Pour compenser des stocks de sang en baisse, l'Établissement Français du Sang organise une campagne inédite. Des collectes sont organisées dans des lieux de passage, comme des galeries commerciales, pour sensibiliser et recruter de nouveaux donneurs.
Dans le hall de la galerie commerciale du Leclerc d’Uzurat à Limoges, difficile de manquer la collecte du don du sang en cours. Un panneau de signalisation nous invite à le suivre, là où Colette Dupic vient à notre rencontre.
La chargée de communication de l’Établissement Français du Sang va au-devant des clients de l’enseigne afin de trouver des donneurs. Derrière des rideaux, des professionnels et des gens prêts à sauver des vies comme Michel. Il donne son sang depuis 1972.
"J’ai 71 ans bientôt donc c’est la dernière fois que je peux donner mon sang. J’étais à la SCNF, dans mon entreprise, on m’avait sensibilisé au don du sang. Je passais et j’ai vu l’annonce de la collecte il y a deux jours alors, je me suis dit que je viendrai faire les courses et donner mon sang en même temps."
Pour moi, c’est un acte citoyen. Il y a des gens qui en ont besoin parce qu’ils se font opérer ou parce qu’ils ont des accidents.
Michel, donneur de sang
Comme lui, Cédric donne son sang depuis 15 ans. Mais il y a aussi, les "débutants", ceux que Colette Dupic appelle les nouveaux donneurs et qu’elle espère fidéliser, comme Aurélie, 26 ans.
Je travaille ici. Ce sont mes directeurs qui m’ont parlé de cette collecte. C’est la première fois que je donne parce qu’avant je fumais et je croyais que je ne pouvais pas donner mon sang.
Aurélie, donneuse de sang
Récemment, une collecte avait été organisée dans un autre centre commercial, à Saint-Martial à Limoges. "On essaye de s’installer partout. Ici, c’est dans le hall de la galerie. On a cherché un lieu où il y a beaucoup de passage pour collecter et recruter de nouveaux donneurs", raconte Colette Dupic, chargée de communication de l’Établissement Français du Sang (EFS). Une stratégie cruciale avec les nombreux jours fériés du mois de mai qui ont empêché une collecte suffisante.
1 000 poches de sang en moins en mai 2024 en Nouvelle-Aquitaine
Les périodes de congés ou d’épidémie sont des périodes compliquées pour l’Établissement Français du Sang et le mois de mai est une période sensible. Les nombreux jours fériés empêchent de trouver des lieux où programmer des collectes mobiles. Souvent, elles se déroulent dans les mairies, les administrations, les universités, les entreprises, sauf lors des ponts du mois de mai où beaucoup de ces structures ferment, ce qui entraîne une baisse des collectes. Il est possible de donner son sang dans les centres permanents appelés Maison du don. Mais plus de la moitié des dons se font aujourd’hui lors des collectes mobiles.
"Ce sont environ 1 000 poches qui n’ont pas pu être collectées en mai en Nouvelle-Aquitaine," déclare l’EFS. Pour y remédier, ce service public a lancé une campagne inédite ce mois-ci. Intitulée "Don du sang : En mai, je le fais", 237 collectes sont organisées dans la plus grande région de France dont 32 en Limousin.
Un geste rapide pour soigner : 800 dons par semaine en Limousin
Pour donner, il faut avoir entre 18 et 71 ans et peser plus de 50 kilos. C’est un geste simple qui prend seulement 10 minutes. Pourtant en France, seulement 4 % des personnes en âge de le faire, donnent leur sang. "Tout le monde se sent concerné par le don du sang, mais d’autres priorités passent toujours avant" déplore Colette Dupic.
Pourtant, c’est un geste si utile. Chaque année, 1 million de Français sont soignés grâce aux dons. Le sang sert aux situations d’urgence (hémorragies), aux besoins chroniques (personnes atteintes de cancer, de pathologie du sang) ainsi que pour la fabrication de médicaments.
En Limousin, 800 dons sont recueillis par semaine. En Nouvelle-Aquitaine, on en compte 1 000 par jour et en France, 10 000 par jour.
Besoin important de plaquettes et de plasma
Les plaquettes permettent de sauver la vie de nombreux patients comme ceux atteints de leucémie ou nécessitant une greffe de moelle osseuse ainsi que les patients atteints de cancers traités par chimiothérapie.
Le plasma lui, ou plus précisément certaines protéines contenues dans celui-ci comme les immunoglobulines, permettent de fabriquer des médicaments vitaux pour certains malades. Ces dons sont moins connus. Ils prennent plus de temps mais sont également essentiels, une heure pour un don de plasma, une heure et demie pour un don de plaquettes. Ils peuvent se dérouler dans les Maisons du don.
En France, nous sommes autosuffisants pour soigner les malades. "On prélève ce dont nous avons besoin pour soigner la population" explique Colette Dupic. "Seulement, nous ne sommes pas autosuffisants pour fabriquer les médicaments dérivés du plasma des donneurs de sang. Nous voulons l’être pour éviter de les importer des États-Unis. On veut que ce soient des produits français pour préserver une éthique française avec des donneurs bénévoles et pas des donneurs payés comme aux États-Unis" ajoute-t-elle.
Comment et où donner ?
Donner son sang fait moins mal qu’un tatouage ou qu’un piercing. Il suffit de bien boire, bien manger pour ne pas être en hypoglycémie avant de venir nous voir. Mais, c’est un moment sympa où on discute, on boit le café, on mange une madeleine et on sauve des vies.
Colette Dupic, Chargée de communication Établissement Français du Sang
Pour donner son sang, des collectes mobiles se déroulent chaque jour en Limousin. Il suffit de se rendre sur ce site : https://dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte? pour savoir où elles se tiennent. Vous pouvez aussi vous rendre à la Maison du don de Limoges, Brive ou Guéret qui collectent toute l’année. Les dons de plaquettes ou de plasma se font sur rendez-vous via ces mêmes établissements.