Crée en 1922 par Pierre Desnoyers et une dizaine d’amis, la fanfare des Gueules Sèches, symbole s’il en est de Limoges, fête donc cette année son centenaire. Une histoire plus que riche, qui sera fêtée dignement, avec de nombreuses festivités au programme.
L’histoire n’est pas très bien établie…
Était-ce fin 1921 ? Début 1922 ?
Dans un bar ou dans une cuisine parentale ?
Peu importe. « Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende », faisait dire John Ford à l’un de ses acteurs à la fin de « L’homme qui a tué Liberty Valance », en 1962.
Les Gueules Sèches avaient certes alors déjà quarante ans, mais la citation leur va comme un gant, ou plutôt un godet !
Toujours est-il que dans cet après Première Guerre mondiale, les gens ont envient de gaité.
Et c’est pourquoi Pierre Desnoyers, cheminot limougeaud et tromboniste, créait, avec une dizaine d’amis, musiciens et bons vivants comme lui, cette fanfare.
L’objet aurait été de « redynamiser » le carnaval de Limoges, même si leur première se serait déroulée à Saint-Léonard-de-Noblat.
Le nom, lui, serait un double hommage, aux Gueules Cassées de la Grande Guerre et à la fréquentation assidue des estaminets des amis limougeauds.
D’ailleurs, les Gueules Sèches ont pour « sous-titre » la « Division des Bois-sans-Soif » !
Au début, point d’uniforme, aujourd’hui si caractéristique et reconnaissable entre tous.
Les premiers plumeaux apparaissent en 1926, viendront ensuite la jaquette à queue de pie, le petit gilet et les guêtres…
Le succès est immédiat et, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, la troupe se produira une trentaine de fois par an. Sitôt le conflit terminé, les Gueules Sèches reprennent leurs instruments, et ne s’arrêteront plus…
En 1964, les Gueules Sèches « s’internationalisent » !
Sans que l’on sache comment, la ville d’Oviedo, en Espagne franquiste, les connait et les réclame !
Dès lors, en France et à l’étranger, Les Gueules Sèches porteront leurs musiques, leur bonne humeur et Limoges.
Un répertoire qui a d’ailleurs évolué. Aux seules marches et valses des débuts sont venus s’ajouter ragtime, opéras, jazz, rock, variétés et les célèbres chorégraphies.
Dans les années 70, la troupe continue de s'agrandir et se féminise de plus en plus.
À tel point que les premiers mariages apparaissent au sein même des Gueules Sèches !
Une dizaine d’année plus tard, les Gueules Sèches deviennent la « fanfare » du CSP, après que des musiciens en aient eu l’idée lors d’un voyage aux États-Unis.
Lors des premières Coupes d’Europe, ce sont elles qui jouent les hymnes, ce qui vaudra réprimandes et menaces de sanctions au club, qui ne seront toutefois jamais appliquées !
En 1991 naît l’école des Gueules Sèches, qui compte aujourd’hui 35 élèves, ce qui permet de renouveler et rajeunir l’effectif. Pas inutile puisqu’il faut, en formation complète, 65 musiciens et que la troupe se produit peu ou prou tous les week-ends.
Après plus de 1 300 prestations au compteur, de quoi jouer deux jours de suite sans jamais reprendre le même air, et près de 12 fois le tour de la Terre en chorégraphies, les Gueules Sèches ne sont toujours pas rassasiées.
Pour fêter dignement leur centenaire, les Gueules Sèches ont sorti un livre sur leur histoire, avec Franck Linol, une cuvée de champagne en édition limitée (avis aux placomusophiles…), une grande tournée haut-viennoise en 13 dates, débutée en mars et qui s’achèvera en octobre, bien d’autres surprises, sans oublier une grande soirée d’anniversaire, le 7 mai prochain au Parc des Expositions de Limoges, à la veille de la Cavalcade de Printemps de la ville, à laquelle les Gueules Sèches participeront, bien entendu.
Quant aux 100 prochaines années…
Seule certitude, les Gueules Sèches auront toujours soif de musique, de bonne humeur, de convivialité et évidemment… de quelques godets !