De Bordeaux à Pau en passant par Brive, Poitiers ou Agen, ils enchantent notre Région.
Emmanuel Martin, propriétaire depuis 15 ans du chantier naval Dubourdieu à Gujan-Mestras, perpétue une tradition vieille de deux siècles, celle des pinasses sur le bassin d'Arcachon.
Ce Pays là, c'est le vôtre, celui des hommes et des femmes qui, tous au quotidien, parfois dans la lumière, souvent dans une grande discrétion mais toujours avec conviction, force et passion font vivre et subliment notre territoire.
Emmanuel Martin, 50 ans, propriétaire du chantier naval Dubourdieu
Un Enchanteur de PaysSe nourrir des racines de son lieu de vie, y puiser son énergie vitale et son inspiration, la transmettre en « mixant » tradition et modernité
De la vigne au bassin
Ce n’est pas sur les rives du bassin d’Arcachon, qu’Emmanuel Martin a construit sa première vie professionnelle. L’Arcachonnais choisit la vigne et le vin. Il suit donc une formation à l’Institut d’œnologie de Bordeaux et intègre également l’école nationale des ingénieurs des travaux agricoles, anciennement l’ENITA. Emmanuel Martin devient œnologue, mais le bassin reste gravé dans son ADN.Je suis un enfant du bassin. Je suis né ici. J’ai fait toutes mes études à Bordeaux, sans jamais habiter Bordeaux ! Je rentrais tous les jours en train, en descendant à Pessac.
Une vie pleine et passionnante. Et pourtant, Emmanuel Martin ressent un besoin de changement. Lassé par ces déplacements professionnels perpétuels, par cette vie loin de ses racines en Gironde, Emmanuel Martin envisage un temps de s’implanter sur une exploitation viticole.
Gérer quelques hectares de vignes, pour l’arcachonnais, cela ne devrait pas poser de problème particulier, il connaît ce métier sur le bout des doigts. Ce projet de vie n’est pas révolutionnaire, confortable tout au plus. Mais est-ce la bonne solution ?
Pour un enfant du bassin, le besoin d’océan ne disparaît jamais. Sans vraiment l’imaginer, se l’avouer, la nécessité de revenir à Arcachon s’immisce dans son esprit.
Une envie d’autre chose, cette remise en question qui devient de plus en plus pressante. Il ne manquait qu’un déclic.
J’étais à la croisée de cette première vie professionnelle. Et là, un ami me parle du chantier Dubourdieu. Il était à vendre !
Emmanuel Martin, n’ose y croire. Le nom Dubourdieu résonne dans son esprit, une institution sur le bassin, un chantier mythique vieux de plus de deux
siècles. Ces bateaux font partie du paysage de son enfance. Les pinasses, il les connaît depuis toujours.
L’œnologue écoute son intuition, il se rend sur le chantier à Gujan-Mestras et rencontre Jean-Pierre Dubourdieu, le propriétaire.
Emmanuel Martin se souvient de cet instant précis où il découvre l’atelier dans le port de Larros, l’odeur de la sciure et du bois coupé. Un bateau est en construction, il a une révélation.
Il multiplie les visites au chantier, convainc son épouse Béatrice de l’accompagner et pense de plus en plus à ce changement de vie radical, pour eux deux.
J’ai essayé de me calmer, ça a duré quelques mois. Je venais régulièrement voir Monsieur Dubourdieu. On a discuté tout l’hiver.
Après une première rencontre en août 99, Emmanuel martin prend sa décision en février 2000 et rachète le chantier en septembre de cette même année.
Repartir à zéro
Gérer une entreprise, gérer des hommes, Emmanuel Martin possède déjà cette expérience grâce à son ancien poste. Il avait la responsabilité de plusieurs équipes à travers le monde. Mais l’œnologue n’entend rien au métier de charpentier de marine.A 35 ans, il reprend le chemin de l’école et s’inscrit en première année au lycée de la mer d’Arcachon en charpente navale.
J’étais stagiaire dans mon entreprise. J’avais cours tous les mercredis et les vendredis matin, le reste de la semaine, j’étais en stage chez Dubourdieu
Emmanuel Martin réalise très vite qu’il ne sera jamais charpentier de marine mais cette formation lui permet de comprendre ce métier, d’en connaître les différents postes, la pénibilité, les nuances.
