"Bien meilleure" ou "purement comptable", une nouvelle organisation des agents territoriaux en test dans les maternelles de Limoges

Testée cette année dans quatre écoles maternelles de Limoges, la nouvelle organisation du travail des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM), va s'étendre à quatre nouveaux établissements à la rentrée prochaine. Si tout le monde se félicite que ces agents soient déchargés du ménage, les changements suscitent aussi des inquiétudes.

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"10 heures par jour avec les enfants, avec 1/2h de pause, je ne sais pas si je vais tenir", à l'école maternelle Léon Blum de Limoges, cette agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (Atsem), se soumet à la majorité.

Ses deux collègues ont choisi de suivre, à la rentrée prochaine, l'expérimentation menée depuis cette année dans quatre écoles maternelles de Limoges, et que la ville souhaite étendre, sur la base du volontariat des agents. "Je vais le faire, mais à contrecœur", regrette cette dernière.

L'expérimentation consiste à décharger les Atsem de leurs heures de ménage, tâche attribuée à une entreprise privée, pour leur confier la garderie du matin et du soir et ne plus travailler qu'un mercredi par mois. "L'objectif, c'est d'abord de valoriser le travail et le bien-être des Atsem qui se plaignent beaucoup de la fatigue engendrée par les heures de ménage. Cette expérimentation répond aussi à notre difficulté à recruter du personnel périscolaire, et ça offre aux enfants une continuité pédagogique puisqu'ils ont affaire aux mêmes adultes, sur les temps scolaire et périscolaire" précise Vincent Jably, adjoint à la mairie de Limoges en charge de la jeunesse.

Une avancée pédagogique contestée

À l'école maternelle Léon Blum, l'enseignante qui travaille chaque jour dans sa classe avec l'agente, son Atsem, souligne le rôle essentiel de cette dernière : "Elle gère des groupes d'élèves sur des ateliers, elle est force de proposition, elle est aussi essentielle que moi', affirme l'institutrice.

Si elle se réjouit que l'agente soit déchargée de l'entretien des locaux, elle redoute les conséquences de la nouvelle organisation : "Elle va devoir prendre une pause sur le temps scolaire, dans des moments d'apprentissages où normalement, elle est avec moi, ce qui permet de travailler en demi-groupe. C'est une organisation purement comptable, qui permet à la municipalité d'économiser des postes d'animateur, mais ça se fait au détriment de l'accompagnement des enfants, et ça nous met vraiment en difficulté", déclare-t-elle.

La directrice de l'école craint, elle aussi, les conséquences de cette expérimentation, notamment parce qu'il reviendrait aux enseignants de surveiller la sieste des plus petits : "C'est un temps où on décloisonne, l'enseignant des petits prend un petit groupe de moyens ou de grands. C'est aussi un temps où on peut travailler sur des projets pédagogiques. Et pour moi, directrice, c'est aussi un temps où je peux recevoir les parents. Si on doit surveiller la sieste, c'est tout ça qu'on ne peut plus faire".

D'excellents retours d'expérience

Face à l'expression de ces craintes, Vincent Jably se veut rassurant : "Ça nécessite une adaptation au démarrage, une nouvelle organisation. Mais cette organisation est bien meilleure, de l'avis de tous, enseignants comme Atsem, affirme l'élu. Les retours qu'on a eus des quatre écoles ont été excellents : diminution de la fatigue, sentiment de valorisation, personne ne souhaite revenir en arrière".

Un enthousiasme confirmé par une autre Atsem de l'école maternelle Léon Blum. Avant de se déclarer favorable à l'expérimentation pour la rentrée prochaine, elle l'a testée en immersion pendant une semaine à l'école maternelle du Vigenal. Elle en est revenue convaincue : "C'était vraiment plus reposant. Pourtant, on a fait des sorties tous les jours, et normalement, c'est très fatigant. Mais je n'avais pas la pression du ménage à faire en fin de journée. Finalement, j'étais moins fatiguée qu'ici sans sortie, mais avec le ménage". Maman d'enfants en bas âge, elle se réjouit de ne plus avoir à travailler qu'un mercredi par mois, et rapporte, elle aussi, que ses collègues du Vigenal "ne voudraient pour rien au monde revenir en arrière".

Un premier bilan dès les premières vacances

Malgré ces excellents retours, la municipalité ne se montre pas sourde aux craintes exprimées. "Encore une fois, c'est une expérimentation, on y va doucement, ça concernera seulement 8 des 33 écoles maternelles de Limoges à la rentrée prochaine. On va voir comment ça se passe, et peut-être qu'on dira stop, ou qu'on limitera à certaines écoles", affirme Vincent Jably, qui promet qu'un premier bilan sera organisé avec l'ensemble des personnels dès les vacances de la Toussaint. 

Quant au recours à un prestataire privé pour faire le ménage dans ces écoles, l'élu en charge de la jeunesse déclare qu'il s'agit d'une solution "le temps de l'expérimentation", qui sera réétudiée si l'organisation devait se pérenniser. 

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