Violences conjugales en Gironde : le département et les associations multiplient les solutions

Depuis le 17 avril, le département de la Gironde, en partenariat avec les associations de lutte contre les violences conjugales, a ouvert plusieurs points d’accueil dans les grandes surfaces. Une mesure qui s’ajoute aux nombreuses initiatives locales.

Déménagement solidaire, centre d’écoute, accueil et orientations des victimes : la préfecture de Gironde et les associations locales se mobilisent contre l’augmentation des violences conjugales. Les interventions des forces de l’ordre ont augmenté de 30% depuis le début du confinement.

 Accueil sécurisé et confidentiel


La préfecture de la Gironde a dévoilé, vendredi 17 avril, un nouvel outil : des points d’accueil dans cinq centres commerciaux du département. Avec des rotations pendant la semaine, le Planning Familial, le CIDFF ou encore le Cacis tiendront des points d’accueil aux Auchan de Mériadeck, Bordeaux Lac et de Biganos, ainsi qu’aux Carrefour de Lormont et Mérignac.

"À Mérignac par exemple, nous avons un ancien local photo, pour conserver la confidentialité des échanges", explique Annie Carraretto, co-présidente du Planning familial de Gironde.

Orientées par un affichage dans le magasin ou via les caissières, les victimes y sont accompagnées dans leurs démarches administratives. "Pour certains cas, nous pouvons leur proposer un hébergement immédiatement. Nous fournissons aussi des téléphones pour celles qui en auraient besoin", précise Annie Carraretto. 

 Alerter en pharmacie


Les pharmacies sont également mobilisées pour lutter contre les violences conjugales. Il est désormais possible de signaler des violences directement à un pharmacien qui fera ensuite le lien avec les forces de l’ordre et les associations.

"Pour l’instant, nous avons très peu de retours avec ce dispositif. Il faut que les femmes se saisissent de ce nouvel outil, mais c’est difficile de leur apporter ces informations en ce moment", concède Annie Carraretto.

Informer les femmes sur ces nouveaux moyens est aujourd’hui l’un des enjeux majeurs en cette période de confinement. Les associations ont ainsi conservé leur standard téléphonique, à retrouver ici"La mairie de Bordeaux a également débloqué des places d’hébergement d’urgence pendant ce confinement", ajoute la co-présidente du Planning familial de la Gironde. 


Déménageur de l’urgence


À Bordeaux, l’Atelier Remuménage propose de déménager les victimes de violences conjugales. "Nous avons mis en place cette option depuis notre création, mais avec le confinement, le rythme s’est intensifié. Notre premier appel a été reçu le 18 mars", explique Wiame Benyachou, directrice générale de l’Atelier Remuménage. 

Depuis le début du confinement, une dizaine de femmes ont pu bénéficier de ce service, entièrement gratuit, en appelant directement ou grâce aux associations régionales. "Avec le confinement, ces femmes sont en contact permanent avec leur agresseur. On ressent une vraie détresse lorsqu’elles nous contactent. Rendre ces services gratuit enlève un frein conséquent, raconte Wiame Benyachou. Nous sommes en lien avec la mairie et les associations qui peuvent orienter les femmes qui nous contactent vers des logements. Les autres solutions sont la famille ou les proches."D’ordinaire de 30 000 personnes, l’Atelier Remuménage a réduit ses équipes à une dizaine de personnes. Ne proposant que ces aides gratuites, l’Atelier Remuménage a été soulagé de recevoir près de 24 000€ de la part de plusieurs mécènes dont Bordeaux Mécènes Solidaires, la fondation de la Caisse d’Epargne et celle de BNP Paribas. "Cela nous permet de maintenir notre activité malgré des coûts importants, ainsi que le maillage de solidarité qui s’est créé pour ces femmes", analyse Wiame Benyachou.
  

Multiplier les contacts


Si les numéros du 17 et du 112 sont toujours à privilégier en cas de danger, un nouveau numéro, le 114 permet pour les victimes et les témoins de violences conjugales de donner l’alerte, via SMS. 

Enfin, le 3919, numéro d’appel spécialisé dans les violences faites aux femmes est ouvert de 9h à 19h du lundi au samedi pour accompagner et orienter les personnes. Il s’agit d’un numéro qui n’est pas repérable sur les factures et les téléphones pour protéger au mieux les victimes.

Les pages du service public et "signalement violences sexuelles et sexistes" sont également alimentées pour donner un maximum d’information et ont ouvert un tchat avec un gendarme ou policier. 
 

Préparer le déconfinement


Alors que les interventions augmentent, le nombre de plaintes a de son côté baissé de 40%."Beaucoup de femmes ont peur des répercussions. En confinement, il est plus difficile de fuir son logement", explique Annie Carraretto. 

Comme d’autres associations, le Planning Familial craint une augmentation des demandes lors du déconfinement. "Il faudrait que certains des moyens mis en place pendant ce confinement perdurent, comme les pharmacies", envisage la co-présidente du Planning familial de la Gironde.
 

 
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