Ils sont âgés de 80 à 94 ans et sont montés à bord d'un petit avion de tourisme, au-dessus de la Gironde. Une initiative lancée par l'Ehpad dans lequel ils résident. L'occasion de redécouvrir leur environnement, et d'oublier, l'espace d'un instant, les contraintes du quotidien.
Son sourire s'écarte d'une oreille à l'autre. "C'était un beau voyage", s'émerveille Charles. À 94 ans, il est le doyen de cette sortie en avion, organisée par l'Ehpad Douceur de France de Gradignan, près de Bordeaux. Comme lui, huit résidents, tous âgés de plus de 80 ans, ont pu monter dans le petit avion quatre places, et découvrir sous leurs yeux pendant trente minutes, les sinuosités de la Garonne, les champs de vignes ou encore le château de la Brède. À la descente, les yeux de Charles pétillent encore. " Vu du ciel, c'est quand même beau la France ! "
"Ne pas envisager l'Ehpad comme un mouroir"
L'initiative de cette sortie en avion revient à l'Ehpad Douceur de France, situé à Gradignan dans la métropole bordelaise. Et c'est l'aéro-club de Bordeaux, installé à Léognan, qui organise ces sortie s dans les airs, avec, à chaque décollage, une accompagnatrice de l'Ehpad à bord du petit appareil. "L'objectif, avant tout, c'est de casser un petit peu l'image qu'on peut se faire des Ehpad, explique Marine Rousseau, responsable d'animation dans l'Ehpad Douceur de France à Gradignan. Il ne faut pas envisager les Ephad comme un mouroir."
On veut montrer que, même si on est en institution, on peut encore faire des choses, visiter les environs, et pourquoi pas, faire un vol en avion si on le souhaite.
Marine Rousseau, responsable d'animation dans l'Ehpadà rédaction web France 3 Aquitaine
La plupart des résidents ont déjà pris l'avion dans leur vie. C'est notamment le cas de Marie-France, qui a du mal à énumérer les nombreuses destinations parcourues. " Madagascar, Martinique, Algérie, Maroc, Iran... On a fait de sacrés voyages ! " L'octogénaire a longtemps suivi son mari dans ses déplacements professionnels. Mais, cette fois, c'est différent. Déjà parce que, pour la première fois, elle prend l'avion sans son époux, décédé. Mais aussi, parce que le vol se déroule à 7 km seulement de son lieu de résidence. " De ce côté-là, sur la Garonne, je ne connais pas. J'ai sauté sur l'occasion ! ", reconnaît-elle.
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Une rampe d'accès a été installée pour permettre aux personnes à mobilité réduite de s'installer dans l'aéronef. "L'idée, c'est aussi de montrer que, même si on a un handicap physique ou des difficultés à se repérer dans l'espace ou dans le temps, on peut oublier pendant 30 minutes le quotidien, les soins, l'Ehpad... et se remémorer des bons moments", poursuit Marine Rousseau.
On sait que ce ne sont pas des gens qui vont forcément revoler. Mais leur donner l'occasion d'accéder à cette dimension, et entendre "j'en reveux", ça donne du plein bonheur et ça donne du sens à ce que nous faisons.
Fabrice Bos, piloteà rédaction web France 3 Aquitaine
Compensation écologique
C'est lui qui, conscient de l'impact écologique de son activité - 38 litres de carburant à l'heure - a proposé de mettre en place, avec l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, un système de compensation du CO2 émis. Depuis 2022, des fonds sont donc reversés par l'aéro-club à des associations locales, dans l'idée de replanter des arbres et de préserver la biodiversité. "Si tout va bien, on sera en capacité, chaque année, de replanter l'équivalent de 1 000 arbres, soit la totalité du terrain de l'aéroclub de Léognan", assure-t-il.
D'ici-là, de nouvelles sorties dans les airs avec les séniors seront sans doute à prévoir. A l'issue de la journée, un montage photo et vidéo doit être présenté aux autres résidents, pour, qui sait, susciter de nouvelles envies. " La première fois, on est un peu dépassé. Le deuxième vol, on se rend mieux compte de ce que l'on voit", souligne Charles, qui se verrait bien reprendre un peu de hauteur.