Auto-école : la plateforme Rendez-vous permis engorgée et des candidats déboussolés en Limousin

Le manque d’inspecteurs pour passer le permis, et l’obligation de s’inscrire sur une plateforme baptisée RDVPermis génère une vraie colère chez les moniteurs auto-école ainsi que chez les élèves en attente de passer leur permis. Le syndicat UNIC appelle à l’embauche de nouveaux inspecteurs pour parer au plus urgent.

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"C’est comme si on nous jetait un os dans l’arène et qu’on nous demandait à toutes les auto-écoles de nous battre pour trouver une place pour nos candidats".  Eric Besse est responsable d’une auto-école à Feytiat, et il est membre du syndicat UNIC, très remonté contre la plateforme lancée par le gouvernement en février dernier et qui est en passe d’être généralisée dans toute La France.

"Cette plateforme pose beaucoup de problèmes, car toutes les semaines il y a des places qui se libèrent tous les jeudis entre 12h et 12h30". Le problème, c’est qu’il y a tellement de clics qu’il y a des auto-écoles qui ont du mal à trouver des places. "Surtout qu’on a droit à 5 places par moniteur pour les examens par mois," s’insurge le moniteur.

"L’ennui, insiste-t-il, c’est que ce sont des projections sur 6 semaines à l’avance : c’est très préjudiciable pour toutes les petites et moyennes structures. Surtout quand on n’a pas beaucoup d’élèves". Et puis même pour former les élèves, les auto-écoles expliquent être incapables de savoir si dans 6 semaines ils seront prêts ou pas. Cela occasionne un dysfonctionnement pour leur structure. "Il y a beaucoup d’élèves qu’on n’arrivera pas à présenter à l’examen comme on le désirerait, à cause des places d’examens que l’on n’a pas au moment où on les voudrait. Et puis financièrement, il y a un important impact pour l’auto-école, mais surtout pour les usagers qui seront contraint de prendre des heures supplémentaires de conduite".

Comment en est-on arrivé-là ?

Même son de cloche chez un autre responsable d’auto-école à Limoges : "la plateforme Rendez-vousPermis reçoit de plus en plus d’inscriptions, notamment des candidats libres. Cet engorgement provoque de sérieuses difficultés pour pouvoir obtenir des dates de passage d’examen", raconte Marc-Aurèle Amoruso, de l’auto-école Gambetta à Limoges. "La plupart des auto-écoles ont deux mois de planning complet, mais avec un gros manque de places, car il y a trop de demandes venant notamment d’autres départements. La liste d’attente pour les passages d’examen par exemple est maintenant repoussée au mois de décembre pour les candidats actuels, sans parler des nouveaux candidats",  s’inquiète le moniteur.

En Haute-Vienne, il y a un réel manque d’inspecteurs. Concrètement, ils devraient être 7 et ils ne sont que 4 pour s’occuper de tout le département. Des renforts viennent parfois de Creuse, mais ce n’est pas suffisant. "Des fois, des inspecteurs se dévouent pour venir le samedi matin, et après-midi pour des examens", détaille Marc-Aurèle Amoruso. "Clairement on ne peut pas continuer comme ça !" prévient-il.

 

Un examen dure une demi-heure à peu près, et "ça arrive souvent qu’on doive faire attendre un candidat", s’exaspère le moniteur, car les horaires des rendez-vous ne se suivent pas toujours. Les candidats ne sont pas convoqués en même temps. "Il y a des matinées où l’on a 8 candidats qui sont planifiés mais qui ne peuvent pas parce que d’autres établissements sont aussi planifiés en même temps entre 8h et 11h", détaille Marc-Aurèle Amoruso.

"La difficulté, c’est que l’inspecteur doit changer souvent de véhicule toutes les demi-heures, ce n’est pas pratique. Avant, c’était avec la même voiture toute la matinée, en fonction du nombre de moniteurs qu’on a," se désole le professionnel.

 

Engorgement de la plateforme

La recrudescence des candidats libres vient aussi engorger la plateforme, ils peuvent s’inscrire directement. Le candidat a la possibilité de louer une voiture à double commande, en présence d’une personne accompagnatrice qui a 5 ans de permis de conduire et un inspecteur est mobilisé pour l’examen. Mais, "souvent, le problème c’est que les personnes ne réunissent pas les conditions, en ayant pas de véhicule, alors qu’ils ont déjà pris un rendez-vous. Et l’inspecteur mobilisé se retrouve le bec dans l’eau, sans pouvoir inspecter," enrage le responsable d’auto-école.

Tous ces changements déstabilisent complètement le planning des auto-écoles.

"Avant, on avait un nombre de place attribuée par la Direction Départementale du Territoire. On faisait la demande chaque mois, pour la semaine et ensuite, quelques jours plus tard, on avait des rendez-vous fixes pour 3 ou 4 candidats. Et c’était plus gérable parce qu’on était fixé," confie, nostalgique un autre responsable d’auto-école. "L’avantage avant, c’était que les places n’étaient pas nominatives et du coup on pouvait avoir toutes latitudes pour caser tel ou tel candidat en fonction de l’avancement dans la formation et de leur disponibilité," ajoute-t-il.

Pression

Aujourd’hui, " nous n’avons guère plus qu’une demi-heure pour savoir quel candidat on va présenter ", se plaint un troisième moniteur. " On a des vraies contraintes car on a jusqu’à midi la veille de l’examen pour se déterminer et verrouiller, le rendez-vous."

"On n’a aucune modification possible", tacle Marc-Aurèle Amoruso. "Pire ! Si jamais on voulait faire des modifications notamment sur les horaires, on ne peut le faire que très peu de fois dans le mois." Ça part d’une bonne intention, concède le moniteur, mais ils ne s’en sortent pas.

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