La reprise des manifestations agricoles en Corrèze, à l'appel de la FNSEA et des JA. Des producteurs ont mené, ce mercredi 13 novembre en soirée, des actions sur plusieurs ronds-points, mais sans blocage. Au niveau national, ce syndicat appelle à une journée nationale d'action dès lundi. La colère porte, cette fois, sur le Mercosur, cet accord de libre-échange entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
Alors que le projet d'accord commercial entre l'UE et le Mercosur est remis sur la table, la grogne monte dans les syndicats agricoles. À Argentat-sur-Dordogne (Corrèze), et sur une cinquantaine de ronds-points dans le département, des messages ont été installés pour dénoncer les menaces que l'agriculture sud-américaine peut représenter.
Pour comprendre les raisons de la colère : nous retrouvons, sur les hauteurs d'Estivals, Stéphane Gorce. L'agriculteur élève dans la commune une centaine de vaches, de race limousine ou montbéliarde. Installé depuis vingt-six ans, il subit les augmentations constantes de normes sur son exploitation. Cet éleveur de quarante-huit ans est très inquiet d'une potentielle arrivée de bœuf brésilien sur le marché français. "Ce qui va être le problème, c'est surtout le consommateur, parce qu'ils vont nous inonder d'une viande beaucoup moins chère à produire, qui n'applique aucun respect environnemental, aucun respect sanitaire", souligne l'éleveur.
Deux visions de l'agriculture
Pour l'agriculteur, cet accord pourrait lier deux visions de l'agriculture qui pourtant s'opposent : "Au Brésil, l'élevage est le premier facteur de déforestation, alors qu'en France, aujourd'hui, on parle de plus en plus d'agroforesterie, de replanter de l'arbre, de replanter de la haie. Sur mon exploitation, j'ai replanté un kilomètre et demi de haie, et je vais en replanter environ un kilomètre cette année."
L'accord entre l'Union européenne et le Mercosur prévoit d'éliminer plus de 90 % des droits de douane. Environ 99 000 tonnes de bœuf par an pourraient entrer en Europe à un taux préférentiel. C'est une situation inacceptable pour les agriculteurs français. En effet, la filière en France est beaucoup plus respectueuse de l'environnement. "Là, on est sur une parcelle de trois hectares et demi. Au Brésil, vous allez peut-être trouver des centaines, voir des milliers d'animaux qui vont être enfermés et nourris d'OGM, alors que c'est interdit en France", s'indigne l'agriculteur.
Ici, les bovins ont accès au pâturage presque toute la journée. Ils mangent de la bonne herbe. Ça n'a rien avoir avec le système brésilien, qui est très, très intensif.
Stéphane GorceEleveur
Une mobilisation nationale dès lundi 19 novembre
Michel Barnier a rencontré la présidente de la Commission Européenne, ce mercredi 13 novembre. La France est l'un des seuls membres de l'UE à s'opposer à l'accord en l'état. Les manifestations pourront se tenir dans les prochains jours, à déclarer Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
"Nous allons reprendre la route à partir de lundi prochain" : @rousseautrocy confirme de nouvelles actions nationales des agriculteurs, mais pas de blocages d'autoroutes. "On n'est pas là pour ennuyer les Français." #le710inter pic.twitter.com/1nGZL88rOR
— France Inter (@franceinter) November 13, 2024
La Coordination rurale de la Haute-Vienne appelle de son côté "tous les agriculteurs" à se mobiliser devant la préfecture de Limoges le mardi 19 novembre 2024.