Pour désengorger les urgences, un centre médical de soins immédiats a ouvert ses portes à Saint-Aubin-de-Médoc en Gironde. Une centaine de patients s’y rendent déjà chaque semaine.
Emma tente de garder le sourire. Le pied à l’air, la petite fille raconte sa mésaventure. “Je courrais dans la cour de récréation et ma cheville a fait 'crac', mais je ne suis pas tombée”, explique-t-elle bravement. Face à elle, Jean-Paul Lorendeau, un ancien médecin du Samu note ses symptômes.
"On habite à 5 km"
Pour être certain, il va falloir passer une radio. “Nous avons une salle de radiologie dans le centre”, indique le médecin. En 15 minutes, le verdict tombe : Emma écope d’une belle entorse à la cheville. “C’est dommage, je ne pourrais plus faire de gym pendant deux semaines”, soupire la petite fille.
Si Emma est déçue, sa mère, Nathalie, est soulagée. “On habite à cinq kilomètres. Ça nous évite d’aller aux urgences à Bordeaux et on a déjà l’attelle, c’est génial”, sourit la maman d’Emma.
Éviter d’aller aux urgences, c’est justement la raison d’être de ce centre médical. Ouvert depuis le 16 octobre à Saint-Aubin-de-médoc, il accueille une centaine de patients chaque semaine, sans rendez-vous. “On peut monter jusqu’à 250 patients par semaine”, explique Georges Kaskas, le second médecin à l’origine du projet.
Désert médical
Lui et Jean-Paul Lorendeau sont deux anciens du Samu. Pendant dix ans, ils ont trié et traité les urgences. “On veut être un maillon entre la médecine de ville et les urgences, qui font face à une affluence énorme”, explique Georges Kaskas. “70% des patients qui viennent ici seraient allés aux urgences si nous n’avions pas été là, et nous avons pu les soigner”, indique le médecin.
Dans la salle d’attente, Sébastien Paradis est encore en tenue de travail. Chauffeur-livreur, il vient de se fouler la cheville pendant qu'il travaillait. "C'est un vrai gain de temps. J'ai pu rapidement prévenir mon employeur, et je n'ai pas eu à attendre six heures aux urgences", explique le Castelnaudais.
Installé à Saint-Aubin-de-Médoc, le centre médical a aussi voulu pallier la pénurie de médecins. "On est dans un désert médical comme il y en a beaucoup en France, c'est aussi pour cela qu'on a choisi cet endroit", explique Georges Kaskas.
Sans dépassement d'honoraires
Au Samu, le projet fait d’ailleurs des curieux. “Certains voudraient nous rejoindre”, sourit Georges Kaskas. Pour créer ce centre, les deux médecins ont dû débourser 500 000€. “Même si nous sommes une structure privée, nous ne pratiquons pas de dépassement d’honoraires”, avance Georges Kaskas.
Dans les cinq salles de consultations, les patients défilent entre les mains des deux médecins et de deux infirmières qui les épaulent. Laëtitia Costes-Villetorte a exercé pendant de longues années en réanimation avant de devenir infirmière libérale. “Ici, je retrouve les soins concrets de la réanimation. Le rythme est soutenu, mais c’est ce que je recherchais aussi”, explique celle qui confie ne plus vouloir retourner à l’hôpital. “Ce sont des conditions trop difficiles aujourd’hui.”
Nous sommes en lien avec le Samu qui redirige aussi certains appels vers notre structure.
Georges Kaskasmédecin du CMSI de Saint-Aubin-de-Médoc
Blessures, douleurs, malaises ou pédiatrie, le centre accueille tous types de pathologies. En trois semaines, le centre a déjà doublé le nombre de patients quotidiens. Il envisage d’ailleurs d’ouvrir le samedi, et de recruter, pour assurer l’accueil des patients, un troisième duo de médecin et d’infirmière.
En Aquitaine, un autre CMSI a ouvert à Périgueux. Trois autres devraient ouvrir leurs portes prochainement, à Dax, Bordeaux et sur le Bassin d'Arcachon.