Solidarité: un restaurateur emploie deux réfugiées Ukrainiennes sur le bassin d'Arcachon

La guerre en Ukraine s’installe et ceux qui ont fuit leur pays doivent désormais faire le pari d’une nouvelle vie. Pour deux jeunes femmes, la solidarité les a menées jusqu’à leur premier job français. Elles sont désormais serveuse et en cuisine dans un restaurant d’Audenge en Gironde.

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Lyllia et Uliana sont deux sœurs de 22 et 19 ans. Jusqu’au 3 mars dernier, elles vivaient à Rivna , une ville à l’ouest de l’Ukraine. Jusqu’au mois de mars, elles étaient deux étudiantes en marketing et en écologie, avant la peur de la violence de la guerre, avant de prendre la fuite par la Pologne, avant d’être envoyées à Bordeaux par le biais d’une association d’aide aux réfugiés. 

Une histoire bien simple 

Quand on demande à Xavier Germain comment s’est passé l’embauche et l’installation de Lyllia et Uliana dans son restaurant, le ton est bonhomme et le verbe paisible, "Mon beau fils restaurateur à Bordeaux m’a appelé il y a 4 semaines" raconte t-il avant de développer "Un de ses anciens apprenti était famille d’accueil pour deux petites de 19 et 22 ans qui avaient déjà travaillé en cuisine et au service". 


Simple comme un coup de fil, Xavier Germain prend tout de suite contact avec la famille d’accueil et se renseigne sur la possibilité pour les jeunes femmes de travailler. Elles le peuvent, leur dossier de réfugié politique est constitué et le statut obtenu. Un deuxième appel, à la mairie d’Audenge cette fois-ci permet à Xavier Germain de mettre en place une demande de famille d’accueil sur place pour elles, trouvée en 3/4 jours. Puis un dernier coup de fil à l’Urssaf pour les déclarer. 

Une histoire bien simple, se plait à insister le restaurateur: En une semaine Lyllia et Uliana étaient embauchées et travaillaient.

Une évidence 

Une embauche qui fait suite à une chaîne de solidarité évidente, comme le souligne le restaurateur. 

« Quand on connait leur histoire, ça pourrait nous arriver » dit il en toute humilité. « On l’a connu en 40 avec les exilés du nord qui venaient au sud ». 

En revanche, la différence avec Lyllia et Uliana est leur langue. Elles ont appris quelques rudiments en deux mois à Bordeaux, mais sont encore très loin de pouvoir comprendre et se faire comprendre. Alors, dans un premier temps, elles utilisent une application de traduction sur leur téléphone, qui sert également aux employés et à leur patron, qui ne s’inquiète pas trop et mise sur l’intelligence de ses clients après avoir misé sur l’humanisme de son équipe. « Bien sûr, il y a la barrière de la langue, après Lyllia parle un peu anglais » précise-t-il. 

Un climat véritablement serein pour les 2 jeunes femmes qui disent sans détour « qu’elles ne s’attendaient pas à autant de bienveillance. Que ce soit leur famille d’accueil ou désormais le restaurant, elles ne pouvaient pas imaginer mieux. »

Vous vous demandez certainement comment j’ai pu recueillir leurs sentiments. Et bien grâce à celui que nous appellerons Igor. Vous ne le verrez pas, car il souhaite rester discret, mais il est l’une des clés de l’acclimatation des deux jeunes femmes à Audenge. 

Bien loin du conflit fratricide qui ravage leur pays 

Comme dit le patron, " Quand il y a des questions à poser, je passe par lui". Car Igor, élevé en France depuis ses sept ans parle la langue de ses deux parents, russes, et peut ainsi aisément converser avec Lyllia et Uliana, qui la parlent aussi. Une aide constante qu’il commente simplement d’un ton protecteur. "Il n'y a pas pour moi de Russes ou d'Ukrainiens, c'est des humains avant tout. Maintenant qu’elles sont là, je vais faire en sorte qu’elles se sentent bien ». 

Mais cette promiscuité aurait pu ne pas être aussi simple pour les jeunes femmes réfugiées après avoir fuit l’armée russe. 

"Elles avaient pas mal d’appréhension" traduit le jeune homme de 29 ans "mais elles ont été rassurées que je ne sois pas dans l’excès patriote et que je sois en France depuis longtemps. Elles ont été rassurées quand elles ont vu que j’étais une bonne personne" continue-t-il en souriant de concert avec elles. Car le trio de ces jeunes gens semble bien solide. 

Et tandis que les jeunes femmes se réjouissent de gagner en autonomie, leur patron lui, se réjouit aussi, "Je suis content de montrer aux gens qui critiquent que c’est juste des êtres humains."

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