamer la réouverture des lieux culturels et une meilleure prise en compte des précaires.
Les occupants avaient décidé de se relayer jour et nuit pendant une durée illimitée. Ces intermittents, étudiants et travailleurs précaires voulaient faire du Grand-Théâtre un lieu de convergence des luttes.
"Si demain on rouvre les lieux culturels mais qu'après la réforme du chômage passe et qu'aucune mesure n'est prise pour aider les précaires, les étudiants et les gens qui souffrent de la crise ça n'aura pas d'impact" déclarait lundi une étudiante. "On vit des précarités différentes mais c'est ce qui nous uni. On n'a plus de quoi bouffer" renchérissait une intermittente du spectacle.
Les voix sont unanimes mais le mouvement a quelque peu dérapé depuis. Le hall n'est plus le seul lieu investi comme en témoignent ces images filmées ce samedi.
Certains "dissidents" ont installé des matelas dans les étages et des banderolles dans la salle de spectacle qu'ils veulent utiliser pour organiser des réunions.
Hors de question de cautionner ces agissements pour la CIP. "Cela ne correspond pas à notre mouvement ni à nos méthodes. Ces choses là se votent, se décident ensemble. Ces gens là ont piétinné le processus démocratique".
Le collectif a publié un communiqué expliquant qu'il ne leur était "plus possible de poursuivre en l'état l’occupation du Grand Théâtre".
Ils ne comptent pas pour autant abandonner leur combat, soutenus par la municipalité qui suit le mouvement de près et assure qu'à ce jour aucune dégradation n'a été constatée. "Il faut recentrer la lutte sur la réouverture des lieux culturels sans éluder bien-sûr la question de la précarité, bien présente après un an de crise" estime Dimitri Boutleux, l'adjoint chargé de la création et des expressions culturelles.
Le message qu'on veut envoyer c'est de faire confiance aux régions et aux collectivités pour organiser une ouverture progressive des lieux culturels. Il faut abolir la règle du tout le monde pareil. Certains musées, certaines salles de spectacle ne sont pas incompatibles avec les restrictions sanitaires"
Il en va de l'intérêt général de retrouver une vie culturelle, intellectuelle et sociale plaident les professionnels du spectacle vivant qui disent maintenant attendre un signe de la part du gouvernement.
Voir le reportage de Marie Neuville et Marc Lasbarrères :