Comment dépister le cancer du poumon ? Alors qu'une étude montre une réduction de la mortalité chez les fumeurs dépistés, il est encore difficile de mettre en place un programme fiable. Au CHU de Limoges, de nouvelles techniques se mettent en place.
"Dans toutes les pièces, j'avais des cendriers, on me suivait un peu à la trace, quoi" raconte Michèle Musset, qui pendant des années, a fumé "comme une cheminée". Elle a commencé à une époque où la cigarette était omniprésente, même dans les réunions de travail. "En 1968, tout le monde fumait, sauf moi".
Le cancer du poumon, on en parlait suffisamment pour ceux qui fumaient des cigarettes mais sincèrement, c'est comme pour toutes les maladies : on fume, on sait qu'on peut avoir le cancer, mais on se dit qu'on passera à travers...
Michèle Musset, ancienne fumeuse
Dix ans après avoir arrêté de fumer, Michelle est prise de toux. Un symptôme anodin, mais son médecin généraliste a du flair et il l’envoie au CHU où un cancer du poumon est rapidement détecté. "Aujourd'hui, elle est en rémission, il n'y pas de trace de la maladie", comme l'explique son médecin le Dr Thomas Egenod, pneumologue au CHU de Limoges
La prise en charge précoce a joué en sa faveur. De plus en plus de cancers sont ainsi repérés de façon imprévue. "Dans l'établissement, on en a un tous les 10 jours à peu près, explique le pneumologue, c'est de plus en plus fréquent parce que les malades ont de plus en plus d'examens. Finalement, c'est une chance que ce soit découvert de façon fortuite même si dans certains cas, les malades n'ont aucun symptôme et ils ont quand même déjà une maladie qui a diffusé en-dehors du poumon".
30 000 personnes meurent chaque année du cancer du poumon
La Haute autorité de santé a recommandé début 2022 l’engagement d’un programme pilote pour mettre en place un dépistage organisé. Au-delà du frein psychologique, il est plus compliqué pour les médecins de dépister un cancer du poumon qu’un cancer du sein ou colorectal : les radios sont peu fiables, les scanners trop irradiants, et si on découvre un nodule, il faut être certain de sa dangerosité pour ne pas opérer inutilement. Au CHU de Limoges, les spécialistes expérimentent de nouvelles techniques pour étudier au mieux les tumeurs.
On travaille beaucoup sur les cryobiopsies, une technique où on colle comme un glaçon sur la lésion, ce qui permet de faire des prélèvements de très bonne qualité en dépit d'un endoscope de petit calibre
Dr Thomas Egenod, pneumologue au CHU de Limoges
Il reste encore du travail pour organiser un dépistage fiable. L'enjeu est important : même si de grands progrès ont été faits dans les traitements, le cancer du poumon tue encore 30 000 personnes chaque année.