Capteurs de glycémie en temps réel, pompe à insuline connectée, la technologie fait évoluer et améliore la prise en charge du diabète insulino-dépendant. 100 ans après la 1ere injection d'insuline au Canada, témoignages en Limousin sur l'évolution des techniques.
Il y a 100 ans, le 11 janvier 1921 était effectuée la toute 1ere injection d’insuline au monde, à un jeune patient canadien Depuis, ce traitement a révolutionné la prise en charge du diabète insulino-dépendant. Le nombre de diabétiques sous traitement est estimé en France à 3,5 millions de personnes, parmi elles, 10% sont touchés par le diabète de type 1 (Insulino-dépendant). Les 3 départements du limousin sont les plus touchés par la maladie en nouvelle-aquitaine.
Catherine Allabrune Brasseur - ancienne présidente de l’AFD 87-23
« Il y a 50 ans, il fallait faire bouillir les aiguilles, les passer au papier de verre, et puis aussi faire bouillir les seringues en verre. On n'imagine plus ça. Moi, quand j’ai commencé à me traiter les seringues en plastiques sont arrivées, ensuite, les aiguilles soudées à la seringue, ça c’était très pratique. La grosse révolution, après c’était les stylos injecteurs, avec les aiguilles qu’on visse au bout
En l’espace de quelques décennies, la prise en charge du diabète a évolué, avec une amélioration des techniques et des dispositifs disponibles pour que les malades puissent, plusieurs fois par jour, s’injecter de l’insuline. La même évolution a eu lieu pour le contrôle de la glycémie.
Autrefois, on contrôlait la glycémie dans les urines, avec des tubes de verres avec la liqueur de Fehling, on faisait bouillir ça sur la gazinière !
Ensuite ça a été seulement les gouttes d’urines, sur des petites pastilles qui changeaient de couleur, je me souviens quand c’était violet, c’était un pic de glycémie. Après on a pu avoir la glycémie au bout des doigts, en se piquant, ça a vraiment été une révolution. Et puis aujourd’hui, c’est encore différent, avec les capteurs de glycémie, c’est plus précis et plus rapide. Cela a énormément évolué».
Anne CONSTANTY – présidente de Diabheureux 87
C’est mon fils qui est atteint d’un diabète de type 1, il a 12 ans. Louis a été diagnostiqué quand il avait 22 mois. Ça nous est tombé dessus comme la foudre sur un arbre. Il est sous pompe à insuline, avec un capteur de glycémie qui communique avec la pompe.
A chaque repas, il faut réguler. C’est pas vraiment devenu une habitude, parce qu’on ne s’habitue pas, mais on fait face, sans relâche. Les fêtes noël, ce n’est pas facile. Celles-ci ont été assez terribles, avec juste de petits excès, ça a des conséquences. Et puis en plus de l’alimentation, il y a l’état général et même les émotions du moment.
C’est une maladie qu’on peut gérer, mais il n’y a pas de pause, pas de répit.
Pour un enfant, en particulier, c’est dur de se priver de petits plaisirs au quotidien, et de se dire que cela peut engendrer des difficultés dans le futur. Si on caricature, c’est se dire qu’un bonbon par-ci par-là, ça pourrait signifier des lésions sur les petits vaisseaux sanguins dans 20 ans.
Louis a un capteur sur lui 24h sur 24. Une sorte de patch ovale, qui communique avec sa pompe à insuline. Le système suit en continue les variations de glycémie et c’est sur téléphone aussi. On a une appli particulière pour suivre à distance ce qui ce passe. On ne peut rien faire directement, mais c’est rassurant.
La nuit, c’est aussi pratique pour avoir une alerte, car beaucoup de parents, cela a été mon cas, on se réveille 25 fois dans la nuit pour savoir ce qui se passe ….et ce n’est pas le mieux. Ces capteurs c’est un énorme progrès pour les diabétiques et pour les personnes aidantes. Les glycémies sont transmises au médecin, on peut faire des points par mail quand il y a des choses bizarres.
Quand il est en hypo, la pompe s’arrête automatiquement, c’est formidable, en particulier pour les hypoglycémies nocturnes
Ça fait un an maintenant qu’il a ce capteur. La pompe injecte de l’insuline en continue, avec un débit de base. Ensuite au moment de manger, il agit directement en fonction des glucides prévus pour le repas. Il porte le dispositif dans une petite sacoche en bandoulière sous les vêtements, d’autres vont le porter à la ceinture. Il y a encore des tubulures, et il faut dormir avec, et puis, il a un cathéter, en sous cutané, une petite canule qu’il faut changer tous les 3 jours.
Il y a une accélération technologique, mais il ne faut pas que cela devienne obsessionnel, il ne faut pas regarder toutes les 10 secondes la glycémie. La prochaine étape, ce sera « la boucle fermée », capteur-pompe-régulateur, il y a déjà des tests, les hyper et les hypo, tout est géré en automatique. C’est déjà en test, ça devrait arriver.
Moi si mon fils devait se piquer 3 ou 4 fois tous les jours, ce ne serait pas possible
Il y a aussi des gens qui refusent ces évolutions, ils préfèrent les piqures, parce qu’on n’a pas à porter le matériel sur soi. Mais beaucoup de parents sont contents de cette technologie, c’est extrêmement efficace. Il y a bien des injections mais de manière épisodique. J’ai eu l’occasion de voir du matériel ancien, c’est terrifiant, et puis surtout, dans les années 50, les enfants restaient à l’hôpital !
Nicole Thomas – Présidente AFD 87 23
J’ai un diabète de type 2, j’ai pris des médicaments, longtemps, mais cela n’a pas suffi. Aujourd’hui je suis à 4 injections par jour, 3 insulines rapides et une 1 lente et mon diabète est bien équilibré.
J’ai commencé par des seringues traditionnelles et les tests au bout des doigts, maintenant j’ai un « freestyle libre », un petit capteur de la taille d’une pièce de 2 euros, qu’on applique sur le bras, un filament rentre sous la peau et on passe un lecteur devant pour avoir la glycémie. Je l’ai depuis 2017, et c’est remboursé depuis juillet 2017 par la sécurité sociale, et ça c’est donc largement diffusé.
Entre l’insuline des débuts, il y a 100 ans, et aujourd’hui, l’évolution est formidable
Pour les injections, on a désormais des aiguilles de 4 mm, rien à voir avec ce qu’on a connu dans le passé. En plus des injections quotidiennes, je prends aussi un autre type d’insuline une fois par semaine, qui régule appétit et transit, pour une régulation à long terme.
Entre l’insuline des débuts, il y a 100 ans, et aujourd’hui, l’évolution est formidable, avec une nuance de taille, cela reste une maladie contraignante, une maladie non-stop. La prochaine évolution, ce serait de pouvoir guérir la maladie.