Tué dans un bombardement russe en Ukraine le 1er février dernier alors qu'il y effectuait une mission humanitaire, Adrien Baudon de Mony-Pajol, 41 ans, a grandi à Azat-le-Ris. Les habitants de cette petite commune rurale du nord de la Haute-Vienne pleurent un des leurs. Sa famille, qui vit là, souhaite qu'il y soit inhumé.
"C'était un homme de coeur et un homme attaché à sa terre. Quand il venait, il passait faire un petit bonjour à tout le monde. Les habitants de la commune d'Azat-le-Ris sont effondrés, tout le monde est dépité. Depuis l'annonce de la nouvelle on a du mal à en parler. C'est un enfant de la commune, un enfant du pays". Le maire d'Azat-le Ris Laurent Bregeaud est très ému à l'évocation d'Adrien Baudon de Mony-Pajol.
Scolarisé dans le village en maternelle, Adrien Baudon de Mony-Pajol a poursuivi sa scolarité au Dorat puis à Bellac et Limoges, avant de mener une carrière d'homme d'affaires et spécialiste vinicole. Il collaborait notamment à la revue vinicole internationale, publication spécialisée dédiée aux vins et. spiritueux. . "Il était là régulièrement, il aimait bien venir passer ses vacances ici. L'été dernier nous avons marié sa soeur. Je l'avais rencontré au moment de la célébration à l'église. C'était quelqu'un de très jovial, toujours le sourire, toujours la banane comme on dit chez nous, vraiment un type bien.", se souvient Laurent Bregeaud.
Un acte de barbarie
Adrien Baudon de Mony-Pajol s'était engagé bénévolement pour trois mois avec l'ONG Entraide Protestante Suisse. Parti en Ukraine depuis le début de l'année pour apporter de l'aide humanitaire aux populations victimes de la guerre, il a été tué le 1er février par un bombardement russe. Un deuxième volontaire de l'organisation suisse est mort lui aussi. Quatre autres ont été blessés.
"Une équipe de collaborateurs de l’Entraide Protestante Suisse (EPER) a été victime, jeudi 1er février, d'une attaque brutale que rien ne justifie, alors qu'elle était en mission humanitaire dans le sud-est de l'Ukraine, attaquée vers 14 h 30 durant une intervention humanitaire Deux de nos estimés collègues ont malheureusement trouvé la mort de manière tragique lors de cette attaque" déplore l'ONG Suisse.
Les autorités françaises ont dénoncé un acte de "barbarie" de Moscou. "Les deux victimes ont péri lors d'une frappe sur Beryslav, petite commune située sur la rive nord du fleuve Dniepr, près de la ligne de front" a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
Un acte "lâche et indigne" condamné par le Président français, et le Président ukrainien.
Russian terror knows no boundaries or victims' nationalities. The brave French aid workers assisted people and we will always be grateful for their humanity. My condolences go out to their loved ones. I wish speedy recovery to the others who were injured in this horrific attack. https://t.co/j5LF1Jqp83
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) February 2, 2024
Une enquête ouverte pour crime de guerre
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a indiqué ouvrir une enquête après la mort des deux humanitaires français. Cette enquête est ouverte pour crimes de guerre et atteinte volontaire à la vie d'une personne protégée par le droit international humanitaire notamment. Confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH), c'est la dixième procédure ouverte par le Pnat depuis le début du conflit en février 2022.
La famille d'Adrien Baudon de Mony-Pajol, réunie dans le château familial, ne souhaite pas s'exprimer. "Je leur transmets avec tout le village notre compassion parce que vraiment c'est dur ce qui est arrivé, c'est très dur. Perdre un enfant dans des circonstances pareilles, c'est dur" confie le maire d'Azat-le-Ris.
Les obsèques auront lieu dans la commune. Le corps d'Adrien Baudon de Mony-Pajol devrait être rapatrié dans les jours qui viennent.