Drame de La Roche l'Abeille : "Il est mort, c'est la meilleure chose qui pouvait arriver"

Pour la première fois depuis le drame, le propriétaire de la maison de La Roche-l'Abeille en Haute-Vienne témoigne. Le 12 juillet 2018, un homme s'est retranché dans ce pavillon, retenant en otage son propre enfant. "Il a menacé toute ma famille."
 

C'est à visage caché, mais avec la parole claire que Alain revient sur les événements qui se sont déroulé le 12 juillet 2018 dans sa maison. Il est le compagnon de la grand-mère de la petite-fille qui a été retenue de force par son père dans ce pavillon de La Roche-l'Abeille.
 

Que s'est-il passé ?

Ma compagne est sortie sur la terrasse et a aperçu le père de la petite, allongé dans le jardin. Il l'a menacée avec son harpon en lui faisant signe de s'en aller. Moi, j'étais dans la salle à manger. J'ai entendu crier mais avec les enfants qui font du bruit, je n'y ai pas prêté attention.

D'un seul coup, j'ai vu cet homme en furie, il m'a menacé, toujours avec son harpon.

Il a répété au moins dix fois qu'il allait me tuer. J'ai pris mon téléphone en lui disant que j'allais appeler les gendarmes, mais il était trop menaçant. En reposant l'appareil, il s'était rapproché de moi et j'ai pu saisir le harpon de toutes mes forces. Nous sommes tombés par terre tous les deux et nous avons chuté sur la petite qui était venue voir son père. J'ai relevé la petite, il avait un couteau et c'est là qu'il m'a blessé à la main. Ensuite, il a retourné mon maillot sur ma tête et il m'a fait faire le tour de la maison pour être certain qu'il n'y avait plus personne. Je n'arrêtais pas de lui parler. Je lui parlais de sa fille mais il en avait rien à faire.
 

Il y avait tellement de haine dans son regard.


Un peu plus tard, dans la cuisine, il m'a lâché. Il a pris un flacon avec marqué "Désherbant", c'était bizarre. Il en a bu trois verres. Je ne sais pas ce que c'était. J'étais libre. Je voulais partir avec la petite mais elle était toujours dans les jambes de son père, alors je suis sorti en emportant les clés qui étaient sur la porte.
 

Ensuite, les gendarmes sont arrivés ?

J'ai été voir les voisins. Je voulais donner les clés à quelqu'un et retourner le voir pour le calmer mais on m'a raisonné. Quand les gendarmes sont arrivés, ils m'ont demandé des explications. J'ai fait le plan de la maison, je leur ai donné des détails. Ils me disaient de reculer alors que moi je ne voulais pas m'éloigner de la maison, je voulais entendre la petite. J'étais en chaussettes, on m'a trouvé une paire de chaussures.

Ensuite, ils ont appelé le GIGN. Je me disais "quelle histoire !"

Pensiez-vous qu'il soit capable de cela ?

Non. Jamais je n'aurais pensé qu'il soit capable de faire cela, mais ces derniers temps, c'était difficile avec ma belle-fille. Elle ne nous disait rien, mais on sentait bien que quelque chose n'allait pas. Ils se sont rencontrés il y a 3 ans. Il était serveur dans un restaurant parisien. Il devait lui apporter des fleurs. Tout se passait bien au début et puis ça s'est dégradé.  Dépressif ? Non. Quand nous étions chez eux, il passait ses journées sur le canapé à jouer à la console. Il ne s'occupait pas de ses enfants [deux, d'une première union NDLR]. Il buvait beaucoup.
 

Le dénouement, un soulagement ?

Ma belle-fille avait demandé à me rejoindre car j'étais dans le périmètre de sécurité. Je savais le reste de ma famille à l'abri. On a attendu. C'était très long puis on a vu sortir la petite dans les bras d'un gendarme. Elle avait des traces de ruban adhésif sur ses vêtements, les pieds, le torse. Du scotch aluminium indéchirable. Il avait dû fouiller la maison pour trouver ça. Il a aussi trouvé l'essence dans le garage. Il avait imbibé la chambre d'essence. La petite sentait l'essence.


Quel a été votre réaction ensuite ?


Quand la gendarmerie m'a dit qu'il était mort, j'ai dit "tant mieux". Moi je n'aurais pas été tendre avec lui. Il a mis en danger la vie de toute ma famille. S'en prendre à une gamine…

Franchement, sa mort, c'est la meilleure chose qui pouvait arriver.


Il voulait se venger de ma belle-fille. Si c'était elle qui était sortie sur la terrasse, il n'aurait pas hésité à lui tirer dessus avec son harpon.  


Comment va l'enfant ?

Elle va bien. Elle a subi une anesthésie générale pour que les médecins puissent la soigner. Aujourd'hui, elle marche, elle joue. Elle a été brûlée au second degré sur le bras et le pied. Elle a des gros pansements et elle retourne à l'hôpital pour des soins. Sa maman s'en occupe. J'essaie de faire en sorte que tout le monde se porte le mieux possible. Ma belle-fille a des moments difficiles. On a dit la vérité aux [trois autres ndlr] enfants. On parle beaucoup.


Allez-vous restés à La Roche-l'Abeille ?

Personnellement je le souhaite. Mais on verra comment ma compagne réagit. Si elle ne veut pas rester, on partira. Mais ce village est formidable. Cette solidarité… Ce sont des gens merveilleux.
 

 
 
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