Difficile de passer les fêtes quand on n'a pas de proches avec qui partager ce moment. Chaque année, il y a ceux qui sont tout excités d'organiser des fêtes familiales avec enfants, grands-parents, oncle et tante, et ceux qui appréhendent de se retrouver seul. À Bordeaux, nombreux sont ceux qui choisissent d'aider les plus isolés.
Chaque année les fêtes reviennent, une occasion de retrouver dans sa famille pour beaucoup. Mais aussi un moment parfois difficile pour ceux qui n’en ont pas, ne le souhaitent pas ou ont coupé les ponts. Parmi ces gens isolés, certains se retrouvent sur les réseaux, groupes d'entraide et souhaitent aider les plus fragiles.
"Je propose d’organiser un réveillon chez nous "
Sur les réseaux sociaux, les petites annonces de personnes organisant un foyer se multiplient. Parmi elles, celle d'une maman d’un fils de 10 ans habitant non loin de Bordeaux qui se dit "SDF de réveillon" et qui a une grande maison pour recevoir un "petit comité"de 10 personnes pour partager "la magie de Noël".
Cette autre annonce, postée par une jeune femme bordelaise, annonce la couleur. "Je pense que nous sommes nombreux cette année à passer Noël seul". Elle propose de fêter le 24 décembre chez elle selon les modalités de l'auberge espagnole.
Mais au-delà de l'idée de cette envie de convivialité, il y a aussi parfois ce besoin de générosité. La jeune maman explique avoir déjà testé des tas de réveillon différents chez des amis, au cinéma, avoir fait l’expérience d’être reçue chez des inconnus ou encore d’avoir maraudé dans les rues de Bordeaux. De cette dernière expérience, elle semble avoir gardé un souvenir très marquant qu’elle qualifie de "magique."
Beaucoup de demandes auprès des associations de maraude
Cécilia Fonsecca est la présidente de "Les Gratuits", une association qui organise des maraudes toute l’année. Comme chaque année à cette période, elle reçoit beaucoup de propositions pour participer à des maraudes pour les fêtes. "Des propositions de bénévolat auxquelles on ne peut pas répondre", car "l’association ne fait pas de maraude le 24 et 25 décembre, ni le 31". "Beaucoup d’assos font de même" poursuit-elle, ces temps-là étant réservés pour que les bénévoles à l'année se ressourcent auprès de leurs proches.
"Si les fêtes sont difficiles pour certains, nous, on veut fêter Noël en famille", sourit-elle. Pendant que les bénévoles font une pause, les relais citoyens s’organisent, et certaines associations organisent quant à elle des maraudes ces jours-là. "Ce sont des périodes ou beaucoup de collectifs citoyens font des choses".
"Les initiatives individuelles sont chouettes à cette période".
Pour ceux qui souhaiteraient organiser une maraude par eux-mêmes, Cécile Fonsecca dispense quelques conseils. "C'est une excellente idée, les initiatives individuelles sont chouettes à cette période", assure-t-elle avant de mettre en garde les bonnes volontés mal préparées. Ne devient pas bénévole auprès des populations à la rue qui veut. Il faut faire preuve d'écoute et d'organisation.
Le point de départ étant de s'organiser pour préparer des repas chauds, "Se regrouper et ne pas partir tout seul", car "partir tout seul dans son coin ne sera pas efficace" et surtout, se rapprocher des associations. "Cela permet de connaître les parcours et ne pas partir à l’aventure sur des campements avec des animaux par exemple", poursuit la responsable associative.
C’est dommage de préparer 80 repas et d’en avoir 30 sur les bras parce qu’on ne sait pas où aller.
Cecilia FonseccaLes gratuits/solidarité en Gironde
La bénévole bien rodée à l'exercice appelle à rejoindre des groupes déjà montés, notamment sur la page Facebook de Wanted, réseau d'entraide existant en Nouvelle Aquitaine et à Bordeaux.
"Parler, c'est se décharger du poids de la solitude"
La solitude le soir de Noël, ce n'est pas que dans les films. Le film "le Père Noêl est une ordure " a bien traduit le sentiment de ces personnes très isolées les soirs de Réveillon qui se tournent vers une écoute active. SOS amitié en fait l'expérience chaque année. À cette période, les appels peuvent jusqu'à tripler.
"Ces périodes de fête ou les gens se réunissent, se rencontrent et se retrouvent pour partager des moments heureux, raconte Bruno Tesseire, Président de SOS Amitié Bordeaux, toutes les personnes isolées ne peuvent pas vivre ça et ressentent d’autant plus ce sentiment d’isolement et d’être laissé-pour-compte, d’être abandonné, délaissé".
Si l'écoute active est la même pour l'association nationale tout au long de l'année, les soirs de fête où le sentiment d'abandon peut être plus fort, celle-ci peut être primordiale. Le Président de l'association d'écoute y est très attentif : "on sait qu'exprimer ses sentiments et ses ressentis, c’est déjà s’en libérer en partie. C’est déjà au moins se décharger du poids de cette solitude".
La solitude reste mais son poids se fait moins lourd.
Bruno TesseirePrésident de SOS Amitié Bordeaux
Mais attention, si vous souhaitez vous improviser écoutant le soir de Noël, ce ne sera pas possible. Il y a des règles à respecter pour aider son prochain et des rudiments à intégrer : "on ne devient pas bénévole du jour au lendemain" indique le président de l'association d'écoute. Un parcours de cheminement et d'apprentissage de 5 à 6 mois est nécessaire, tout comme un engagement de donner 20 heures de son temps par mois à l'association, ainsi qu'une nuit par mois.
"C'est une expérience humaine extrêmement riche" insiste Bruno Tesseire qui indique manquer toujours de bénévoles tout au long de l'année et spécifiquement les soirs de fête.
Tout au long de l'année en France, 3 700 000 appels sont passés pour un appel sur cinq pris en charge la nuit. Les soirs de fêtes, où la solitude est plus difficile à vivre, "on prend un appel sur 10, ou même sur 12" rappelle le Président. De quoi se motiver pour se former pour les fêtes prochaines et être sûr de ne pas les fêter seul. Pour cela, vous pouvez déposer votre candidature sur ce mail : sosamitiebordeaux@wanadoo.fr
Liste non exhaustive des associations organisant des distributions pendant les fêtes, répertoriées par Cécilia Fonsecca. Attention, prévient-elle, "c’est peut-être déjà plein".
- Le CSOR (collecte de secours et d’orientation de rue), prévoit une maraude de distribution sanitaire avec chaussettes et chocolats, les 24 et 31 décembre entre Sainte-Catherine et la Gare st Jean.
- "Toutes à l'abri" une association spécialisée dans le suivi des femmes à la rue, organise une distribution le 24 au soir.
- L'association "Graine de solidarité" prévoit également une maraude le 25 au soir.
- L'association "Précoeurité" prévoit une maraude le 30 au soir