C’est du jamais-vu à cette période de l’année. La canicule continue à gagner du terrain. Le thermomètre devrait frôler les 40 degrés. Ce sera pire demain samedi. La vigilance rouge débute ce vendredi, à 14 heures, dans 12 départements du sud-ouest et de la façade atlantique. La Gironde, les Landes, et le Lot-et-Garonne sont concernés
Le record de températures pour un mois de juin, va-t-il tomber ce vendredi en Gironde ?
Avec 11 jours d’avance, on risque de s’en approcher préviennent les prévisionnistes. La dernière référence, date du 28 juin 2011 où le thermomètre avait affiché 39.2 degrés à Bordeaux.
"C’est la première fois que l’on passe en rouge en Gironde. Une canicule si précoce, si intense, on n’avait jamais connu cela en juin" explique Laurent Perron, le directeur interrégional Sud-ouest de Météo France.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la température n’est pas descendue en dessous de 20.6 degrés à Bordeaux, avec un ressenti autour de 25 degrés.
Depuis le début de la semaine, le soleil règne sans partage. Et chaque jour qui passe le thermomètre s’affole un peu plus.
Des températures comme à Dubaï
Entre 37 et 40 degrés, sont attendus ce vendredi après-midi sur la région. Mais le pire est à venir. Cet épisode de chaleur va s’intensifier demain samedi avec des minimales comprises entre 20 et 22 degrés voire 25 degrés en Lot-et-Garonne.
La journée sera étouffante l’après-midi. De 38 degrés à 42 degrés, sont annoncés dans l’intérieur des terres en Gironde dans les Landes et au Pays basque.
"Ce sont des températures que l’on peut trouver à Dubaï" indique Simon Rebouissoux, ingénieur prévisionniste à Météo France. " Depuis que je travaille, j’ai rarement vu une masse d’air aussi sèche au sol. C’est très impressionnant à voir ".
Situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
Les rassemblements dans les lieux publics en extérieur et les endroits publics non climatisés sont interdits à partir de 14heures ce vendredi en Gironde, dans les Pyrénées atlantiques, les Landes. Ils sont fortement déconseillés en Lot-et-Garonne. Dans les zones "rouge", les cérémonies du 18 juin sont annulées. À Bordeaux, la municipalité ouvre gratuitement ses musées, vendredi 17 et samedi 18 juin.
Le préfet des Pyrénées-Atlantiques, département pourtant placé en alerte orange, a interdit des randonnées et des compétitions pédestres et cyclistes prévues dans le département samedi.
L'école en option
Les élèves sont autorisés à rester à la maison "du fait des températures très élevées, les parents qui le souhaitent et qui sont en mesure de le faire pourront garder leurs enfants à domicile et ne pas les envoyer à l’école ou au collège demain vendredi", a fait savoir le ministère de l'Éducation nationale.
Les pompiers en alerte
De leur côté, les pompiers guettent les départs de feu, favorisés par la chaleur et l'assèchement de la végétation.
En Gironde, un avion bombardier d'eau Dash est attendu à la mi-journée sur le tarmac à Mérignac où il sera positionné prêt à être engagé sur la zone de défense du sud-ouest.
Le massif nécessite une surveillance précoce le renforcement des centres de secours ayant une partie forestière.
Le risque est jugé sévère dans le département. "Il est classé 4 sur une échelle qui va de un à six" indique le Commandant Matthieu Jomain du SDIS de la Gironde.
Dans les Landes, la préfecture a restreint de 14 heures à 22 heures l'accès des véhicules aux chemins ruraux, aux pistes forestières et cyclables, ainsi que l'exploitation forestière comme certaines activités ludiques et sportives. Il est désormais notamment interdit de fumer, de bivouaquer en forêt.
Les experts du climat ne sont pas surpris
Cet épisode de fortes chaleurs intervient après un printemps particulièrement chaud et sec. Jusqu'ici, les épisodes caniculaires survenaient en août ou en juillet. Cette précocité est inédite. Elle ne surprend pas le climatologue Jean Jouzel : "nous vivons aujourd’hui ce que nous disons depuis 50 ans".
Et pour l’ancien vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ces épisodes caniculaires sont forcément liés au réchauffement climatique dû aux activités humaines de façon quasi-certaine. "C’est dans la continuité de ce que disent les rapports du Giec depuis 20 ans." juge le spécialiste.
Les experts sont unanimes. Il y aura de plus en plus de vagues de chaleur précoces ou tardives.
Dans les années à venir, les extrêmes pourraient devenir la norme. Les populations s'exposent à des pics de chaleurs plus intenses et plus fréquents. "Avec 3 ou 4 degrés de plus, les événements vont se multiplier et devenir plus fréquents, plus intenses avec un risque que l’on ne maîtrise plus grand-chose" conclut Jean Jouzel .
La fin de l'épisode caniculaire est annoncée pour dimanche avec l'arrivée d'une dépression orageuse. Pour autant, les températures resteront élevées, aux alentours de 30 degrés, prévient Météo France.
Les records qui vont probablement tomber samedi 18 juin 2022
Les maximales :
23 juillet 2019 : 41°2 à Bordeaux
04 août 2003 : 41°1 à Bergerac
01 août 1947 : 42°5 à Mont-de-Marsan
04 août 2003 : 40°2 à Capbreton
01 août 1943 : 41° à Agen
Les minimales :
25 juillet 2019 : 25°4 à Bordeaux
14 août 2003 : 23°4 à Bergerac
14 août 2003 : 23°8 à Mont-de-Marsan
21 juillet 2006 : 24°7 à Capbreton
14 août 2003 : 23°7 à Agen