Parcourir la Pointe du Médoc, c'est partir à la découverte de paysages qui nous invitent à la contemplation. Les marais et les petites routes tracées ouvrent la porte de l'évasion. L'océan et ses plages sont autant d'espaces sauvages. Vous n'êtes pas au bout de vos surprises.
Tout l'été, le site de France 3 Aquitaine vous propose de découvrir des lieux touristiques méconnus en Aquitaine. Nous vous invitons à la découverte de la Pointe du Médoc, tout au Nord de la Gironde.
On se croirait dans un tableau. Ce jour-là, rien ne bouge ou presque. Les roseaux peut-être. Et puis le regard est attiré d'un coup par un bruit d'ailes, le vol d'un ou plusieurs oiseaux. Vous croisez alors une échasse blanche, un héron cendré ou le chevalier cul-blanc. Ils sont ici chez eux.
Tout n'est que calme et beauté. Les marais de cette pointe du Médoc offrent des richesses naturelles insoupçonnées. Il faut y prêter attention.
Laissez-vous embarquer pour cette balade à la pointe du Médoc ►
Une palette de verts
L’eau y est omniprésente, aussi bien dans de grands bassins que de petites mares. Elle sillonne entre les chenaux. Elle s'étale aussi librement dans les prairies. Elle provient du plus grand estuaire d’Europe, celui de la Gironde, juste avant qu'il ne rejoigne l'océan.
Les petits chemins carrossables permettent de quitter la route pour atteindre les berges de l'estuaire. Idéal pour une randonnée, à pieds ou à vélo. Les pistes cyclables ne manquent pas et traversent de somptueux paysages. On ne croise personne et il y a tant à voir sur ces 1 200 hectares.
Cet endroit est rare et a échappé de peu à l’industrialisation puisqu’il était question d'y bâtir un port taille XXL dans les années 80.
Il est finalement resté à la nature.
Pour vous accompagner dans cette parenthèse hors du temps, des sorties natures sont organisées par le CPIE Médoc ( centre permanent d'initiatives pour l'environnment ). Les guides vous font partager leur passion et leur connaissance des lieux et de leurs habitants naturels (faune et flore).
Programme visite marais du Médoc 2019
L’océan et la bataille des hommes
L'océan aurait aussi bien pu tout grignoter, avec sa force quand les éléments se déchaînent. D'ailleurs, la pointe n'avait pas du tout cette silhouette par le passé. C'est la main de l'homme finalement qui l'a façonnée, notamment contre les avancées de l’océan. Des coulées de béton et des roches sont déposées pour faire front aux assauts des vagues. Ces travaux remontent à l'avant-guerre. Delphine Trentacosta est photographe installée dans le coin. Et son Médoc, elle le connaît, sur le bout de l'objectif, et elle aime son côté bout du monde. " Grâce aux travaux d'enrochements, les marais sont préservés. Donc en fait ça a tout un sens et un lien de se balader de ce côté là sur les plages et dans les marais derrière. Vous pouvez découvrir la faune et la flore. C'est un milieu extrêmement riche. "
Delphine connait aussi la fragilité des lieux, en l'occurence les dunes. Elle ne manque pas de rappeler qu'il faut emprunter les sentiers dédiés à la balade et ne pas s'aventurer en dehors. On peut parfaitement admirer les paysages, la flore comme ces oyats, ces herbes des dunes, qui donnent la petite note sauvage au tableau et préservent la dune en la fixant.On l'appelle un peu la presqu'île cette Pointe nord Médoc qui est sauvage. Il n'y a pas de construction... A part des constructions éphémères avec des bois flottés que certains Robinson peuvent construire l'été.
En flânant, on trouve inévitablement, comme tout au long de la côte atlantique, des bunkers, vestiges de la dernière guerre. " Il y a de belles balades à faire, confirme Delphine. C'est intéressant de connaître aussi l'Histoire. "
Car le Médoc n'a pas toujours été si paisible. Durant des mois, les Allemands ont vécu retranchés dans la " Poche du Médoc " bien au-delà de la Libération du Sud-Ouest. Une histoire douloureuse qui a marqué le territoire. Aujourd'hui, il reste ces " temples de la peur ".
