Environnement : création du plus grand parc photovoltaïque d’Europe à Saucats en Gironde sur fond de polémique

Le projet pourrait voir le jour en 2027. Mais avant cela, il doit être avalisé, alors que déjà des voix s’élèvent contre évoquant un problème écologique. Cette semaine s’ouvre le débat public obligatoire pour un projet de cette ampleur.

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Une centrale photovoltaïque de 1000 hectares. C’est énorme, l’équivalent de 1200 terrains de football. L’électricité produite serait d’1 GigaWatt. Le site retenu se trouve sur la commune de Saucats en Gironde. Problème, il faudrait raser 1000 hectares de pins, « un paradoxe environnemental » pour certains élus qui dénoncent ce projet.

Saucats et ses pins

Si cette commune a été retenue, c’est qu’un poste de transformation de RTE se trouve déjà à Saucats. Relié à une ligne très haute tension, il est capable d’injecter de grosses quantités d’électricité dans le réseau. Le coût de ce projet nommé « Horizeo » est de 1 milliard d'euros.
Il est porté par Engie, Neoen, et RTE, et la Banque des territoires. Le parc photovoltaïque d'environ 1GW devrait alimenter « plusieurs « briques » technologiques : des batteries de stockage d'électricité, un électrolyseur produisant de l'hydrogène, un data center sur une surface de 5ha maximum ».

Actuellement sur ce site, on trouve 1000 hectares de forêt, en l’occurrence des pins appartenant à un groupement forestier. Ce terrain est donc utilisé pour la sylviculture mais aussi la chasse à laquelle sont attachés de nombreux Girondins.

Un débat public organisé jusqu’au 9 janvier prochain

C’est une obligation. Ce débat public est incontournable pour un projet d’une telle ampleur. Concrètement, il va permettre aussi bien d’informer que de noter les objections des uns et des autres. Un dialogue dans les deux sens pour trouver un consensus. La première réunion publique se tiendra le jeudi 9 septembre. 

« Notre ambition est d’abord d’informer », explique Jacques Archimbaud, le président de la Commission particulière du débat public Horizeo. « Le deuxième sujet est de traiter l’ensemble des aspects du problème, c’est-à-dire les aspects environnementaux, économiques, les aspects sociaux. Les aspects forestiers, de risques technologiques ou industriels. On n’oublie aucun des sujets ».

Les interrogations d’Alain Rousset

Clairement, les avis sont partagés sur ce projet. Et le discours d’Alain Rousset en est la parfaite illustration. « A la fois, il va dans le bon sens », dit le président de Région, « et à la fois, il doit être décliné, et le diable est souvent dans le détail ».

Pour Alain Rousset, « décarbonner » est un « devoir climatique ». « Aujourd’hui 5% de l’électricité en Nouvelle-Aquitaine provient du photovoltaïque », dit-il, « il faut qu’on augmente ».

Pour autant, Alain Rousset aimerait que l’on réponde à certaines de ses interrogations. « Pourquoi le gouvernement a laissé la main aux énergéticiens et n’a pas avec les intercommunalités, la région, et les filières, plutôt réfléchit aux meilleurs localisations moins impactantes sur le territoire ? ». Comment ne pas imperméabiliser la totalité du site en laissant la végétation et la biodiversité (y compris l’agriculture) se développer ?
Sur ce point le président de la région pourrait être assuré car le projet prévoit « une parcelle agricole orientée vers la restauration collective du territoire ».
Reste à savoir de quelle ampleur sera cette surface. Et enfin, quelles technologies utiliser et pour quelle rentabilité ?

On est bien dans un choix d’avenir. Il faut bien le cadrer (…) mais il faut qu’on progresse.

Alain Rousset

« On ne peut pas se contenter aujourd’hui simplement de recouvrir les toits", poursuit-il. "Cela n’est pas la réponse. Alors est-ce que c’est de très grands projets comme celui-ci ? Est-ce que c’est la multiplication de projets de 50 hectares, 100 hectares etc... ? Ou est-ce qu’en regardant le futur des technologies est-ce que c’est un site qui pourra avoir toutes les compensations (…) mais qui ne soit pas totalement compact ? ».  

L’opposition de Jean-Luc Gleyze

Pour l’instant, le président du conseil départemental de La Gironde est opposé à ce projet. "C’est le paradoxe environnemental aujourd’hui : développer des énergies renouvelables et en même temps, couper 1000 hectares de forêt, sachant que la forêt est un poumon qui absorbe du CO2 et qui donc est une réponse aux questions environnementales. Donc, je pense que le sujet mérite d’être véritablement débattu », poursuit l’élu.

Pour ce qui me concerne, je pense qu’il y a d’autres voies à creuser que de couper de la forêt, 1000 hectares de forêt, en particulier pour réaliser du photovoltaïque.

Jean-Luc Gleyze

"Il existe parfois des friches en forêt comme d’anciennes décharges contrôlées d’ordures ménagères qui pourraient être réinvesties pour du photovoltaïque", propose le président du conseil départemental.
"On ne peut pas parler absence d’artificialisation des sols et dire qu’on construit du photovoltaïque sur une forêt. Alors qu’à contrario, aujourd’hui quand vous voulez dans une communauté de communes rurales implanter une entreprise ou parfois implanter un projet d’équipement public, et bien on vous demande de ne pas artificialisé les sols. Et donc je trouve qu’il y a là aussi un paradoxe dans l’application de la loi (…)".

"Je crois qu’il y a des voies à trouver sur l’application de la loi et l’esprit de la loi", poursuit-il. "J’en ai déjà alerté la préfète qui est plutôt sensible au sujet. Mais il faut vraiment concilier l’aménagement du territoire avec cette question du non étalement urbain ou de l’absence d’étalement urbain. Je pense qu’on peut trouver des solutions mais il faut y travailler de façon plus accentuée, plus approfondie me semble-t-il, que de poser ainsi un projet qui à mon avis a un impact environnemental très fort ".

Quel rôle peuvent jour les pouvoirs publics dans cette dynamique environnementale ? « Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer », répond Jean-Luc Gleyze. « Mais lorsque sur un collège, nous mettons du photovoltaïque, c’est évidemment une des réponses. Lorsque le parc de stationnement du parc des expositions de Bordeaux a été couvert de photovoltaïque, c'est une des réponses. Donc je crois qu’il faut regarder de quelle manière nous pouvons dans les communes, au Département, la Région et la Métropole, trouver des solutions mais des solutions qui soient des solutions beaucoup plus vertueuses que le fait de couper 1000 hectares de forêt. Nous pouvons être pleinement acteurs et je pense que les solutions peuvent exister ».

Tous les acteurs de ce dossier ont quatre mois pour évoquer toutes ces questions lors du débat public. La réunion publique d’ouverture se tiendra le jeudi 9 septembre à 18h30 au Palais des congrès à Bordeaux Lac. Seront notamment présentes Chantal Jouanno, Présidente de la Commission nationale du débat public et Fabienne Buccio, Préfète de la Région Nouvelle-Aquitaine. Cette réunion est publique et donc ouverte à tous. Pour vous inscrire, cliquez ici.

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