Geoffrey Korsel s’est installé comme éleveur laitier bio eu début des années 2000 en Limousin. Il a su s’adapter pour résister à la crise laitière, et s’est même mis à vendre des tulipes.
Le problème avec les gens talentueux et passionnés est que ce qu’ils disent ne plaît pas toujours à tout le monde. Mais ils sont capables de faire bouger les lignes et c’est ce qui les rend intéressants. Geoffrey Korsel en fait partie. On vous aura prévenu !
Nous avons croisé cet éleveur laitier bio dans un champ de tulipes à Flavignac. Car l’an dernier, ce hollandais d’origine a eu le mal du pays au moment du premier confinement. Il a donc mis des couleurs dans la verte campagne limousine en plantant des tulipes dans l’un de ses champs.
Le concept du jardin de cueillette en libre-service vient des Pays-Bas. Les clients arpentent les allées et font eux même leur bouquet. A la sortie, ils règlent dans un petit chalet où personne ne contrôle ce qu'ils laissent. C'est la confiance qui prime !
Hâtez-vous, car la floraison des tulipes ne dure que 15 jours. Si bien que pour écouler ses fleurs, Geoffrey Korsel se rend aussi sur quelques marchés à Limoges ou Flavignac.
Reportage Marine Guigné, Valérie Agut, Xavier Beaudlet.
Intervenants : Geoffrey Korsel, agriculteur ; Marie-Christine, membre d'un club d'art floral
Vocation
Notre hollandais s’est découvert une passion pour l’élevage quand il était enfant. Il a fréquenté des centres équestres dans son pays d’origine, avant de passer l’équivalent d’un BTS agricole. C’est à ce moment qu’il a vraiment décidé d’élever des vaches laitières.
Il fallait être fils d'agriculteur ou millionnaire pour devenir éleveur en Hollande, vu le prix des terres.
Le jeune homme s’est résigné à partir à l’étranger pour se forger une expérience. Il a ainsi travaillé en Allemagne de l’Est sur des exploitations très importantes, dans des conditions météo extrêmes. L’hiver, la température descendait à -25 degrés.
Puis il a cherché à acheter sa propre exploitation. C’est ainsi qu’il est arrivé en Limousin. Puisqu’il n’en était pas à son coup d’essai dans un pays qu’il ne connaissait pas, le changement de langue, de mentalité et de manière de travailler ne lui ont pas fait peur.
Du conventionnel au bio
Il s’est donc installé à Flavignac au début des années 2000. Pour arriver à s’en sortir, il a dû apprendre quelques rudiments de mécanique, de plomberie ou d’électricité. Il s’est même devenu quelque peu vétérinaire.
En 2009, la crise du lait l’a fait réfléchir à sa conversion au bio. Il a réussi à se tranformer en 2016.
En agriculture conventionnelle, on donne des rations de maïs ou des correcteurs azotés aux vaches pour qu’elles produisent plus. L’effet est énorme sur le foie qui est brûlé au bout de 4 ou 5 lactations. Une vache n’est pas faite pour manger du maïs, ce n'est pas un cochon.
L’éleveur bio ajoute que “les animaux ont une vie plus longue et tranquille en agriculture biologique. Ils sont dehors toute l’année et ne mangent que de l’herbe. Comme mes vaches vivent à l’extérieur, elles se fabriquent des anticorps. Je le vois très bien sur les veaux qui ont beaucoup moins de problèmes de santé”.
“Les frais (NDLR :de vétérinaire par exemple) sont moins importants en bio qu’en conventionnel” selon Geoffrey Korsel. Certes, les vaches produisent moins de lait, mais ce dernier se vend un peu plus cher et est meilleur. Si bien que l’élevage serait ainsi bien plus rentable et moins chronophage.
C'est d'ailleurs pour cette raison que Geoffrey Korsel a réussi à dégager du temps pour faire pousser son champ de tulipes.