Avec un temps d'attente à rallonge, des patients en chirurgie reprogrammés, la situation est alarmante au Centre hospitalier de Limoges, où le manque de moyen empêcherait le personnel soignant de mener à bien sa mission. Par téléphone, la directrice de la commission médicale d’établissement contredit nos informations venues de l’intérieur, nous affirmant qu’il n’y a pas eu de déprogrammations.
« C’est comme un évier bouché, l’écoulement ne peut pas se faire ». Une métaphore entendue de la bouche de personnels soignants à propos de ce qu’il se passe aux urgences du CHU de Limoges.
Depuis la semaine dernière et ce week-end, les urgences ne peuvent pas suffisamment rediriger leurs patients traités vers les autres services du CHU.
Pas assez de lits et d'infirmières
Problème principal : le manque de lits (150 en moins au 30 septembre dernier) et le manque d’infirmières. Rien que dans le service des soins de suite et de réadaptation, une centaine de lits manquent à l'appel.
Conséquence de cette situation : la semaine dernière, des déprogrammations d’opérations ont eu lieu dans tous les services du CHU. Selon nos sources, certaines interventions avaient déjà été déprogrammées et reprogrammées une ou plusieurs fois.
« On a encore eu un encombrement aux urgences, avec un flux de patients important, et donc on a été obligé de faire de la déprogrammation de patients pour pouvoir accueillir les patients qui étaient aux urgences, et qui nécessitaient une hospitalisation. C'était dans la nuit du 6 au 7 décembre dernier. Le week-end, c'était aussi tendu », confie Florence Metge Bureau, secrétaire générale CGT CHU de Limoges.
Pas de déprogrammation selon la direction du CHU
La direction du CHU n’a pu nous répondre. Et par téléphone, la directrice de la commission médicale d’établissement contredit nos informations venues de l’intérieur, nous affirmant qu’il n’y a pas eu de déprogrammations.
Cependant, 150 lits manquent à l’appel depuis septembre, et 37 lits de soins de suite.
"On a eu quelques lits d'ouvert en médecine gériatrie, mais ce n’est pas suffisant. Il faut ouvrir les lits de soins de suite. Et pas faire comme actuellement, à Saint-Junien où l'on a tendance à vouloir les fermer", insiste Florence Metge Bureau, secrétaire générale CGT CHU de Limoges.
Et aux urgences il se passe des drames silencieux.
« Ce week-end une personne âgée est décédée dans le couloir des urgences, et cela de façon non accompagnée, seule, dans un couloir ! Ce n'est pas acceptable en tant que soignants, on ne peut pas accepter cela » dénonce l'élue syndicale.
Au service de pneumologie, on regarde la situation avec inquiétude, car le pic des infections respiratoires n’est pas encore là. Le chef de service rappelle les mesures préventives.
« Il y a aussi besoin, de la part de l'ensemble des malades ou des futurs malades, de bien penser à respecter toutes les mesures barrières, à commencer par le port du masque », rappelle le professeur François Vincent, pneumologue au CHU de Limoges.
8h58 d'attente
A l’appui, des interlocuteurs nous citent quelques chiffres venant de l’observatoire des urgences. A l’Hôpital Pellegrin de Bordeaux : 44.000 passages aux urgences pour une moyenne de 3h57 d’attente. Et au CHU de Limoges : le même nombre de passages, pour une moyenne de… 8h58 d’attente. Il y a donc bien un problème pour placer les patients issus des urgences. C’est aussi à cause du manque d’infirmières.
Une situation malheureusement récurrente. Et parfois, comme ces derniers jours, il semble selon certaines sources, que le vase déborde un peu plus.