Jérôme Commandeur a tourné une partie de son deuxième film à Limoges (Haute-Vienne). "Irréductible" raconte l'histoire d'un fonctionnaire limougeaud qui refuse de quitter son poste. Le film sort en salles le 29 juin.
Vincent Peltier, votre personnage, est fonctionnaire aux Eaux et forêts à Limoges. Il est poussé à la démission par le ministère de la Fonction publique. Mais votre personnage refuse et va donc se faire muter à de nombreuses reprises. Pourquoi avoir décidé de tourner une partie du film à Limoges ?
Il fallait que je démarre dans un coin où il fait bon vivre, une France un peu rêvée, éternelle, comme une madeleine d’enfance. J’avais sélectionné quelque coins et je me suis souvenu, que quand j’ai démarré dans ce métier il y a 25 ans – j’étais très jeune, j’avais 20 ans, je faisais des petits canulars dans une radio de Limoges, RLS. Les plus anciens s’en souviennent peut-être, de la radio, pas de mes canulars. C’était un clin d’œil à mes débuts.
D'ailleurs, vous aviez l'air vraiment ému à l'avant-première au cinéma Ester de Limoges.
Voir des gens qui viennent voir le film en avant-première, et qui prouvent par ce geste qu’ils s’intéressent profondément à votre travail. Une centaine de figurants qui avaient joué dans le film étaient présents. C’est un peu comme la fin d’une colonie de vacances. C’est une page de notre histoire qui se tourne.
Dans le film, les spectateurs pourront retrouver de belles têtes d'affiche... Par exemple Christian Clavier, qui joue un leader syndicaliste.
C’est la première fois que Christian joue un rôle de gauche. Il est entré dans le local CGT, on aurait dit un gamin au Louvre (rires). Et j’aime bien les contre-pieds. Il y a par exemple une très belle déclaration d’amour à la France de Depardieu, qui a un rapport un peu contrasté avec notre pays. Gérard Darmon joue le ministre de la Fonction publique, un peu libidineux, un baron de la politique un peu vicieux. J’ai voulu aller dans plein de familles de comédiens, et surtout prendre des monstres sacrés qui ont tout fait au cinéma. Ça a été un bonheur à diriger.
Votre personnage se retrouve dans une situation peu commune : il va débarquer au Groenland. Qu'est-ce qui l'a amené à cet endroit ?
Il va protéger les chercheurs d’une base scientifique des attaques d’ours, le job le plus difficile qu’on ait pu trouver pour lui. Et c’est d’ailleurs Valérie Lemercier, la patronne de la base qui l’accueille. À partir de ce moment-là, le film part définitivement en comédie d’aventure parce qu’il va rencontrer l’amour, partir en Suède…
Comment qualifierez-vous l'humour de votre film ?
C’est totalement une caricature. On est au pays de Molière, de Pierre Dac, de Desproges, de Coluche : la satire, la causticité font partie de notre patrimoine. Mais une fois qu’on a dit ça, c’est important de dire que ce sont des gens qui travaillent dur, qui font fonctionner le collectif. Ils exfiltrent nos ressortissants d’Ukraine ou réparent les pylônes. Au premier rang, on retrouve les soignants. C’est ce que j’aime avec l’humour, on charrie et en même temps, on tire un coup de chapeau et on dit merci.
L'environnement est d'ailleurs évoqué en sous-texte dans votre film.
Ça m’a paru plus qu’important, naturel. Comme il est muté au Groenland, on ne peut plus filmer le Groenland ou en parler comme il y a dix ans. En cette période de chaleur, il faut raconter que là-bas qu’il fait 25 degrés, parfois 28 en Sibérie. L’idée, ce n’est pas du tout d’avoir une morale ou une leçon. Si certains voient dans ce film une comédie légère, c’est très bien. Et si certains veulent s’emparer de certains arguments et que ça infuse dans la tête, c’est très bien aussi.