AVC : cette entreprise innovante travaille sur un dispositif permettant la détection rapide de l'accident vasculaire cérébral

Avec le vieillissement de la population, l’AVC est un fléau qui cause 30 000 décès chaque année et engendre un coût social de six milliards d’euros (huit milliards prévus en 2030). Une start-up de Limoges a été distinguée par un prix lors du concours Silverstars 2023, lancé par la Carsat centre ouest, récompensant sa lutte contre la perte d’autonomie des plus âgés.

Dans leur petit bureau de l'incubateur de nouvelles entreprises d'Esther, Mohammad Ojaroudi et Sahand Rasm sont au chevet de leur machine. Un parallélépipède blanc immaculé doté d'un écran est en train d'être désossé. Les deux chercheurs iraniens travaillent dessus depuis 2017. Alors étudiants à l'institut de recherche Xlim, l'idée leur est soufflée, par des médecins du CHU, d'envisager la création d'un appareil d'imagerie portatif capable de détecter rapidement un accident vasculaire cérébral (AVC). 

Un défi que les deux chercheurs ont décidé de relever. Le besoin est pressant. Les AVC en quelques chiffres, c'est 150 000 cas par an en France et 30 000 décès. Pour 60 000 personnes, l'AVC se conclut par une invalidité.

Un enjeu de taille

Devant son ordinateur, Mohammad superpose les données de trois cartes de France : le nombre d'AVC, l'âge de la population et la durée de prise en charge des AVC. Le centre de la France et les zones montagneuses sont dans le rouge. En Limousin (en Creuse et en Corrèze particulièrement), la population est âgée et donc plus sujette aux AVC qui touchent à 90% des personnes de plus de 65 ans. Double peine, le délai de prise en charge dépasse fréquemment les deux heures.

"Le protocole AVC est un peu compliqué. Vous devez appeler le SAMU. Il prend du temps pour envoyer une ambulance. Il y a un grand manque d'appareil pour les faire les tests. Il faut aller dans une grande ville comme Limoges pour diagnostiquer l'AVC et savoir à quel type d'AVC, on a affaire pour finalement commencer le traitement", explique Mohammad Ojaroudi, président directeur général de Cogniscan.  Les minutes et les heures s'égrènent et avec elles la chance de pouvoir s'en sortir sans séquelles. On perd plusieurs millions de cellules du cerveau chaque minute. 

"Au-delà de trois heures, la prise en charge est plus difficile et plus chère. Au lieu de faire une simple injection pour fluidifier le sang et déboucher les veines, la thrombolyse, il faut avoir recours à la thrombectomie mécanique. C'est plus invasif et on augmente le risque de décès et d'invalidité", confie encore le chercheur. Il ne fait donc pas bon être vieux et faire un AVC dans la campagne limousine...

Détecter pour agir rapidement 

Mohammad et Sahand ont trouvé une solution. Leur machine portative utilise les micro-ondes. Elles sont envoyées dans le cerveau. Sahand s'applique un petit capteur sur la tempe. "On voit sur l'écran que les ondes générées rentrent dans mon crâne. En les injectant dans ma tête et en les captant de l'autre côté, nous arrivons à générer des images du cerveau".

Le résultat est de plus en plus précis. Dans un camaïeu de bleus, jaunes et rouges, une image du cerveau de Sahand apparaît. Le rouge permet notamment de mettre en évidence un épanchement de sang, signe d'un AVC. "Prenons un exemple. Si des symptômes d'AVC sont repérés chez un sénior dans une maison de retraite à la campagne en Creuse. L'équipe médicale arrive, effectue le diagnostic sur place à l'aide de notre dispositif. Il va détecter l'AVC, le caractériser. On peut alors informer les décideurs, les neurologues du CHU pour que soit commencé le traitement sur place, ou bien changer le parcours du patient vers un hôpital qui a les équipements nécessaires".

On peut ainsi se passer de l'étape de l'hôpital secondaire où étaient effectuées l'imagerie et le diagnostic. À la clef, un gain de temps qui permet à l'AVC de ne pas dégénérer et à la personne âgée de s'en sortir sans trop de séquelles et de conserver son autonomie.

C'est précisément grâce aux effets escomptés de leur technologie sur l'autonomie que Cogniscan a reçu le prix décerné par la Carsat. Un gain de visibilité et une récompense assortie de 25 000 euros. Une somme appréciable, mais qui reste symbolique au vu des investissements exigés dans le secteur.

Le scanneur portatif est actuellement en phase de test au CHU pour vérifier son innocuité sur les animaux. Une étape indispensable avant le lancement des essais cliniques sur des patients prévus en 2025. Les chercheurs travaillent également sur la miniaturisation de leur appareil pour pouvoir l'utiliser dans toutes les situations, lors d'accidents routiers causés par des malaises, par exemple. La commercialisation est prévue en 2028.

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