Tout en conservant ce savoir-faire et cette maîtrise des réalisations Dubourdieu, Emmanuel Martin investit dans le matériel, pour plus de productivité et une meilleure organisation du chantier. Les bateaux restent des pièces uniques, faites à la main. Il n’est pas question ici de révolutionner le chantier Dubourdieu, de galvauder un nom.
Bien sûr j’ai gardé le nom Dubourdieu. Je n’allais pas l’appeler « les bateaux Martin, les bateaux malins ! ». Dubourdieu, 6 générations, c’est une marque, un nom, une force.
Dubourdieu, patrimoine du bassin
Le chantier Dubourdieu est l’un des plus anciens, voire le plus ancien chantier naval de France encore en activité. Son histoire vieille de plus de deux cents ans est étroitement liée à celle des pinasses du bassin. D’abord à voile puis à moteur, ce qui n’était qu’une simple barque de travail pour les pêcheurs et ostréiculteurs est devenue au fil du temps un bateau de plaisance caractéristique du bassin d’Arcachon. Le chantier Dubourdieu fut le premier à imaginer le potentiel de ce bateau.Mais la marque de fabrique du chantier reste le niveau d’exigence, la qualité des constructions. On peut ici parler d’artisanat d’art. Seuls 3 à 5 bateaux quittent le chantier chaque année.
On ne sera jamais très riches, mais on fait de beaux objets, à la main. On a une relation très particulière avec nos clients.
En voulant perpétuer cette histoire du chantier Dubourdieu, Emmanuel Martin prolonge aussi la légende des belles pinasses à la coque en bois et aux chromes rutilants, emblèmes de la navigation sur le bassin. Et en gage de cette tradition à la fois préservée et tournée vers l’avenir, le chantier Dubourdieu a obtenu le label d’Etat « Entreprise de Patrimoine Vivant ».
Cette notion de « tradition en marche » est essentielle dans la démarche d’Emmanuel Martin. En reprenant les rênes du chantier, l’arcachonnais était conscient du patrimoine dont il héritait. Depuis 1800, on construit des bateaux dans ces hangars du port de Larros. Des bateaux qui ont fait l’histoire du bassin d’Arcachon. Mais ce patrimoine n’est pas figé, il a su évoluer avec son temps, sans jamais perdre son âme.
Parce qu’il ne tombe pas dans la facilité de produire à moindre coût et en grande quantité des bateaux en plastique, Emmanuel Martin perpétue cette tradition. Ce patrimoine vivant que sont les pinasses, reste préservé.
Innovation et respect de l’environnement
L’aventure Dubourdieu se poursuit et s’inscrit désormais dans son époque avec la question de développement durable qui devient centrale.Emmanuel Martin privilégie le circuit court avec des essences de bois issues de la région. Le moteur électrique s’impose de plus en plus même s’il reste encore beaucoup à faire dans le domaine de la plaisance.
Le chantier Dubourdieu ne produit pas uniquement des pinasses. En 2011, Emmanuel Martin répond à l’appel d’offre de Kéolis pour l’élaboration de deux navettes fluviales sur la Garonne. Un an plus tard, le premier Batcub, l’Hirondelle est mis à l’eau. Le second Batcub suivra quelques mois plus tard, la Gondole.
Ces navettes construites dans le chantier de Gujan-Mestras disposent d’une technologie innovante, une prouesse unique en Europe. Profil de carène, motorisation électrique, stockage et recharge de l’énergie, ce navire hybride est le fruit d’un travail collectif avec plusieurs partenaires.
Ça nous a musclé le cerveau, ça nous a permis de progresser.
Emmanuel martin se raconte...
Emmanuel Martin, au fil de ses passions
Un album de musique : Mon premier 33 tour The PoliceUn morceau culte : Ride like the wind de Christopher Cross
Un film : "du film d’auteur au bon gros film d’action"
Un loisir, un sport : "tout ce qui glisse sur la mer et les vagues à la force de son propre corps, particulièrement le surf et le funboard, la pirogue…et les voyages"
Le Pays des Enchanteurs n'a ni frontière, ni limite. Il est à portée de regard, de main, de pensée et de vie.