Les pharmaciens ont de plus en plus de mal à obtenir les médicaments qu'ils commandent. Leurs fournisseurs n'ont plus de stock. Toutes sortes de références sont touchées. Chacun doit s'adapter. Reportage en Gironde.
"Ca fait un petit moment que ça dure et c'est de pire en pire" témoigne Claire Guillaume, pharmacienne à Bordeaux.
Là on est à peu près à deux-tiers des médicaments qui n'arrivent plus
Claire Guillaume - pharmacienne à Bordeauxà France 3 Aquitaine
Elle nous montre ses bordereaux de commande. Là, c'est toute la liste des manquants fournisseurs, il y en a quatre pages".
Elle simule une commande sur internet. Des points rouges signalent les produits manquants ou sous tension. "Quasiment tous les produits de la liste sont manquants sachant que j'ai 38 lignes, donc 38 références de médicaments".
S'adapter, expliquer, substituer
Claire Guillaume avoue que la situation génère pas mal d'incompréhension chez ses clients. Elle doit en permanence s'adapter.
"On est obligé de substituer. Parfois on appelle le médecin parce qu'on ne peut pas donner exactement la même chose ou un strict équivalent. Il faut rassurer le patient, lui expliquer. Ca prend beaucoup de temps".
Beaucoup de temps aussi de rechercher d'autres fournisseurs et de trouver des solutions alternatives disponibles pour chaque référence. D'autant que la pénurie est générale.
Il n'y a pas un médicament touché en particulier, c'est un peu tout. Le plus tendu c'est le paracétamol, autant les formes adultes que pédiatriques
Claire Guillaume - pharmacienne à Bordeauxà France 3 Aquitaine
"Et ça va de l'insuline aux traitements chroniques pour la tension, le cœur, ça concerne tout le monde".
La pénurie d'insuline, Béatrice Géry la confirme. Diabétique, elle en a besoin au quotidien.
"Mes prescriptions indiquent huit recharges à délivrer chaque mois. La dernière fois on ne m'a donné que quatre boîtes et j'ai attendu trois semaines pour avoir le reste".
Une situation qui l'inquiète car l'insuline est pour elle vitale. "C'est un stress. Et le stress fait augmenter la glycémie. C'est un cercle vicieux. Faut que j'arrête d'y penser et vivre au jour le jour" confie la trentenaire.
Nouvelles tensions sur le paracétamol
L'ordre des pharmaciens vient d'alerter sur de possibles tensions à venir sur toutes les spécialités à base de paracétamol. Le médicament le plus demandé.
"En principe on a 500 boîtes en stock en permanence. On avait prévu en amont, on a anticipé mais on ne sait pas si dans deux mois les labos seront toujours en mesure d'assurer le flux avec les demandes qui vont augmenter en hiver" redoute Thierry Guillaume.
Le pharmacien se veut toutefois rassurant expliquant arriver à trouver des solutions dans la majorité des cas.