Un préavis de grève des personnels soignants des urgences du CHU de Limoges vient d'être déposé par la CFDT-Santé-Sociaux pour le 15 juin 2021. D'autre part, l’ensemble du personnel des urgences du CHU de Limoges, vient de faire part de son droit d'alerte à la direction de l'hôpital.
93 soigants travaillent actuellement au service des urgences du CHU de Limoges. Selon la CFDT, il manque au minimum 10 à 15 personnes. Et pas pour le confort des salariés, mais tout simplement pour la sécurité des patients.
"Nous sommes extrêmement inquiets. Moi je suis infirmière depuis 33 ans et aujourd'hui je ne me vois pas emmener mes parents aux urgences du CHU de Limoges. Pourtant je l'aime cet hôpital, mais je ne l'ai jamais vu aussi mal", déplore Fabienne Deconchat, secrétaire départementale de la CFDT Santé.
Un constat qui pousse aujourd'hui l'ensemble du personnel des urgences du CHU de Limoges à exercer son droit d'alerte : "Nous, personnel soignant du service des urgences alertons sur nos conditions de travail qui ne permettent plus d'assurer la sécurité des professionnels et des patients, en lien avec un manque crucial d'effectifs, lors des pics d’activités."
Il y a tout juste une semaine (01.06.2021) Jonathan Faugère (CFDT CHU Limoges) nous parlait des conditions d'accueil au sein des urgences de Limoges lors d'un pic d'activité. Quelques jours avant le service avait accueilli 164 patients en 24 heures : "On ne pouvait pas passer, les brancards étaient les uns contre les autres. [...] Des patients attachés, marqués parce qu'ils sont attachés depuis plusieurs jours. On avait des patients qui étaient là depuis cinq jours."
"Cinq jours aux urgences, c'est impensable", renchérit aujourd'hui Fabienne Deconchat. "le service des urgences est un service de passage. Il n'a pas pour vocation de garder les patients. S'ils ont besoin d'une hospitalisation les patients doivent être redirigés vers les autres services de l'hôpital. Le problème c'est que des lits ont été fermés partout et il n'y a plus de place nulle part."
De son côté la direction de l'établissement est bien consciente du problème. Le 1er juin, le directeur adjoint du CHU, Jean-Chrisophe Rousseau annonçait que "la situation actuelle du service des urgences, où il y a un nombre élevé de patients en attente d'hospitalisation, nous conduit à réunir l'ensemble des chefs de services pour leur demander de déprogrammer des patients pour pouvoir offrir des lits et hospitaliser les patients en attente aux urgences."
Le préavis de grève reconductible du personnel des urgences du CHU de Limoges, déposé pour le 15 juin de 10h à 11H, ne vise pas réellement la direction de l'hôpital, mais en premier lieu les méthodes gouvernementales dans la gestion de l'hôpital public. "Nos directeurs sont assujettis à faire des coupes budgétaires, la méthode employée par le gouvernement vise à sabrer l'hôpital public. Or cet hôpital on en a tous besoin."
Pour Sylvain Palat, porte parole du collectif inter-hôpitaux, des situations similaires sont vécues dans d'autres hôpitaux publics en France : "Moi je me sentais abandonné avant le Segur de la santé, maintenant je me sens floué, c'est différent. On nous a vendu du rêve."
"On a besoin d'effectifs supplémentaires, tous simplement pour pouvoir soigner les gens. Pour avoir le temps de s'occuper des malades. Aujourd'hui les soignants sont comme des robots. Et ça c'est la vraie vie, c'est ce qui se passe réellment aujourd'hui", conclut Fabienne Deconchat.