Quand ils ont créé leur ferme auberge, ils n'auraient pas imaginé qu'une simple petite case sur un document administratif aurait mis leur établissement en danger. Mais la crise sanitaire a tout changé
Yann et Sylvie Delamare tiennent une petit ferme auberge sur la commune des Billanges, au nord-est de Limoges. Ils élèvent leurs propres agneaux, du biberon à l’assiette.
Jusqu’ici rien de compliqué. Sauf qu’au moment de la création de leur entreprise, on leur a demandé de cocher la case exploitation agricole, ou restaurant. L’administration n’a pas prévu que l’on puisse faire les deux. Ils sont donc devenus une ferme au regard de l’INSEE.
Pas très grave, puisqu’ils n’ont jamais vraiment compté sur les subsides de l’état pour vivre. Sauf que depuis le début de la crise sanitaire, tout a changé.
Ils ont été obligés de fermer leur restaurant et ne sont pas indemnisés, puisque considérés comme des éleveurs par l’Etat.
On aimerait bien être reconnus. On nous demande de fermer : ok. Mais il faudrait que l’état nous indemnise en conséquence car à ce jour, nous n’avons rien reçu. Et là ce devient très difficile.
Situation Kafkaïenne
Si l’administration aime la propreté, que tout rentre dans les bonnes cases, tout ne se produit pas comme elle le souhaiterait dans la vie de tous les jours.
Yann et Sylvie Delamarre ont demandé l’aide de la chambre d’agriculture pour toucher l’indemnisation qui leur permettra de respirer un peu. Pour Anne Paraud, élue à l'organisme consulaire en Haute-Vienne, “ils ont été mis en contact avec un conseiller qui va pouvoir les accompagner pour qu’ils puissent rapidement toucher des aides de la MSA ou autre chose. Et du coup pour accompagner les autres fermes auberges, on va alerter les parlementaires locaux sur ce problème précis”.
Car la bonne solution serait évidemment de créer une nouvelle case qui pourrait s’intituler “fermes auberges”.
Interrogé, le ministre des Comptes Publics a affirmé que l'Etat examinerait ces dossiers "au cas par cas". Trois autres fermes auberges seraient dans même situation en Haute-Vienne.
En attendant, Yann et Sylvie tiennent grâce au travail : " on fabrique pour garder une activité professionnelle et pour pas que les gens nous oublient. Mais certainement pas pour payer les factures”.
Le reportage d'Antoine Jegat et Jean Marie Arnal.
Intervenants : Yann Delamare, co-gérant de la ferme de la Besse Sylvie Delamare, co-gérante de la ferme auberge de la besse ; Anne Paraud élue à la Chambre d'Agriculture 87, Responsable des circuits courts.