Une initiative originale a été lancée à Limoges pour mieux dépister l'hépatite C : une équipe du CHU, baptisée Scanvir, se déplace directement auprès des personnes à risques comme les usagers de drogues, qui ne fréquentent pas les hôpitaux. Le principe fonctionne et s'étend maintenant à toute la grande région.
Ce jour-là, l'équipe Scanvir va réaliser une opération de dépistage de l'hépatite C dans un centre d'accueil pour les usagers de drogue. Ces examens qui demanderaient en temps normal plusieurs rendez-vous à l'hôpital seront faits en quelques heures avec une série de tests rapides et un fibroscan pour mesure l'élasticité du foie.
"C'est la forme portable, explique la responsable organisationnelle Scanvir Sandrine François, nous avons la forme gros modèle à l'hôpital. L'avantage de cette forme portable, c'est qu'on peut se déplacer dans les structures où les personnes n'ont pas accès aux soins"
"Bonjour, je vous prie, entrez", dit Sandrine à Sébastien. Le jeune homme est un ancien toxicomane. Après des difficultés personnelles, il a connu la cocaïne et l'héroïne. Il prend aujourd'hui un médicament de substitution. Sébastien a déjà pu être dépisté et soigné pour une hépatite C. Aujourd'hui c'est un rendez-vous de suivi. Ses premières démarches ont été difficiles à réaliser quand il était encore dépendant à la drogue. "Quand on est dans ce monde-là, quand on vit tout ça, on se pose pas de questions et on ne veut surtout pas s'en poser. On a peur des résultats surtout, donc peur d'aller se faire dépister, peur d'apprendre la vérité, peur qu'on vous dise "t'as fait ça et ben maintenant tu as ça"
On estime que 100 000 personnes en France sont atteintes d'hépatite C, une maladie qui peut avoir de graves conséquences, mais qu'on peut traiter en quelques semaines si elle est dépistée. Reste à convaincre de faire la démarche. C'est le rôle de ceux qui connaissent et accompagnent au quotidien les usagers de drogue comme Gaëlle Sow de l’association AIDES Limousin : "C'est un travail en amont, détaille-t-elle, un travail de mobilisation le jour J, de réassurance, d'accompagnement, d'explication aussi. Et puis on fait le lien avec les partenaires, c'est un accompagnement au long cours de la personne ».
Ce sont des patients qui sont stigmatisés dans les structures classiques, ils ont du mal à aller aux rendez-vous, à prendre le rendez-vous. Ils ont très très peur. ils ont des accès veineux parfois difficiles et donc ils ont peur d'avoir des prises de sang douloureuses. Ils ont aussi peur d'avoir des résultats effrayants donc si vous n'allez pas vers eux, ils ne vont pas vers le soin .
Marilyne Debette-Gratien, hépatologue au CHU de Limoges
Lancée à Limoges, l'opération Scanvir s'étend aujourd'hui à toute la Nouvelle Aquitaine. Avec des résultats supérieurs aux attentes. Elle a aussi permis à des patients de renouer avec les soins pour une prise en charge plus globale de leurs addictions.