Des terres réputées hostiles
Il faut imaginer cette pointe, parfois presqu'île ou île selon les époques de l'Histoire. Quand l'eau finissait par entourer ces bouts de terre.
Les marais que l'on parcourt aujourd'hui ont en fait été aménagés par l'Homme depuis le XIIe siècle. L'Homme a entrepris d'exploiter les terres inondables soumises aux marées.
Dès 1599, Henri IV décide d'assécher ces terres humides. Elles deviennent des " mattes ", ces terres riches gagnées sur l'estuaire et vouées à la production de fourrage pour l'élevage.
Les moines bénédictins ont aussi fait creuser ces marais. Les Hollandais, spécialistes des polders, sont, à leur tour, venus apporter leur technique.
Voilà comment l'activité agricole et ostréicole a vu le jour. Comment des marais ont donné du sel et permis l'élevage de poissons.
L'esprit guinguette
Cette page d'histoire appelle une petite halte au bord d'un de ces chenaux. Une poignée de cabanes blanches en bois demeure. Le témoignage du passé ostréicole de ce petit port sur la commune de Talais. Aujourd'hui, c'est l'esprit guinguette qui plane. La petite halte devient alors gourmande...
La renaissance de l'huître du Médoc
Dans ce milieu naturel si particulier, l’huître y a trouvé son écrin. Le poète bordelais Ausone la décrivait déjà à l'époque romaine au IVe siècle comme les " meilleures de toutes, filles de l'océan, qu'on appelle huîtres de Bordeaux. " ( cité dans le livre " Un autre Médoc" de Christian Coulon et Delphine Trentacosta )Beaucoup avaient tout simplement leur petit élevage d'huîtres familial, ancré dans la tradition. Mais l’élevage a été anéanti par une pollution d'un site à Decazeville, très loin de là. Un dur prix à payer en aval.
Enfin, l’eau a fini par retrouver sa bonne santé dans les années 2000. Quelques hommes et femmes déterminés ont réussi à introduire, à nouveau, cette activité aquacole. Jean-Marie Bertet fait partie de ces nouveaux pionniers.
Les crevettes impériales ou gambas introduites se sont plu. Leur élevage perdure depuis 20 ans.
Les huîtres aussi ont retrouvé leur place, dans les marais où l’eau de l’estuaire alimente les sites par une douce mécanique bien réglée. Jean-Marie Bertet en élève depuis quatre ans. C'est l'affinage de l'huître qui se fait dans les marais salants médocains appelés des claires.
Le site a toujours été propice. Je travaille d'anciens marais salants creusés à la main.
Jean-Marie Bertet utilise la méthode sur radeau, elles sont juste sous la surface de l'eau.
Les huîtres se nourissent du plancton qui est le plus riche, à 10 cm de la lame d'eau. Jean-Marie, comme la poignée d'ostréiculteurs qui a repris le flambeau, veille sur ce qu'il a de plus précieux : l'eau où poussent les huîtres et les gambas.
C'est notre combat, notre inquiétude, notre espoir aussi. On est comme des agriculteurs de la mer et on est très soucieux de notre environnement. On surveille ça de très très près.
On est conscients de la fragilité de l'écosystème.
► Pour en savoir plus sur ce territoire, et préparer votre balade, un conseil : consulter cet ouvrage " Un autre Médoc " de Christian Coulon et Delphine Trentacosta aux éditions Confluences.
Pour s'y rendre >
Par la route : la départementale 1215, comptez deux heures.Par le train : Bordeaux > Le Verdon-sur- mer
Sur place, le vélo est idéal.
Une fois là-bas, vous pouvez prendre le bac et passer de l'autre côté de l'estuaire jusqu'à Royan.