Trois ans jour pour jour après l'assassinat du professeur Samuel Paty, un hommage tout particulier lui a été rendu à Bordeaux. Un square portant son nom a été inauguré dans le quartier Caudéran.
Le ciel est bleu et ensoleillé en cette matinée du 16 octobre 2023 à Bordeaux, et le ton est solennel. Des élus, des enfants, des musiciens du conservatoire de la ville sont là pour rendre hommage à Samuel Paty. Nous sommes dans le quartier Caudéran, où un square est inauguré à la mémoire de ce professeur d’histoire-géographie, assassiné pour avoir exercé son métier.
Le 16 octobre 2020, la stupeur saisissait la France entière. Cet enseignant, comme tant d’autres dans le pays, était poignardé et décapité à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines. Tué par un jeune Russe d'origine tchétchène pour avoir montré, en classe, des caricatures de Mahomet pendant un cours sur la liberté d'expression.
Ce lundi 16 octobre 2023, trois ans jour pour jour après cette tragédie, des enfants de CE2 d’une école de Bordeaux lisent le poème Liberté de Paul Eluard. "Sur mes cahiers d'écolier, Sur mon pupitre et les arbres, Sur le sable sur la neige, J'écris ton nom (...) Et par le pouvoir d'un mot, Je recommence ma vie. Je suis né pour te connaître, Pour te nommer, Liberté".
"On rend honneur à un professeur d’histoire-géo qui a été assassiné à cause de ses idées, ça nous fait un peu de la peine," dit un petit garçon.
Le nom du nouveau square, décidé en conseil municipal en juillet dernier, fait aujourd’hui écho à l’attentat survenu il y a trois jours à Arras dans le Pas-de-Calais. Le professeur de lettres Dominique Bernard a été mortellement poignardé dans le lycée Gambetta par un homme d’origine tchétchène et fiché S, après s’être interposé entre le tueur et ses élèves.
Samuel Paty, Dominique Bernard, des héros anonymes du quotidien
Ces deux enseignants ont fait face à l’obscurantisme. Et Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux de reprendre l’expression "Ces héros tranquilles, ces héros anonymes" de l’ancien garde des Sceaux, Robert Badinter: "Ces héros tranquilles, ces héros anonymes, ces enseignants qui se battent tous les jours pour faire valoir auprès de leurs élèves les valeurs de la République auxquelles nous sommes si attachés, qui sont le ciment notre vivre ensemble et qui résistent à l’obscurantisme qu’il faut combattre tous les jours et ils ont payé très chèrement.",a-t-il déclaré dans un hommage appuyé.