Comme un pied-de-nez à la fermeture des musées, certains artistes se mobilisent pour imaginer de nouvelles façons de montrer leurs oeuvres. A Mérignac, en Gironde, une initiative originale et poétique réenchante l'espace public. Rencontre.
Le propre de l'artiste est d'imaginer, de créer. L'artiste est créateur car il renouvelle les manières de faire de l'art. En ces temps de pandémie où l'on a fermé les musées et tout autres lieux d'expositions et de culture, cette imagination porte ses fruits et donne lieu à des projets tout à fait remarquables.
A Mérignac, si vous allez vous promener dans le Parc Bourran, vous allez croiser au détour d'un chemin des lutins aux mines farceuses sculptés sur des souches d'arbres coupés.
L'auteur de ces oeuvres facétieuses est le sculpteur Ronan Charles.
La sculpture "in situ" (sur place), Ronan la pratique déjà depuis presque 2 ans. L'artiste auparavant lot-et-garonnais est arrivé dans la région bordelaise en 2016 et face au peu de commandes publiques, il a décidé de sortir de son atelier et de se tourner vers la sculpture en extérieur.
J'intègre l'espace public pour me dégager des restrictions du travail en atelier, c'est un choix de liberté, une façon différente d'aller vers les autres.
Celui qui le premier a eu un coup de coeur pour le travail de Ronan Charles est l'artiste sculpteur et créateur des "Vivres de l'art" à Bordeaux, Jean-François Buisson. Après y avoir exposé une première fois ses oeuvres en 2017, Jean-François Buisson a laissé libre court au talent de l'artiste pour qu'il réalise ses premières sculptures sur le site, la première ayant été réalisée durant le confinement.
Pour le projet du Parc Bourran, à Mérignac, un domaine qui est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, il s'est adressé à la direction de la culture de la ville de Mérignac.
Après avoir constitué un dossier solide et argumenté, la ville a accepté d'accompagner le travail de l'artiste, dans le cadre du soutien des initiatives locales proposé aux habitants. Il a alors rencontré le gestionnaire du patrimoine arboricole et le chef des élagueurs qui l'ont aidé à choisir les souches exploitables dans le respect du site et de la faune.
Un artiste sensible à l'environnement et qui donne par son art, une seconde vie à des souches d'arbres morts et vouées à la destruction. Une sorte d'"upcycling" artistique.
Qu'est-ce qu'un sculpteur sinon quelqu'un qui cisèle les restes. Il y a des matières partout et on peut presque tout sculpter...
Gageons que d'autres villes savent déjà, où sauront bientôt se laisser tenter par ce type de projets inspirants. Ils soutiennent les artistes et offrent au public de toutes les générations le plaisir de découvrir l'art autrement...
N'hésitez pas à aller faire un tour au Parc Bourran et comme les nombreux promeneurs, laissez-vous surprendre et séduire par les créations ludiques et poétiques de Ronan Charles.