La plateforme de commerce en ligne Cdiscount (entreprise d'origine bordelaise dont le siège est à Bacalan) a été sanctionné par la Commission nationale de l'information et des libertés pour défaut de sécurité de données bancaires. Elle a été mise en demeure pour d'autres "manquements graves".
La Cnil a décidé "en raison de la gravité particulière des manquements constatés" d'engager une procédure de sanction contre la filiale de Casino sous la forme d'un "avertissement public", explique-t-elle dans un communiqué.
Cdiscount a conservé plus de 4.000 données bancaires, associées pour certaines à des cryptogrammes visuels, de façon non sécurisée.
Ces informations issues de l'activité de vente par téléphone de Cdiscount étaient conservées en clair dans un champ commentaire de sa base de données, ce qui les rendait potentiellement accessibles à des prestataires externes. La société a aussi conservé plusieurs millions de comptes d'anciens clients et prospects pendant une durée excessive.
Ces deux manquements à la loi Informatique et Libertés ont débouché sur un avertissement, même si la société a depuis remédié à la situation. La Cnil a aussi mis en demeure Cdiscount de corriger une dizaine de manquements dans un délai de trois mois.
Les contrôles ont ainsi permis de révéler des pratiques de lutte contre la fraude à la carte bancaire non autorisées par la Cnil et la présence de commentaires non pertinents dans la base de données tels que: "client a une maladie cardiaque", "client raciste", etc.
La Cnil a aussi noté que des coordonnées bancaires de clients avaient été enregistrées lors d'appels téléphoniques reçus par la société et que Cdiscount avait conservé les données bancaires de ses clients, sans leur demander leur consentement.
Enfin, la Cnil a tancé Cdiscount pour le dépôt de cookies (fichiers enregistrant la navigation de l'internaute) pendant des durées excessives, pouvant aller jusqu'à 30 ans, et une politique de mots de passe pas assez robustes.
Dans un communiqué publié mercredi soir, Cdiscount indique qu'une enquête interne a "montré que ces dysfonctionnements étaient limités à un seul centre d'appels auquel il a retiré l'activité depuis plusieurs mois. Dans le même temps, des contrôles quotidiens ont été renforcés pour veiller au strict
respect des règles", affirme-t-il.
Le groupe souligne que "ces pratiques demeurent isolées et sont contraires aux valeurs de Cdiscount qui les juge inadmissibles et comprend qu'elles aient pu choquer", évoquant notamment des "commentaires inadaptés".
Il précise cependant qu'"aucune faille de sécurité n'a été relevée" concernant les mots de passe des clients, et que le renforcement de leur complexité, demandé par la Cnil, "est effectif depuis mars dernier".
La Cnil a indiqué avoir reçu 80 plaintes depuis 2015 contre Cdiscount concernant des défaillances techniques qui ont entraîné la divulgation de données
à des tiers non autorisés. Elle a effectué plusieurs missions de contrôle entre février et mars 2016.
Cdiscount, qui appartient au groupe Casino, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,7 milliards d'euros en 2015.
Données bancaires des clients #Cdiscount : tout est rentré dans l'ordre affirme le PDG de l'entreprise E. Grenier https://t.co/J8DTYy5dpT
— franceinfo (@franceinfo) October 20, 2016
Ecoutez Emmanuel Grenier PDG de Cdiscount :