Lorsqu'on est une personne âgée ne pouvant ou ne voulant plus vivre seul à la maison, des alternatives à l'Ehpad existent : des concepts variés de résidences intergénérationnelles (colocation, jeunesse ou soignants à proximité) fleurissent depuis quelques années, mais ne perdurent souvent pas, pour des raisons administratives ou économiques.
C'est une maison limougeaude de caractère, divisée en cinq appartements flambant neufs. Infirmière puéricultrice reconvertie en femme d’affaires, Sylvie Texeira fait visiter sa résidence à de potentiels locataires qui souhaitent débuter une nouvelle vie. Elle est la promotrice du projet L'Arbre à graines, un projet de résidence intergénérationnelle situé au nord de Limoges.
À l'étage se trouvent des appartements et un espace commun, avec une cuisine et un coin télé. Une crèche va être installée juste en dessous, au rez-de-chaussée, où les tout-petits pourront partager des moments de vie avec les anciens. "Ça va permettre aux enfants d'apprendre comment les personnes âgées ont vécu leur enfance. Et l'enfant apporte beaucoup aux plus âgées," estime Yvette, une visiteuse et amie de la propriétaire des lieux.
Un concept lancé par la Ville de Limoges
Pour un loyer de 1000 euros par mois, chacun est ainsi chez lui sans pour autant être isolé. Reste maintenant à obtenir un agrément officiel pour la crèche. "Les deux extrémités de la vie, c'est quelque chose d'exceptionnel quand on les fusionne", considère Sylvie Texeira.
Dès 2017, la Mutualité française limousine a eu l’idée de faire cohabiter des jeunes et des anciens dans une résidence de cinq appartements, boulevard de la Cité, près de la cathédrale de Limoges. Malheureusement, le concept a été abandonné par la mutualité en 2023, car déficitaire, à cause d’une législation qui a évolué.
"Quand le législateur nous dit que les locataires ne sont plus obligés de prendre la prestation d'accompagnement à la vie sociale, ça vient fragiliser l'esprit du dispositif", souligne Aline Bertin, la directrice du développement de la Mutualité Française limousine.
La résidence inclusive
Dans l’avenue Baudin à Limoges, des personnes âgées résident dans des appartements sécurisés où leur sont proposées des activités plusieurs fois par semaine. "On peut faire ce qu'on veut dans nos appartements. La différence, c'est qu'on a des soins qui sont procurés par Soins et santé, confie Josiane Feuilalrd, l'une des locataires. Si on a un problème quelconque, on fait appel à eux, ils sont en bas et peuvent venir à notre secours."
Ces gens résident dans ce qu’on appelle une résidence inclusive, tout près du centre-ville. Un immeuble a été rénové, et les commerçants du coin ont des clients supplémentaires. "L'idée, c'est de conserver ces populations sur place, les services dont on dispose sur la commune et potentiellement essayer de construire autour de ces habitats une nouvelle vie communale", résume Pierre Mérigaud, directeur de l'innovation du gérontopole de Nouvelle-Aquitaine.
Dans cette résidence inclusive, le concept de l’"intergénérationnel" a été gommé. Peut-être parce qu’il est déjà dépassé.
