"Je me suis trouvé mal, il restait à la fin 30 hommes à évacuer. On avait l'eau à 2 mètres, le feu sous le plancher. J'ai failli tomber dans les pommes et on m'a
hélitreuillé", raconte pour sa part Philippe Moyses, de Bordeaux.

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Philippe s'émeut encore jusqu'aux larmes pour avoir "vu la mort en face". "Je me suis trouvé mal, il restait à la fin 30 hommes à évacuer. On avait l'eau à 2 mètres, le feu sous le plancher. J'ai failli tomber dans les pommes et on m'a hélitreuillé", raconte pour sa part Philippe Moyses, de Bordeaux.

"Là où on a vu la mort en face, c'est quand on n'était plus que 30. Là on a dit : ça y est, on y passe".


"Ce matin je me suis levé, j'avais dormi comme un loir, je me suis mis au bord du lit, j'ai 62 ans, et j'ai pleuré tout seul", raconte encore Philippe, en revivant les moments de la tragédie.

Ce passager français, ils étaient dix au total, tient lui aussi à donner un "coup de chapeau" : les pilotes des hélicoptères militaires italiens ont effectué un travail difficile dans des conditions de quasi tempête, souvent de nuit et bravant d'abord les hautes flammes et ensuite une épaisse fumée noire.

Faute de bagages, perdus dans l'incendie du ferry, Philippe porte des sandales offertes par la Croix rouge locale.
"Je m'en vais avec l'ambassadrice acheter des chaussures", lance-t-il en quittant l'hôtel où une équipe de diplomates français se trouvaient pour apporter leur aide et attendre un autre Français rescapé, se trouvant à bord du navire militaire San Giorgio, dont le retour à terre est prévu en fin d'après-midi.

Le San Giorgio, qui a participé toute la matinée mardi à la recherche d'éventuels disparus, a recueilli plus de 180 rescapés à son bord.

Ecoutez le témoignage de Philippe Moyses :


Dix morts, mais le bilan n'est que provisoire

L'incendie du ferry Norman Atlantic a officiellement fait dix morts, mais sans doute davantage en raison de la présence désormais "établie" de clandestins à bord et du manque de fiabilité de la liste des passagers. L'épave du ferry, une fois récupérée, révélera probablement d'autres victimes, a averti mardi le procureur de Bari (sud-est), Giuseppe Volpe, responsable de l'enquête ouverte sur les circonstances du drame.

A cette incertitude viennent aussi s'ajouter les interrogations sur d'éventuels disparus, faute de connaître le nombre exact de passagers se trouvant à bord du ferry dimanche quand le drame a eu lieu au large de l'Albanie.

De plus, le chiffre de dix morts, dont trois Italiens, ne prend pas en compte la mort de deux marins albanais venus en aide aux sauveteurs, victimes de la rupture d'un câble de remorquage pendant les opérations de secours en mer.

Seule certitude, 427 personnes, dont les 56 membres d'équipage, ont été sauvées des flammes à l'occasion d'une opération de sauvetage "sans précédent", selon les autorités italiennes.

Le ferry, toujours immobilisé par des remorqueurs à une quinzaine de miles de la côte albanaise, dans le canal d'Otrante, est désormais
évacué après le départ de son commandant lundi après-midi, dernier à quitter le navire.

Mais des dizaines de passagers du Norman Atlantic attendaient toujours mardi en milieu de journée leur retour sur la terre ferme. Le navire militaire italien San Giorgio, qui accueille à son bord plus de 180 rescapés, était encore mardi en milieu de journée sur la zone de l'accident, à la recherche d'éventuels disparus.
Attendu initialement dans la matinée au port italien de Brindisi (sud-est), il ne regagnera ce port de l'Adriatique qu'en toute fin de journée, a confirmé un
communiqué de la marine militaire italienne.
Un autre navire de la marine italienne poursuivra les recherches, selon ce communiqué. Un cargo transportant une quarantaine d'aures passagers du Norman Atlantic est attendu dans la journée à Taranto (sud) au lieu de Manfredonia sur la côte est, un port trop difficile à atteindre compte tenu des mauvaises conditions météorologiques.

La plupart de ces rescapés sont indemnes, mais certains souffraient d'hypothermie ou de problèmes respiratoires.

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